Chapitre 24

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Le froid de la nuit s'infiltrait à travers les vêtements de Nyx, mais elle n'en sentait rien. Ses pensées tourbillonnaient dans sa tête, envahies par un chaos indescriptible. Chaque pas qu'elle faisait, chaque mouvement de son corps était un écho à la douleur profonde qui la dévorait de l'intérieur. Sa gorge était nouée, son souffle saccadé, mais elle refusait de céder aux sanglots qui menaçaient de l'étrangler.

Elle marcha à grands pas dans les ruelles désertes, jusqu'à ce qu'elle trouve un recoin sombre, loin de tout et de tous. Là, seule, elle sentit enfin la rage monter en elle, une rage qu'elle n'avait jamais ressentie aussi intensément. Elle avait tout perdu, et la réalité de cette perte la frappait comme un coup de poignard.

Sans crier gare, elle se mit à frapper les murs qui l'entouraient. Ses poings s'écrasaient contre les briques, encore et encore, sans répit, sans réflexion. Chaque coup qu'elle donnait était un cri de colère, un hurlement silencieux contre l'injustice du monde. Le sang gicla de ses jointures, mais elle ne s'arrêtait pas. La douleur physique n'était rien comparée à l'enfer émotionnel qui la consumait.

— "Putain de vie !" hurla-t-elle, sa voix brisant le silence oppressant de la nuit. "Pourquoi moi ?! Pourquoi tout ça ?!"

Les murs ne répondaient pas, mais elle continuait de frapper, comme si la violence brute pouvait lui faire oublier le trou béant qui venait de se creuser en elle. Sa poitrine se soulevait, haletante, et chaque coup contre la brique lui arrachait un cri plus désespéré que le précédent.

Elle s'arrêta enfin, à bout de souffle, ses mains ensanglantées retombant le long de son corps. Elle tremblait, le visage déformé par la douleur et la rage, et elle laissa tomber ses genoux au sol, frappant la terre battue de ses poings rouges. Tout autour d'elle semblait s'effondrer, et elle n'avait plus rien à quoi se raccrocher.

Elle posa enfin son front contre le sol, des sanglots muets secouant son corps. Les larmes qu'elle retenait depuis si longtemps commencèrent à inonder ses joues, mais elle les accueillit. Elle était seule, personne pour la voir craquer, et c'était là sa seule délivrance.

Le monde entier lui semblait contre elle. Tout ce pour quoi elle s'était battue, tout ce qu'elle avait cru pouvoir construire, était réduit en cendres. Ses enfants n'étaient plus, son corps la trahissait, et elle se sentait prisonnière d'une vie qui ne lui appartenait plus. Il n'y avait plus de futur, rien à espérer, rien à sauver.

Elle serra les poings à nouveau, mais cette fois, c'était un geste d'impuissance. Elle avait beau frapper, beau hurler, rien ne changerait. Le monde continuait de tourner, indifférent à sa souffrance, et elle restait là, seule, face à l'immensité de son désespoir.

Elle n'entendit pas tout de suite les pas derrière elle. Arès, qui l'avait suivie à distance, observait en silence, son cœur lourd de peine en voyant sa sœur brisée. Il savait qu'elle ne voulait voir personne, qu'elle cherchait à fuir tout le monde, mais il ne pouvait la laisser seule dans cet état.

Il s'approcha lentement, ses bottes faisant craquer les gravillons sous ses pieds. Nyx, encore à genoux, releva enfin la tête, ses yeux rouges et humides se posant sur lui. Mais elle ne parla pas tout de suite. Elle était trop épuisée, trop anéantie pour l'affronter.

— "Qu'est-ce que tu fais là, Arès ?" murmura-t-elle, sa voix tremblante, éraflée par les cris qu'elle avait poussés. "Va-t'en... tu ne peux pas me sauver."

Arès, sans un mot, vint s'asseoir doucement à côté d'elle, laissant la nuit les envelopper tous les deux. Il ne chercha pas à la toucher, ni à la regarder. Il était simplement là, avec elle, présent, comme il l'avait toujours été. Son regard fixé sur l'horizon, il la laissait reprendre son souffle, sachant que la tempête de ses émotions n'était pas encore passée.

— "Je ne suis pas là pour te sauver," répondit-il après un long moment, sa voix calme, empreinte de tristesse. "Je suis juste là pour toi. Comme je l'ai toujours été."

Nyx détourna les yeux, incapable de soutenir son regard. Ses mains tremblaient encore, et elle porta les poings ensanglantés à son visage, tentant de cacher les larmes qui coulaient toujours. Mais elle savait qu'elle ne pouvait pas lui cacher son état. Arès voyait tout, comme il l'avait toujours fait.

— "Ça ne sert à rien," murmura-t-elle, sa voix brisée par les sanglots. "Je suis finie, Arès. Il ne reste plus rien de moi. Ils m'ont pris mes enfants... mon corps... tout."

Arès ne répondit pas immédiatement, laissant le silence combler l'espace entre eux. Il savait que les mots étaient vains face à la détresse de Nyx, mais il ne pouvait la laisser sombrer sans rien faire.

Il posa enfin une main sur son épaule, légère, mais solide, une présence rassurante dans sa tourmente.

— "Tu es encore là," dit-il doucement. "Tu es encore toi, même si tu ne le vois plus."

Nyx secoua la tête, un rire amer lui échappant.

— "Je ne suis plus rien, Arès," dit-elle, sa voix emplie de douleur. "Quand j'étais dans le coma... j'ai rêvé de ce que ma vie aurait pu être. Une vie que je n'aurai jamais."

Arès, surpris par sa confession, tourna lentement la tête vers elle, mais resta silencieux, la laissant parler.

— "J'ai rêvé de toi," continua-t-elle, ses yeux fixés sur le sol. "Je t'ai vu avec une femme. Elle était belle, douce. Elle te rendait heureux, Arès. Tu avais une vie que tu mérites... une vie normale, loin de tout ça. Loin de moi."

Elle laissa les mots flotter, comme un aveu qu'elle avait gardé en elle depuis trop longtemps. Arès, lui, se sentait déchiré en entendant cela. Sa sœur, celle qu'il avait toujours protégée, imaginait un bonheur pour lui qu'elle pensait ne jamais pouvoir atteindre pour elle-même.

— "Ce n'était qu'un rêve, Nyx," murmura-t-il, sa voix emplie d'empathie. "Ce n'est pas la réalité. Je suis ici, avec toi. Et je ne suis pas heureux sans toi dans ma vie."

Nyx ferma les yeux, secouant la tête, les larmes continuant de couler.

— "Dans ce rêve," continua-t-elle, sa voix tremblante, "j'étais avec Eryx. Et on avait deux enfants. Un garçon et une fille. Ils étaient si réels, si parfaits. Ils couraient vers moi, en riant. Ils m'appelaient 'maman'. Et maintenant... maintenant, il ne reste plus rien. Tout ce que j'ai imaginé s'est effondré."

Elle éclata enfin en sanglots, se laissant aller contre le mur, son corps secoué par la douleur profonde de la perte. Elle avait tout perdu, et ce rêve qu'elle avait eu pendant son coma n'était plus qu'un souvenir douloureux d'une vie qu'elle n'aurait jamais.

Arès, impuissant, la prit enfin dans ses bras, la serrant contre lui, tentant de lui transmettre une partie de sa force. Il savait que rien ne pourrait effacer sa douleur, mais il devait lui montrer qu'elle n'était pas seule.

— "On va s'en sortir, Nyx," murmura-t-il, ses propres yeux humides. "Je te promets qu'on va s'en sortir. Ensemble. Rien n'est terminé, pas tant que je suis là."

Nyx, encore secouée par les sanglots, se laissa aller contre lui, épuisée par la tempête émotionnelle qui venait de la ravager. Elle n'avait plus la force de lutter contre sa peine, mais la présence de son frère lui donnait au moins un réconfort.

— "Je ne veux plus me battre," murmura-t-elle, sa voix brisée. "Je suis fatiguée, Arès. Fatiguée de tout ça."

Arès la serra un peu plus fort, incapable de répondre. Il savait qu'elle était au bord de l'abîme, mais il refusait de la laisser tomber. Il serait là, comme toujours, même si le monde entier leur tournait le dos.

Ashes of RetributionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant