Chapitre 11

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Le monde autour d'elle était devenu une mer trouble, un espace où les contours de la réalité se dissolvaient, comme si même l'univers hésitait à lui révéler la vérité. Nyx flottait dans cette brume opaque, son esprit prisonnier d'un labyrinthe sans issue, un endroit où les pensées étaient des ombres confuses, insaisissables. Elle n'était ni totalement éveillée, ni encore endormie, mais quelque part entre les deux, piégée dans un espace de silence et d'incertitude. Ses paupières, lourdes comme des pierres, restaient fermées, et pourtant, malgré ce voile qui l'enfermait, elle percevait quelque chose. Quelque chose de tangible, de vivant.

Une main.

La chaleur de cette main, celle d'Eryx, était la seule chose qui la rattachait encore à ce monde. Un fil invisible la maintenait sur le bord de l'abîme, un abîme qui semblait vouloir l'engloutir tout entière. Chaque battement de son cœur résonnait dans le silence, et pourtant, au fond d'elle, elle sentait un poids, une absence qui pesait de plus en plus lourd, menaçant d'écraser tout le reste. Elle tenta de parler, mais ses mots restèrent coincés, piégés dans une gorge aussi sèche que désertique, serrée par une douleur invisible.

"Eryx..." murmura-t-elle enfin, sa voix à peine un souffle. Elle était brisée, chaque syllabe tremblait sous l'effort.

Son esprit cherchait encore à se raccrocher aux derniers vestiges de son rêve. Ce rêve où ses enfants couraient librement, leurs rires se répercutant dans l'air comme une mélodie enivrante. Elle se souvenait de leurs visages, de leurs petites mains qui s'agrippaient à elle avec confiance. Elle les avait tenus dans ses bras. Elle les avait sentis contre elle, comme une promesse. Une promesse que tout allait bien. Que tout était réel.

Mais quelque chose dans l'obscurité de son esprit s'agitait, une voix muette qui lui susurrait que cette beauté n'était qu'une illusion. Un rêve trop beau pour être vrai.

"Où... où sont les enfants ?" parvint-elle à balbutier, sa voix brisée, remplie d'un espoir si fragile qu'il semblait pouvoir se désintégrer à tout instant.

Le silence qui suivit fut écrasant, une chape de plomb qui s'abattit sur la pièce. Ce n'était pas le silence ordinaire d'un hôpital, fait de murmures lointains et de machines qui bipaient. Non, c'était un silence dense, lourd d'une vérité trop cruelle pour être énoncée. La main d'Eryx se resserra autour de la sienne, un geste qui portait toute la douleur du monde. Elle sentait dans cette pression une hésitation, un désespoir qu'il ne pouvait plus dissimuler.

Puis, une autre main prit la sienne. Plus grande, plus ferme, mais tout aussi familière.

Arès.

Il était là, silencieux, immobile, mais sa présence était inébranlable, un roc dans cette tempête de confusion. Elle n'avait pas encore la force d'ouvrir les yeux, mais elle savait qu'il était là. Elle pouvait sentir sa force contenue, ses doigts qui effleuraient les siens, comme pour l'empêcher de sombrer davantage. Pourtant, même sa présence n'était qu'un maigre rempart face à la marée montante de douleur qui s'apprêtait à la submerger.

"Chut..." murmura Arès, sa voix grave et apaisante. Il parlait avec une douceur infinie, mais cette douceur semblait elle-même teintée d'une tristesse qu'il ne pouvait cacher. "Ça va aller. On est là. Tout ira bien."

Mais rien n'allait bien. Et elle le savait. Chaque fibre de son être hurlait que quelque chose était terriblement, irréparablement brisé. Où étaient-ils ? Ses enfants. Pourquoi ne les entendait-elle pas ? Pourquoi ne sentait-elle plus leur présence, leur chaleur ? La question continuait de tourner dans son esprit, s'accrochant à elle avec une insistance désespérée.

Ashes of RetributionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant