Le Courage d'une Enfant

La capture

Wilykit était encore cachée dans le trou d'obus, son corps tremblant sous l'effet de la peur et du froid glacial qui se mêlait à la boue dans laquelle elle s'enfonçait. Elle tentait de se faire aussi petite que possible, espérant que cette tempête de violence finirait par s'éloigner. Ses sens félins étaient sur le qui-vive, chaque bruit lui paraissait assourdissant : les explosions, les cris déchirants des soldats, les bruits de bottes s'écrasant sur la terre humide. Mais quelque chose d'autre attira soudain son attention. Un bruit régulier. Des pas lourds, méthodiques, elle tendit l'oreille pour mieux entendre.

Les pas se rapprochaient dangereusement. Wilykit fit tout son possible pour ne pas bouger, sa respiration devenant de plus en plus irrégulière. Elle se demandait s'ils allaient passer près d'elle ou continuer leur route sans la voir.

Mais l'inévitable arriva.

Un éclat de lumière provenant d'une lampe électrique balaya le trou dans lequel elle se cachait, et, un instant plus tard, elle vit une silhouette massive se dresser au-dessus d'elle. Le soldat portait un uniforme gris-vert, marqué d'un aigle étrange et d'un symbole qu'elle ne reconnaissait pas mais qui inspirait une terreur viscérale. Son visage était dur, impassible, couvert par un casque de fer. Il parlait une langue gutturale, l'allemand, qu'elle ne comprenait pas. Wilykit se figea, son cœur battant si fort qu'elle pensait qu'il allait exploser.

Le soldat cria quelque chose. Dans son regard, il n'y avait aucune compassion, seulement une froide détermination. Avant même qu'elle ne puisse essayer de s'échapper, il pointa son arme vers elle. Wilykit leva les mains en signe de reddition, mais l'homme n'eut aucun égard pour ce geste. Il fit un signe à d'autres soldats qui arrivèrent rapidement, tous portant la même tenue effrayante.

Wilykit tenta de parler, d'expliquer, mais sa voix tremblait trop. Et dans cette langue étrangère, ses mots n'avaient aucun sens. Avant qu'elle ne puisse faire le moindre geste, un des soldats l'attrapa brutalement par le bras et la tira hors de sa cachette.

-Non ! Lâchez moi ! Cria-t-elle, se débattant avec toutes ses forces. Ses griffes jaillirent, tentant de griffer le soldat, mais ses mouvements étaient désespérés, trop chaotiques pour être efficaces. L'homme serra encore plus fort, ses doigts comme des pinces d'acier autour de son poignet.

Elle fut traînée à travers le champ de bataille, ses pieds glissant dans la boue. La lumière des fusées éclairantes révéla brièvement des visages sinistres et des corps inanimés, avant de replonger tout dans une obscurité oppressante. Les soldats la menèrent vers un véhicule blindé stationné plus loin. Elle se débattit, mais un coup brutal à l'arrière de la tête la fit chanceler. Ses oreilles bourdonnaient, et une douleur sourde s'installa.

Ils la jetèrent sans ménagement à l'arrière du véhicule, entre deux bancs de métal froids. La porte se referma derrière elle avec un bruit sourd, la plongeant dans l'obscurité. Ses membres tremblaient, et son souffle devenait de plus en plus court. Elle était enfermée avec ces soldats, sans aucune idée de ce qu'ils allaient lui faire.

Le véhicule démarra brusquement, cahotant sur le terrain accidenté. Chaque secousse lui faisait mal, mais la peur qui l'envahissait était bien pire. Wilykit essayait de réfléchir, de trouver une solution pour fuir, mais tout se passait si vite. Les soldats, désormais silencieux, semblaient l'ignorer, mais elle sentait leurs regards pesants sur elle bien qu'elle voie marquer dessus "SS".

Puis après des dizaines de minutes, le véhicule s'arrêta. Les portes s'ouvrirent et une nouvelle silhouette apparut. Un officier SS, son uniforme noir impeccable, entra. Il avait un visage sévère, aux traits anguleux, ses yeux perçant Wilykit comme des glaçons. Il la regarda avec dédain, murmurant quelques mots dans une langue qu'elle ne comprenait toujours pas. Deux soldats la saisirent et la tirèrent à nouveau hors du véhicule.

Devant elle, une série de bâtiments sombres et austères se découpait dans la nuit. Ils étaient entourés de barbelés et de tours de garde. Des hommes patrouillaient avec des chiens qui aboyaient férocement à son approche. C'était un camp, un lieu sinistre où la souffrance semblait palpable dans l'air.

Wilykit fut traînée à travers une cour boueuse, ses pieds à peine capables de suivre le rythme imposé par ses ravisseurs. Ils la menèrent vers un bâtiment, l'amenant dans une salle froide et mal éclairée. Là, on la jeta sur une chaise. Ses poignets furent liés à l'accoudoir par des cordes serrées, et elle n'avait plus aucune chance de fuir.

L'officier SS entra à nouveau. Il se tenait devant elle, la scrutant avec une curiosité malsaine. Un sourire tordu se dessina sur ses lèvres.

- Qu'est-ce que tu es, petite chose ? Demanda-t-il, son ton rempli de mépris.

Wilykit se contenta de le fixer, ses yeux brillants de rage et de peur mêlées. Elle ne savait pas ce qu'il disait, mais elle comprenait parfaitement qu'il la voyait comme une étrangeté, peut-être même une expérience à manipuler.

L'homme fit un geste, et l'un des soldats apporta une boîte remplie d'objets métalliques, outils sinistres qui ne présageaient rien de bon. Wilykit serra les poings, se préparant à ce qui pourrait venir. Elle savait qu'elle devait trouver un moyen de s'échapper, de retrouver sa liberté. Mais pour l'instant, elle était à la merci de ces hommes cruels, piégée dans un monde où tout espoir semblait s'éteindre.