L'air extérieur lui fit l'effet d'un coup de fouet. Nyx s'arrêta un instant, les yeux fermés, laissant le vent s'infiltrer dans chaque pore de sa peau, cherchant une sensation, une quelconque trace de vie à laquelle se raccrocher. Mais l'air était froid, presque mordant, et son corps, affaibli, semblait refuser de répondre à cet appel à la liberté.
Des semaines d'enfermement, d'immobilité forcée, avaient laissé leurs traces profondes sur elle, et pas seulement physiquement. Son esprit, lui aussi, portait les cicatrices invisibles de tout ce qu'elle avait perdu.
Ses jambes tremblaient légèrement alors qu'elle avançait lentement vers la sortie de l'hôpital, mais elle refusait de céder à la douleur. Chaque pas qu'elle faisait la ramenait un peu plus vers la réalité brutale qui l'attendait. Ce monde extérieur, qu'elle avait si ardemment souhaité retrouver, lui semblait désormais étrange et distant, comme s'il ne lui appartenait plus.
Eryx, à ses côtés, avançait en silence, ses yeux cachant difficilement son inquiétude. Il restait à distance, suffisamment près pour intervenir si Nyx faiblissait, mais assez loin pour lui laisser l'espace dont elle avait besoin. Il savait qu'elle ne tolérerait aucune aide. Pas aujourd'hui. Elle devait avancer seule, même si chaque pas lui coûtait un effort monumental.
Le bruit des portes automatiques se refermant derrière eux résonna dans le silence de l'après-midi, marquant le point de non-retour. La route vers leur maison, vers ce qu'elle devait affronter, était désormais inévitable.
Ils marchèrent jusqu'à la voiture d'Eryx, une berline noire imposante, garée juste devant l'entrée. La voiture semblait trop grande, trop oppressante pour ce moment précis. Nyx hésita un instant avant de monter à l'intérieur. Tout en elle voulait refuser cette aide, refuser d'être transportée comme une chose fragile qu'il fallait ménager. Mais elle se résigna, ses forces encore trop faibles pour un défi aussi insignifiant.
Le trajet de retour se fit dans un silence pesant. Chaque mètre parcouru leur rappelait l'immensité de ce qu'ils avaient perdu, mais aussi ce qu'ils avaient à accomplir. Nyx regardait fixement par la fenêtre, ses yeux suivant distraitement les ombres des arbres qui défilaient au loin. Le monde extérieur continuait de tourner, mais pour elle, tout s'était arrêté. Son esprit refusait de se détacher de l'image de ses enfants – ces bébés qu'elle n'avait jamais eu la chance de connaître.
Chaque fois qu'elle fermait les yeux, elle les revoyait, riant, courant dans un champ de blé doré sous un ciel d'été sans nuages. Un rêve, une illusion qu'elle ne parvenait pas à chasser, mais qui la hantait à chaque instant.
Eryx, assis à côté d'elle, conduisait en silence, les mâchoires serrées. Il ne savait plus quoi dire, plus comment combler le gouffre grandissant entre eux. Nyx l'avait accusé, à l'hôpital, de l'avoir détruite. Et cette phrase, ces quelques mots, résonnaient encore comme un coup de poignard dans son cœur. Il savait qu'il avait fait des erreurs, qu'il avait utilisé la violence et la manipulation pour la garder près de lui autrefois, mais jamais il n'avait voulu en arriver là. Jamais il n'aurait imaginé que leurs blessures passées les rattraperaient ainsi.
La maison apparut enfin à l'horizon, imposante et silencieuse. Elle n'avait pas changé, mais pour Nyx, tout était différent. Le chemin pavé, le jardin qui l'entourait, la façade sombre et imposante... ce lieu autrefois si familier lui semblait désormais étranger. Chaque pierre, chaque recoin semblait porter le poids de leurs conflits, de leurs combats passés, comme si la maison elle-même était fatiguée de les voir lutter sans fin. C'était leur refuge, mais aujourd'hui, Nyx ne savait plus si elle pouvait l'appeler "chez elle".
Elle sentit une présence, quelque chose qui l'attirait. Son regard dériva vers le fond de l'allée, là où sa moto se tenait, immobile, attendant patiemment son retour. Le noir mat du métal, les reflets chromés sous le soleil couchant, tout était exactement comme avant. Comme si rien n'avait changé. Mais tout avait changé. Nyx sentit une vague de nostalgie l'envahir, une douleur sourde qui se mêlait à la rage qui brûlait toujours au fond d'elle.
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Ashes of Retribution
Storie d'amoreCeux qui ont tout perdu sont ceux qui n'ont plus rien à craindre, ni à perdre