Chapitre 2

6 0 0
                                    

La route s'étirait à perte de vue, chaque virage, chaque ligne droite semblait s'allonger sous le poids des souvenirs qu'elle ramenait à la surface. Nyx roulait à une vitesse modérée, contrairement à son habitude.

Le silence de la nuit, seulement brisé par le rugissement sourd du moteur de sa moto, lui pesait. Ce n'était pas la première fois qu'elle revenait dans cette ville, mais cette fois, tout était différent.

Son souffle était court. Chaque kilomètre avalé la rapprochait de la maison où tout avait commencé. La maison où elle et Arès avaient grandi. Elle savait qu'elle trouverait son frère là-bas. Il n'avait nulle part où aller.

L'air froid de la nuit s'infiltrait sous son blouson, mais ce n'était pas ce qui la faisait frissonner. Le poids de ce qui l'attendait, de ce qu'elle devait affronter, était une charge bien plus lourde. Son frère. Celui qu'elle avait cru perdu. Celui qu'elle avait cherché à venger, et qui pourtant... était là, quelque part. Vivant.

Son ventre tira légèrement alors qu'elle ajustait sa position sur la selle de sa moto. Elle se força à ignorer cette sensation, mais sa main glissa tout de même sur son ventre, effleurant la courbe avec une tendresse presque involontaire. Cette réalité la rattrapait de plus en plus, et pourtant, elle ne pouvait pas encore la laisser l'envahir.

Nyx accéléra légèrement, comme pour échapper à ses propres pensées. Elle savait ce qu'elle devait faire. Retrouver Arès. Comprendre pourquoi il avait disparu, pourquoi il n'avait jamais cherché à la retrouver. Comprendre ce qu'il avait caché pendant tout ce temps. Pourquoi tout avait changé.

Le panneau indiquant la ville de leur enfance apparut enfin dans le faisceau de ses phares. Un nom familier. Un nom qu'elle n'avait jamais voulu revoir. Ils avaient grandi ici, elle et Arès. Les rues, les maisons, les places désertes, tout avait l'air inchangé, mais pourtant, tout semblait différent. Comme si le temps s'était figé, et qu'elle seule avançait.

Elle ralentit alors que sa moto approchait des premières maisons de la ville. Les lumières étaient éteintes, la plupart des maisons plongées dans une obscurité quasi totale. Il n'était pas si tard, mais l'endroit semblait abandonné, comme si la vie elle-même avait fui cet endroit depuis longtemps.

Chaque rue qu'elle traversait la renvoyait à des souvenirs qu'elle avait soigneusement enfouis. Des souvenirs d'elle et d'Arès, enfants, courant dans les ruelles, jouant à se battre comme des guerriers, s'imaginant des vies bien plus grandes que celles que cette petite ville pouvait leur offrir. Mais ces souvenirs étaient flous maintenant, distants, presque étrangers. Elle n'était plus cette fille, et Arès n'était plus ce frère qu'elle avait idolâtré.

Nyx respira profondément alors que l'entrée de la rue de leur enfance se dessinait devant elle. La maison était là, au bout de la rue, aussi silencieuse et sombre que dans ses souvenirs. Une bâtisse ancienne, aux volets en bois usés par le temps, des murs écaillés par les années. Elle semblait abandonnée depuis des décennies, mais Nyx savait que c'était là que tout s'était brisé.

Elle arrêta sa moto devant l'entrée, ses bottes touchant le sol avec un bruit sourd. Le moteur gronda encore quelques instants avant qu'elle ne le coupe. Le silence retomba brutalement, l'entourant comme une prison invisible. Elle resta un moment immobile, assise sur la selle de sa moto, son regard fixé sur la maison.

Chaque fibre de son être hurlait qu'elle devait faire demi-tour, qu'elle ne devait pas entrer là-dedans. Mais elle savait que la réponse à toutes ses questions l'attendait de l'autre côté de cette porte. Arès était là. Il l'attendait.

Elle descendit lentement de la moto, sa main glissant à nouveau sur son ventre par réflexe. Ce geste, qu'elle avait fait plusieurs fois sans y penser, prenait de plus en plus de place dans son esprit. Des vies dépendaient d'elle. Mais à cet instant, c'était la sienne qu'elle devait sauver.

Elle fit quelques pas vers la maison, ses bottes crissant sur le gravier humide. L'atmosphère pesante de la ville semblait vouloir l'écraser sous le poids des années, sous le poids du passé. Chaque pas devenait plus lourd, chaque mouvement semblait la rapprocher d'une confrontation qu'elle n'était pas sûre d'être prête à affronter.

Elle s'arrêta devant la porte, fixant la poignée comme si elle était un portail vers un monde qu'elle avait passé des années à fuir. Son cœur battait à un rythme irrégulier, sa respiration se faisait plus difficile. Ce n'était plus juste une simple maison abandonnée. C'était là que tout allait se jouer.

Elle inspira profondément, ses doigts effleurant la poignée froide de la porte. Tout ce qu'elle avait traversé la menait ici. Elle savait que ce qu'elle découvrirait à l'intérieur changerait tout. Mais il n'y avait plus de retour en arrière possible. Elle devait savoir. Elle devait comprendre.

D'une main tremblante, elle tourna la poignée, et la porte s'ouvrit dans un grincement sinistre. Le passé venait de la rattraper.


Ashes of RetributionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant