Chapitre 30

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Le soleil couchant projetait des ombres longues et tranquilles sur le jardin silencieux. Les rayons doux de la fin d'après-midi filtraient à travers les arbres, baignant la maison dans une lumière dorée. L'endroit, qui avait autrefois été leur sanctuaire, leur refuge dans un monde en guerre, semblait aujourd'hui étrangement paisible. Les murs portaient encore les marques du passé, des éclats de violence, mais maintenant, tout était silencieux.

Eryx se tenait seul dans le jardin, ses yeux fixés sur le paysage lointain, comme s'il cherchait quelque chose dans la ligne d'horizon. La moto de Nyx, bien que vieille et usée par le temps, était encore là, son cadre robuste évoquant des souvenirs de jours passés et de moments de fuite. Les mains d'Eryx, qui avaient tant connu la brutalité des combats, effleuraient le métal froid, cherchant peut-être à retrouver un sentiment de contrôle dans ce qui lui était familier.

Mais maintenant, avec la fin d'Apollon, il n'y avait plus d'ennemi. Le monde semblait leur offrir une chance de respirer, de recommencer, mais ce souffle de liberté venait avec un vide immense, comme si l'absence de danger était plus déroutante que le combat lui-même.

Nyx, à l'intérieur de la maison, observait Eryx à travers la vitre poussiéreuse. Ses bras croisés sur sa poitrine, elle sentait le poids de l'inconnu se poser sur ses épaules. Tout ce qu'ils avaient traversé laissait des traces profondes, non seulement dans leurs corps, mais surtout dans leurs âmes.

Elle pouvait voir le même vide dans les yeux d'Eryx, ce sentiment de désorientation, comme si le monde leur offrait une chance de vivre, mais qu'ils ne savaient plus comment saisir cette opportunité.

La maison, autrefois un symbole de leur lutte, était devenue un écho vide. Les pièces semblaient trop grandes, trop silencieuses, et pourtant, elles étaient remplies de fantômes du passé. Nyx se souvenait des moments où elle imaginait une vie différente ici, des rêves qui avaient été effacés par la guerre intérieure et extérieure.

Elle s'approcha de la porte-fenêtre, et en voyant Eryx, ses épaules lourdes, elle sentit un pincement au cœur. Elle savait que tout ne redeviendrait jamais comme avant. Mais elle espérait qu'ils pourraient trouver une nouvelle normalité, ensemble.

En silence, elle ouvrit la porte et sortit dans le jardin, sentant l'air frais caresser son visage. Les bruits du monde extérieur, autrefois ignorés, semblaient plus présents maintenant. Le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles, et même le craquement léger du bois sous ses pas résonnaient dans le calme pesant.

Eryx, sans tourner la tête, sentit la présence de Nyx derrière lui. Son regard perdu dans l'horizon, il resta silencieux pendant quelques instants, puis murmura enfin :

"Je ne sais pas quoi faire."

Sa voix, bien que calme, portait en elle une profondeur de désespoir. Nyx, en entendant cela, sentit une vague de douleur monter en elle. Elle savait que ce qu'il disait n'était pas seulement à propos de ce moment. C'était à propos de tout. De l'avenir, du passé, de leur relation.

Elle s'approcha doucement de lui, s'arrêtant juste à côté, leurs épaules presque se frôlant, mais il y avait encore un espace entre eux, un vide qui n'était pas seulement physique.

"Je pense qu'on est tous les deux perdus," répondit-elle doucement, sa voix à peine un souffle.

Eryx baissa les yeux vers le sol, prenant une grande inspiration, comme s'il essayait de trouver les mots pour exprimer ce qu'il ressentait. Mais les mots lui manquaient, et tout ce qu'il pouvait faire, c'était fixer la moto, se demandant pourquoi tout cela semblait si loin, même maintenant qu'ils étaient hors de danger.

"Tu te souviens... avant tout ça," commença-t-il finalement, "on avait des plans. On parlait de ce que serait notre vie." Sa voix s'étrangla un peu à la fin, et il secoua la tête. "Maintenant, je me demande si on peut encore... faire des projets."

Nyx, sentant le poids de sa propre tristesse, hocha lentement la tête.

"Je me demande la même chose," murmura-t-elle. "Mais je crois que... même si tout ce qu'on a traversé nous a changés, il nous reste quelque chose. On a survécu, Eryx."

Elle posa une main sur son bras, cherchant le réconfort dans ce simple geste. Mais même alors, elle sentait que la connexion entre eux était plus fragile que jamais. Ils avaient traversé les flammes, mais les cicatrices qu'ils portaient étaient encore trop fraîches pour être ignorées.

Eryx, levant enfin les yeux vers elle, chercha dans son regard quelque chose à quoi s'accrocher. Pendant des années, Nyx avait été son ancre, celle qui le poussait à aller de l'avant, mais maintenant, ils semblaient tous deux perdus dans le même océan.

"On est vivants," répéta-t-il doucement, comme s'il essayait de se convaincre.

Nyx, ressentant le même vide, hocha la tête.

"C'est vrai," dit-elle. "Mais maintenant, il faut apprendre à vivre."

Ils restèrent debout l'un à côté de l'autre, le vent léger jouant dans leurs cheveux, sans rien dire pendant de longues minutes. Le silence entre eux n'était pas inconfortable, mais il était plein de non-dits, de douleurs refoulées, et de souvenirs qu'ils n'osaient pas encore affronter.

Pour la première fois depuis longtemps, Nyx se permit de laisser ses épaules s'affaisser légèrement. Il n'y avait plus de batailles à mener, plus d'ennemis à abattre, mais la vraie lutte était devant eux. Ils devaient se reconstruire, redécouvrir qui ils étaient devenus, et ce qu'ils voulaient devenir.

"On n'a pas besoin de tout régler maintenant," murmura Nyx, brisant enfin le silence. "Mais on peut essayer. On peut commencer par ça."

Elle lui offrit un sourire doux, faible mais sincère, et pour la première fois, Eryx sentit un léger apaisement. Le chemin était long, et il serait parsemé de doutes, mais Nyx avait raison. Ils étaient encore là, ensemble, et c'était un point de départ.


Ashes of RetributionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant