En s'avoir plus

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Les jours se succédaient et, petit à petit, Wilykit avait fait d'énormes progrès dans son apprentissage de la langue. Avec chaque nouveau mot, chaque phrase que l'infirmière ou Pavel lui enseignaient, elle se sentait un peu plus forte et plus en contrôle de sa situation. Elle apprenait à exprimer ses pensées, ses peurs, et même ses espoirs, mais il y avait une question qui restait en suspens, comme une ombre qui planait au-dessus d'elle, d'où venait elle vraiment ?

Un jour, alors qu'elle jouait avec des crayons dans une petite salle à côté de l'infirmerie, un groupe de soldats entra, visiblement en mission de reconnaissance. Ils étaient de hauts gradés, leurs uniformes bien ajustés et ornés de médailles. Leur regard était sérieux, mais il y avait aussi une curiosité palpable. Ils avaient entendu parler de la petite fille qui avait été retrouvée dans les décombres et avaient décidé de venir à sa rencontre.

Wilykit se redressa, un peu intimidée par la présence de ces hommes en uniforme. Pavel, qui se trouvait à ses côtés, lui fit un geste encourageant. Elle se rappela ses leçons et prit une grande inspiration.

- Bonjour, je suis Wilykit. Dit-elle d'une voix tremblante mais déterminée.

Les hommes échangèrent des regards étonnés. Ils avaient entendu parler de la petite fille, mais entendre sa voix, son accent et ses mots, était quelque chose de totalement différent.

- Bonjour, Wilykit. Répondit l'un des officiers, un homme aux cheveux grisonnants, son regard chaleureux contrastant avec son uniforme. Je suis le colonel Ivanov. Nous avons entendu que tu es... spéciale. Tu es venue d'un autre endroit, n'est-ce pas ? 

Wilykit hésita. Comment expliquer son monde ? Elle ne savait pas par où commencer. Son esprit se tourna vers ses souvenirs, des flashes de son passé, de la Troisième Terre, des combats contre Mumm-Ra, et de la camaraderie avec ses amis. Mais ici, tout semblait si différent, si lointain.

- Je... je viens d'un autre monde, » dit-elle finalement, les mots sortant difficilement. Un endroit loin d'ici. Des gens... des amis... m'ont aidée. Je suis... je suis une Cosmocat. 

Le colonel Ivanov haussait un sourcil, intrigué par son explication. Les autres soldats prenaient des notes, fascinés par cette petite fille qui parlait d'un monde inconnu. Un autre officier, plus jeune, s'avança et posa une question.

- Qu'est-ce que tu sais de ce monde, Wilykit ? De tes origines ? Demanda t'il lui faisant fermé les yeux un instant, en cherchant les bons mots. 

- Je suis d'un endroit avec des montagnes, des forêts... des amis qui se battent contre le mal. Mais je ne sais pas comment je suis arrivée ici. C'est... c'est flou. 

Le colonel Ivanov échangea un regard sérieux avec ses camarades. Ils semblaient comprendre que les mots de Wilykit n'étaient que des fragments d'une réalité bien plus complexe. Un autre officier, un homme à lunettes, posa une question plus directe.

- Peux-tu nous parler de ton peuple ? De ta planète ? Se qui fait que Wilykit, sentant le poids de leur curiosité, hésita à répondre. Mais elle savait que c'était important. 

- Mon peuple est... il est fort. Nous luttons pour la justice. Mais ici... ici, je suis perdue. Je veux rentrer chez moi. 

Les visages des officiers se durcirent à l'évocation de la lutte pour la justice. Ivanov, avec une voix douce mais ferme, lui demanda. 

- Et qui t'a fait du mal ? Qui t'a emmenée ici ? 

Cette question fit naître un frisson dans l'esprit de Wilykit. Elle se remémora les visages sombres des soldats SS, les cris et la peur. 

- Des soldats... des hommes en noir. Ils m'ont capturée, mais je ne comprends pas pourquoi. 

Les officiers se regardèrent, inquiets. Ils savaient que des choses horribles se passaient sur le front, des histoires d'enlèvements et de disparitions. Le colonel Ivanov se pencha légèrement en avant.

- Wilykit, nous devons savoir plus. Tu as mentionné un peuple, une guerre... sais-tu si ces soldats venaient d'un pays particulier ? 

Wilykit secoua la tête, mais une idée commença à germer en elle. 

- Je... je pense qu'ils venaient de... de l'Allemagne si j'ai bien étudier les livres. C'est là où j'ai été prise. Mais je ne sais pas pourquoi. 

Les officiers échangèrent de nouveaux regards, et Wilykit sentit une tension dans l'air. Le colonel Ivanov prit une profonde inspiration. 

- Merci, Wilykit. Cela nous aide beaucoup. Tu es très courageuse de partager cela avec nous. 

Alors qu'ils s'apprêtaient à partir, le jeune officier aux lunettes lui lança un dernier regard. 

- Si tu te souviens de quoi que ce soit d'autre, dis-le nous. Cela pourrait être vital pour comprendre ta situation. 

Une fois les officiers partis, Wilykit se sentit épuisée. Elle avait ouvert une porte sur son passé, mais la réalité de ses souvenirs la hantait. Elle se demandait ce que cela signifierait pour elle, pour sa vie ici. Était elle vraiment une Cosmocat perdue dans un monde de guerre ? Ou était ce juste un rêve qui se transformait lentement en cauchemar ?

Elle se leva et se dirigea vers la fenêtre, observant le paysage gris et sombre à l'extérieur. La lumière du jour s'évanouissait lentement, tout comme son espoir de retrouver un jour son chemin. Mais au fond d'elle, quelque chose avait changé. Elle avait partagé ses origines, et peut-être, juste peut-être, cela l'aiderait à trouver sa place dans ce monde hostile.

Un léger bruit la tira de ses pensées. L'infirmière, revenant avec une tasse de thé chaud, s'assit à côté d'elle. 

- Wilykit, je t'ai entendue parler. Tu as été très courageuse aujourd'hui. 

- Je ne sais pas si je suis courageuse. Je veux juste rentrer chez moi. Répond t'elle en tournant la tête vers elle avec un sourire fatigué aux lèvres.

-Tu es déjà sur le chemin du retour, ma chère. Lui rassure t'elle en lui prenant la main la serrant doucement. Chaque mot que tu apprends, chaque histoire que tu partages, te rapproche de ta vraie maison. Tu n'es pas seule ici. 

Wilykit hocha la tête, écoutant ses mots avec un cœur lourd mais réconforté. Elle savait qu'il y avait encore beaucoup à faire, mais au moins, elle avait commencé à tracer un chemin. Elle se concentrait sur l'apprentissage de cette nouvelle langue, sur la compréhension des hommes qui l'entouraient, et peut-être, un jour, sur la manière de retrouver sa véritable maison.

Le Courage d'une EnfantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant