Le crépitement des pas de Nyx résonnait dans le couloir sombre qui menait à leur refuge. Chaque pas semblait marquer un point de non-retour, et la tension accumulée tout au long de la mission n'avait fait que grandir. Arès et Eryx, à quelques mètres derrière elle, échangeaient des regards lourds de compréhension. Ils savaient que tout allait basculer.
Dès que Nyx franchit la porte, elle balança ses armes sur la table, d'un geste brusque, presque sauvage. Le métal claqua violemment contre le bois, faisant sursauter Eryx. Il la connaissait mieux que quiconque, et il savait que cette violence cachait une tempête prête à éclater.
"On doit parler."
Nyx se tourna vers Eryx, ses yeux emplis d'une colère glaciale, son corps tendu comme un arc sur le point de rompre. Eryx savait que le moment était venu. Il sentait son cœur s'emballer, alors que chaque seconde qui passait rapprochait la vérité du bord de l'abîme.
"Pourquoi tu ne m'as rien dit ?" lança Nyx, sa voix tranchante, presque sifflante, comme si chaque mot était une lame qu'elle lui lançait. "Je sais que tu me caches quelque chose depuis des semaines."
Eryx, pris au piège, serra les dents. Sa culpabilité était un fardeau qu'il ne pouvait plus porter seul, mais le dévoiler maintenant, c'était risquer de tout perdre.
"Nyx, c'est pas comme ça..." tenta-t-il, sa voix tremblante. "Je voulais te protéger."
Les mots déclenchèrent l'explosion qu'il redoutait. Nyx, furieuse, avança d'un pas vif vers lui, ses yeux brûlants de rage. Elle n'était plus la femme contrôlée qu'il avait toujours admirée, mais une force sauvage, prête à tout démolir.
"Protéger ?!" hurla-t-elle, ses mains tremblantes de colère. "C'est comme ça que tu justifies ça, Eryx ? En me mentant ?!"
Eryx recula légèrement, mais son dos rencontra le mur froid derrière lui. Il ne pouvait plus fuir. Il devait affronter la vérité, aussi dévastatrice soit-elle. Ses mains tremblaient, et il passa une main nerveuse dans ses cheveux, cherchant les mots justes, ceux qui apaiseraient l'enfer qu'il voyait dans les yeux de Nyx.
"Ce n'est pas ce que tu crois," commença-t-il d'une voix basse, presque suppliée. "Je... Je ne voulais pas que tu souffres encore plus. Pas après tout ce qu'on a déjà traversé..."
Mais Nyx n'écoutait plus. Elle voyait bien ses hésitations, ses silences, et cela ne faisait qu'ajouter de l'huile sur le feu de sa fureur. Elle savait qu'il lui avait caché quelque chose de profond, quelque chose qui la concernait directement, et chaque seconde passée dans l'incertitude la détruisait un peu plus.
"C'est quoi que tu me caches, Eryx ?" exigea-t-elle, les poings serrés. "Dis-le-moi maintenant !"
Eryx sentit un poids énorme s'abattre sur ses épaules. Le moment était arrivé, et il savait que chaque mot qui allait suivre pouvait tout changer. Sa gorge se serra, et il détourna un instant les yeux, incapable de soutenir le regard enflammé de Nyx.
"Lors de l'attaque... quand tu as été gravement blessée...", commença-t-il, sa voix vacillante. "Ils... ils ont dû te soigner d'urgence. Les médecins... ils ont fait ce qu'ils pouvaient, mais..."
Nyx restait figée, ses muscles tendus, ses yeux fixés sur lui, attendant la chute.
"Tu étais enceinte de nos jumeaux, Nyx."
Le silence tomba brutalement dans la pièce. Les mots s'écrasèrent dans l'air comme un coup de poing. Nyx resta là, immobile, incapable de réagir. Ses pensées se figeaient, et son corps semblait se déconnecter de la réalité.
"Quoi ?!", murmura-t-elle, sa voix brisée, presque inaudible.
Eryx, toujours hésitant, avança d'un pas, mais il ne parvint pas à lever les yeux vers elle.
"Ils n'ont pas survécu, Nyx. L'attaque a causé trop de dégâts. Les médecins ont dû agir vite pour te sauver, et ils ont... ils ont arrêté l'hémorragie en... te retirant l'utérus."
Le monde de Nyx s'effondra. Son souffle devint court, chaque respiration étant une lutte. Les mots d'Eryx tourbillonnaient dans son esprit, s'écrasant les uns contre les autres, mais refusant de former une réalité qu'elle pourrait accepter. Elle recula d'un pas, puis un autre, ses mains tremblantes cherchant un appui.
Sa respiration devint haletante, presque douloureuse, et ses yeux s'emplirent de larmes qu'elle refusait de laisser couler. Le choc la paralysait, mais la colère monta, implacable, en elle. Elle se sentit trahie de toutes parts.
"Tu savais ?" demanda-t-elle, sa voix tremblante, mais cette fois, c'était une question froide, comme un couperet prêt à tomber.
Eryx, accablé, hocha la tête faiblement. Il s'approcha, mais elle recula de nouveau, comme si son contact l'aurait brûlée.
"Tu savais tout ce temps, et tu ne m'as rien dit," répéta-t-elle, sa voix montant en intensité, remplie de haine et de douleur. "Tu m'as menti, Eryx ! Tu m'as laissé croire que... que je pouvais encore me battre pour quelque chose !"
Eryx, désespéré, leva les mains, cherchant à la calmer, mais chaque mot qu'il prononçait semblait creuser encore plus le fossé entre eux.
"Je ne savais pas comment te le dire," murmura-t-il. "Je ne voulais pas te briser encore plus. Je voulais te protéger..."
"Me protéger ?!" hurla Nyx, sa voix tremblante de rage. "Tu m'as volé mon droit de savoir ! Je devais savoir ! C'étaient mes enfants ! Mon corps ! Tu m'as pris ce choix, Eryx !"
Elle éclata alors en sanglots furieux, mais il n'y avait pas de faiblesse dans ses larmes. C'était une colère pure, un chagrin incommensurable qui la traversait. Elle se sentait trahie au plus profond d'elle-même, comme si tout ce qu'elle avait tenté de protéger, tout ce pour quoi elle s'était battue, n'avait plus aucun sens.
Mais une question la hantait. Et elle finit par la prononcer, les dents serrées, comme si elle avait peur de connaître la réponse.
"Est-ce que c'est vraiment ce qu'ils ont fait ? Est-ce qu'ils ont... tout retiré ?"
Eryx resta silencieux. Son regard baissé semblait confirmer la terrible vérité, mais le doute restait. Nyx sentit un frisson glacial remonter le long de son échine. Elle ne pouvait plus faire confiance à rien, pas même à son propre corps.
"Dis-moi que tu sais ce qu'ils ont fait !" cria-t-elle, une dernière supplication, mais le silence d'Eryx lui brisa le cœur. L'incertitude la dévorait, rendant l'horreur encore plus insoutenable.
Elle se tourna violemment, refusant de rester dans cette pièce une seconde de plus. Le claquement de la porte derrière elle résonna comme une déchirure, marquant la fin d'une relation basée sur un mensonge.
Eryx, anéanti, tomba à genoux, incapable de faire quoi que ce soit pour la retenir. Arès, toujours là en spectateur silencieux, posa une main sur son épaule, mais il savait que rien ne pourrait apaiser la douleur qu'ils venaient de réveiller.
"Elle reviendra," murmura-t-il, même s'il n'y croyait qu'à moitié.
Le doute restait comme une ombre planant au-dessus d'eux. Peut-être que les médecins avaient vraiment tout fait pour la sauver. Ou peut-être que la vérité était encore pire que ce qu'ils avaient imaginé.

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Ashes of Retribution
RomantikCeux qui ont tout perdu sont ceux qui n'ont plus rien à craindre, ni à perdre