Kumiho | [Park Jimin]

Chapitre 26

Ha-Neul se tourna entre les draps. Elle y était trop bien installée pour se lever, il y faisait juste assez chaud et le lit était confortable, mais sa tête lui faisait affreusement mal. Elle ne se souvenait de rien. Ni de ce qu'elle avait fait la veille, ni de l'endroit où elle se trouvait. Elle n'avait conscience que d'une seule chose ; sa faim. L'excès de salive dans sa bouche l'obligeait à déglutir pratiquement toutes les secondes. Comme un reflexe pour survivre, ses sens s'éveillèrent à son insu, et à peine eut-elle humé le parfum d'un homme, entendu un cœur battre, sentit du sang affluer dans des veines, qu'elle se transforma partiellement.

Mange !

Mais elle eut tout juste le temps d'ouvrir les yeux avant qu'une main ne recouvre sa bouche et son nez, pour ensuite la tirer hors du lit. Ha-Neul se débattit, mais quelqu'un la traina dans le couloir, et le monde autour disparut. Son cœur battait trop fort dans ses oreilles. Elle avait perdu sa proie, elle avait perdu sa seule chance de vivre. 

Tu vas mourir !                            Tue-le !                                            Mange !

          Bats-toi !                                     Mange !                                    Tu vas mourir !

Tue-le !                                                     Vite !                                          Mange !

︶︶︶︶︶︶︶ ₊˚ˑ༄

Jungkook ouvrit lentement les yeux, alors qu'un bras s'enroula autour de lui pour le serrer tendrement. Encore dans le gaz, le brun se laissa d'abord faire, ravit de l'étreinte qu'on lui offrait dès le matin. Mais très vite, son cerveau se réveilla et il se rendit compte qu'il n'avait pas dormi avec Ha-Neul. L'étreinte était différente, pas assez forte, et le bras qui l'enlaçait était trop musclé. Il n'arrivait pas à se souvenir de la fin de la soirée, du moment où il était partit se coucher. 

Les sourcils froncés, il prit appui sur son coude et se retourna pour découvrir Taehyung. Quelques flash de la veille traversèrent son esprit, mais rien de très concret à propos d'Ha-Neul. Pourtant, un étrange pressentiment le poussa à se lever pour la chercher. En prenant garde à ne pas réveiller son aîné, Jungkook quitta le lit, puis la chambre, pour s'aventurer dans les couloirs déserts de l'appartement de Seokjin. Le soleil semblait déjà bien haut, mais tout le monde dormait encore. 

Il s'approcha d'une première porte, et l'ouvrit lentement par peur de réveiller ceux qui dormait de l'autre coté. Il passa sa tête dans l'ouverture, et referma vivement la porte après avoir reconnu Miyeon et Dahyun. Il réitéra l'opération avec la pièce d'en face, tombant cette fois-ci sur Seokjin et Namjoon. Dans un soupir las, il avisa les deux dernières portes. Une chance sur deux de tomber sur la bonne. Alors qu'il s'approchait de la première, une plainte étouffée attira son attention sur la deuxième. 

Jungkook entra dans la chambre, et son sang se glaça. Allongée à côté de Jimin, Ha-Neul s'agitait de douleur. L'instant d'après, ses attributs de kumiho se manifestèrent, et Jungkook se précipita sur elle pour la faire sortir. Une main sur sa bouche pour éviter qu'elle ne réveille qui que ce soit, il la tira hors de la pièce. Mais plus il s'éloignait, plus elle se débattait. Elle avait faim.

"Noona, s'il-te-plait... Souffla-t-il, désespéré.

La renarde usa de toutes ses forces pour se libérer, et Jungkook dû la plaquer contre un mur pour essayer de lui parler en face. La respiration erratique, Ha-Neul le fixait les yeux écarquillés et les pupilles réduites en fentes.

- Ha-Neul arrête ! S'ils t'entendent... ça- ça sera trop tard. Tenta-t-il de raisonner.

Mais Ha-Neul n'entendait pas. Un grognement s'éleva du fond de sa gorge, et, comprenant qu'il n'arriverait à rien en discutant, Jungkook puisa dans ses dernières forces pour la jeter dans la salle de bain derrière lui. Il entra à son tour et referma la porte. Lorsqu'il se retourna vers son aînée, elle s'était relevée, totalement transformée, prête à se jeter sur lui. On lui avait appris à gérer se genre de crise lors de sa formation, mais il n'avait encore jamais eu l'occasion d'y faire face pour de vrai.