Kumiho | [Park Jimin]

Chapitre 27

Le foie offert par Rutchanee et rapporté par Miyeon avait redonné des forces à Ha-Neul. Elle se sentait désormais pleine d'énergie, et de très bonne humeur. Malgré tout, elle avait décidé de laisser Jungkook chez Seokjin, comme prévu, se sentant encore coupable de ce qu'il s'était passé. Elle avait passé le reste de l'après-midi avec Miyeon, à discuter de tout et rien. Lorsque la jeune femme est allée en cuisine pour préparer le dîner, Ha-Neul en a profité pour écrire à sa sœur et la remercier pour son aide. 

Les deux femmes étaient ensuite passées à table, buvant en guise de dessert un bouillon pour faire passer le restant de leur gueule de bois. Ha-Neul avait installé Miyeon dans la chambre d'invité, puis s'était assise à la fenêtre de sa chambre, d'où elle pouvait voir les lumières de Busan. Désormais seule avec ses pensées, elle tenta encore et encore de se souvenir de la fin de ce réveillon de Noël, mais impossible. Les dernières images, bien que floues, remontaient au karaoké, peu de temps après l'ouverture des cadeaux. 

Les siens étaient d'ailleurs restés chez Seokjin. Elle n'en avait que peu de souvenirs, un collier, un hanbok et, un parfum ? Pas sûr. Bien que ses souvenirs ne soient plus très net, Ha-Neul avait passé une soirée incroyable. Elle aurait aimé que ça continue, elle aurait adoré se réveiller le lendemain, se plaindre avec les autres de son mal de crâne causé par trop d'alcool, discuter de ce qu'il s'était passé durant la soirée, et en rire. Mais au lieu de ça, sa nature avait repris le dessus. Lui rappelant qu'elle n'était pas comme eux, qu'ils n'étaient rien d'autre que ses proies.

Et pour la première fois de sa vie, Ha-Neul détesta ce qu'elle était. Elle détesta sa mère pour l'avoir mise au monde, elle détesta ses sœurs qui tuaient sans se soucier de ce que pouvait ressentir leur victime, elle détesta ces lois qui l'empêchaient d'aimer. Mais d'aimer qui ? Elle n'en était pas sûre. Elle secoua la tête pour effacer ces pensées dangereuses et quitta la fenêtre pour rejoindre son lit. Elle avait trop réfléchi, ces pensées n'étaient pas les siennes. Elle ne détestait pas sa mère, ni ses sœurs, ni sa nature. 

Ha-Neul s'enfouit sous ses draps, où elle repoussa ses idées idiotes au fin fond de son inconscient, pour se concentrer uniquement sur de bons souvenirs, qui la conduiraient au pays des rêves. Cette nuit là, son rêve fut parfumé d'une douce odeur de pin.

︶︶︶︶︶︶︶ ₊˚ˑ༄  Flashback - ??? ans plus tôt - Royaume des Esprits

Ha-Neul suivait timidement la servante à travers le couloir. Son cœur battait un peu plus vite que d'habitude, et son ventre se tordait d'angoisse. Depuis quelques jours, ses rêves étaient hantés par la vision de la punition d'Anzu, à laquelle elle avait clandestinement assistée. Et voilà que sa mère la convoquait, de quoi rajouter un peu plus de poids dans le sac de ses problèmes. Lei et Rutchanee n'avaient pour l'instant pas été convoquées, ce qui la rassurait légèrement sur la raison de cette convocation surprise.

La servante lui ouvrit la porte vers les jardins, et Ha-Neul sortit.

"Sa Grâce vous attend près du pavillon des Nouvelles âmes." Informa-t-elle.  

La fillette acquiesça et traversa les allées dans la direction indiquée. Cette partie des jardins était interdite aux servantes, et les renarde les plus jeunes étaient défendues de s'y rendre, sauf accord de leur mère. Ces règles existaient pour diverses raisons, notamment le fait que, dans le pavillon des Nouvelles âmes, se trouvaient les œufs de kitsune. C'était ainsi qu'Ha-Neul et toutes ses sœurs étaient nées. Leur mère se nourrissait des âmes récoltées par ses filles lors de chaque cérémonie, et de leur énergie, elle était capable d'en produire de nouvelles; de futures kumiho.

Personne ne savait réellement comment ça se passait. Est-ce qu'elle pondait vraiment des œufs ? Ou est-ce qu'elle les créait ? Tout ce qu'elles savaient, c'était qu'une âme de kitsune n'équivalait pas à celle d'un homme. Ce n'était en rien une réincarnation. L'âme de l'homme était détruite une fois ingérée par la matriarche. Il y avait toujours moins d'œufs, que d'âmes rapportées. Mais les détails restaient également un mystère pour tous.