Le cauchemars prend fin

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Les jours et les semaines s'écoulèrent, indifférentes à la souffrance de Wilykit, qui n'était plus qu'une ombre de la créature vive et intrépide qu'elle avait été. Le temps avait perdu toute signification pour elle, chaque nouvelle journée étant une répétition cauchemardesque de l'horreur qu'elle subissait dans ce camp sinistre.

Chaque matin, les soldats SS la tiraient de la cave sombre où elle était enfermée, son corps frêle à peine capable de se tenir debout. Ils l'emmenaient dans cette salle d'interrogatoire qu'elle redoutait plus que tout, ses membres encore meurtris et tremblants. Là, l'officier SS, avec son visage de marbre, attendait. Chaque session était pire que la précédente, chaque douleur plus insupportable que la veille. Ils utilisaient de nouveaux instruments, cherchant à la briser davantage, bien qu'elle n'ait aucune information à donner. Mais ils ne se souciaient plus de cela. Il s'agissait désormais de pur sadisme, de réduire à néant cet être étrange qu'ils ne comprenaient pas.

Elle avait arrêté de crier. La douleur était devenue une compagne constante, comme une présence muette qui habitait chaque recoin de son corps. Sa fourrure, autrefois douce et lumineuse, était désormais terne, parsemée de plaies et de brûlures. Ses yeux, jadis pétillants de vie et de malice, étaient éteints, regardant dans le vide avec une résignation totale.

Ses griffes n'étaient plus des armes. Elles étaient usées, inutiles, comme son corps. Chaque mouvement était douloureux, chaque souffle était une lutte. Wilykit n'était plus que l'ombre d'elle-même, piégée dans un enfer sans fin, trop faible pour tenter de fuir, trop brisée pour résister.



Et puis, une nuit, quelque chose changea. L'air était différent. Les gardes semblaient nerveux, leurs mouvements plus rapides, plus agités. Des bruits lointains se faisaient entendre, des explosions, des cris étouffés, des échos de bataille. Wilykit, blottie dans un coin de la cave humide, entendait les échos de ce qui ressemblait à un combat, mais elle n'avait plus la force de s'y intéresser.

Les heures passèrent, et les bruits se rapprochèrent. Elle entendit les soldats courir dans les couloirs, des ordres aboyés en allemand, mais elle ne comprenait toujours pas ce qu'ils disaient. Soudain, une explosion retentit, secouant le sol au dessus d'elle, suivie de tirs nourris. Les cris devenaient plus proches, plus désespérés. Puis, soudainement, tout devint silencieux.

Un long moment s'écoula. La porte de la cave resta fermée, et Wilykit n'avait plus d'énergie pour se demander ce qui se passait. Elle était allongée sur le sol, trop faible pour bouger. Sa respiration était lente, difficile. Son esprit dérivait, flottant entre conscience et inconscience, comme une petite flamme vacillante prête à s'éteindre à tout moment.

C'est alors qu'un nouveau bruit résonna dans le silence, celui de bottes qui approchaient, mais cette fois, c'était différent. Ce n'était plus le pas lourd et menaçant des SS. C'était plus rapide, plus léger. La porte de la cave fut brutalement défoncée, laissant entrer un flot de lumière que Wilykit n'avait pas vu depuis des semaines. Elle plissa les yeux, essayant de comprendre ce qu'il se passait, mais tout était flou, lointain.

Une silhouette se découpa dans l'encadrement de la porte. C'était un homme en uniforme, mais pas celui des SS. Ses vêtements étaient sales, couverts de boue et de sang, mais il portait un casque avec un symbole qu'elle ne reconnaissait pas, bien qu'il lui paraissait étrangement moins terrifiant. D'autres soldats suivaient derrière lui, vérifiant chaque recoin de la cave.

- Là ! Il y a quelqu'un ! Cria l'un d'eux, sa voix remplie de surprise.

L'homme s'approcha prudemment de Wilykit, accroupi devant elle. Son regard s'adoucit en la voyant, son visage trahissant un mélange de choc et de pitié. Il ne devait pas comprendre ce qu'il voyait, cette étrange petite créature ressemblant à un enfant, mais si différente, couverte de fourrure et de plaies. Mais à cet instant, elle ne représentait pas une menace.

- Mon Dieu... mais qu'est-ce qu'ils t'ont fait... Murmura-t-il en voyant l'état de son corps.

Wilykit, à bout de forces, leva faiblement les yeux vers lui, ses lèvres tremblant. Elle essaya de parler, de dire quelque chose, mais aucun son ne sortit. Elle était trop faible, trop brisée. Ses paupières se fermèrent malgré elle, la douleur la submergeant complètement. Elle sentit des bras forts et bienveillants la soulever doucement du sol, la chaleur humaine qu'elle n'avait pas ressentie depuis des semaines enveloppant son corps glacé.

- Elle est vivante, mais à peine. Dit l'homme d'une voix pressée, se tournant vers ses compagnons. Préparez une civière, vite !

Les autres soldats se précipitèrent, apportant une couverture et une civière de fortune. Wilykit fut délicatement posée dessus, sa respiration faible et irrégulière. Elle entendait des voix autour d'elle, mais tout semblait si lointain. Des visages humains, compatissants, se penchaient sur elle, s'assurant qu'elle était toujours consciente. Mais pour Wilykit, tout devenait flou. Elle se sentait sombrer, glissant vers une obscurité réconfortante, loin de la douleur et de l'horreur.

- Tiens bon, petite, tiens bon. Entendit elle faiblement, comme un écho lointain.

Elle ne savait pas si elle pouvait tenir. Chaque souffle lui demandait un effort colossal. Mais pour la première fois depuis des semaines, elle n'était plus seule dans cet enfer. Des mains amicales étaient là, veillant sur elle, tentant de la ramener à la vie.

Alors qu'on la portait hors de la cave, à travers les ruines du camp, elle ouvrit faiblement les yeux une dernière fois. Le ciel était clair, parsemé d'étoiles, et l'air frais emplissait ses poumons fatigués. Un dernier souffle de vie, un dernier espoir, alors que le monde redevenait lumière et espoir autour d'elle.

Puis, elle s'évanouit, emportée par la fatigue et la douleur.

Le Courage d'une EnfantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant