Le temps semblait s'étirer à l'infini. Chaque minute passée dans cette chambre d'hôpital devenait une épreuve pour Eryx. Les jours n'avaient plus de sens. Il n'y avait plus de distinction entre le matin et le soir, entre la lumière du jour et l'obscurité de la nuit. Tout ce qu'il voyait, tout ce qu'il ressentait, c'était cette pièce blanche et aseptisée, et Nyx, allongée, immobile, prisonnière de ce coma artificiel.
Les machines qui bipaient autour d'elle, les tuyaux, les perfusions, tout cela le rendait malade. Chaque bruit était un rappel constant que sa Nyx, cette femme si forte, était maintenant suspendue entre la vie et la mort.
Eryx passait la plupart de son temps à ses côtés, s'asseyant sur la chaise en plastique dure, regardant son visage endormi, espérant qu'à tout moment, elle ouvrirait les yeux, qu'elle se réveillerait, qu'elle lui lancerait un de ses regards malicieux, ce regard qui l'avait toujours fait craquer. Mais chaque jour était le même. Le silence. L'attente.
Il avait cessé de compter les jours, mais son cœur lui, comptait chaque seconde. Chaque battement lui semblait une torture. Il se sentait perdu, brisé, incapable de l'aider. Et cette impuissance le détruisait.
"Nyx," murmura-t-il une fois de plus, sa voix à peine audible dans le calme oppressant de la pièce. "Je suis là. Je suis toujours là."
Sa main tremblante glissa sur la sienne, aussi froide que les draps qui la recouvraient. Il caressa doucement sa peau, cherchant un signe de vie, un mouvement, une réaction. Mais il n'y avait rien. Juste ce silence de mort.
Eryx déglutit, ses yeux se fermant sous le poids de la fatigue et de la douleur. Il voulait tant lui parler, lui dire tout ce qu'il avait gardé en lui depuis si longtemps. Chaque fois qu'il la regardait, il était submergé par le regret, par ce qu'ils n'avaient jamais eu le temps de se dire, par les rêves qu'ils avaient à peine commencés à réaliser.
"Je te l'avais promis, pas vrai ?" reprit-il doucement, sa voix cassée par l'émotion. "Je t'avais promis qu'on vivrait cette vie ensemble. Et je te promets encore, je vais te l'offrir. Tu entends, Nyx ?"
Il s'arrêta un instant, luttant contre les larmes qui menaçaient de couler. L'homme qu'il était, cet homme dur, froid et implacable, se désagrégeait face à cette réalité : il pourrait perdre la femme qu'il aimait. Il la perdait un peu plus à chaque seconde.
"Je vais t'acheter ce ranch," dit-il finalement, sa voix tremblant légèrement. "Celui dont tu rêvais depuis que tu étais gamine. Je me souviens encore de la première fois où tu m'en as parlé. Tes yeux brillaient tellement... C'était tout ce que tu voulais."
Il ferma les yeux, se souvenant de ce jour. Ils avaient parlé tard dans la nuit, allongés sur le toit d'un bâtiment abandonné, regardant les étoiles, Nyx s'était confiée, plus vulnérable qu'il ne l'avait jamais vue. Elle lui avait raconté ce rêve d'enfant, ce rêve d'une vie loin de la violence, loin des clans, une vie de paix.
"Je te l'achèterai," murmura-t-il encore une fois, comme une promesse, une prière. "Je te l'achèterai, et on aura des chevaux, des grands champs rien que pour nous. On passera nos journées à galoper ensemble, et le soir, on regardera le coucher de soleil. Juste toi et moi."
Il sentit sa gorge se serrer, mais il continua, incapable de s'arrêter.
"Et on vieillira ensemble, tu entends ? On passera nos journées à se chamailler pour des conneries, comme des vieux fous. Mais c'est ce que je veux, Nyx. C'est tout ce que je veux."
Il s'interrompit, baissant les yeux vers leurs mains entrelacées. "Mais tu dois te battre pour ça. Tu dois revenir."
Les mots devinrent plus difficiles à prononcer, chaque phrase lui coûtait un peu plus. Il sentait le désespoir s'insinuer dans chaque recoin de son être. Il ne pouvait pas la perdre.
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Ashes of Retribution
RomanceCeux qui ont tout perdu sont ceux qui n'ont plus rien à craindre, ni à perdre