🔮𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐕𝐈 | 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞𝐈𝐈🔮

9 4 1
                                    

Je lutte tant bien que mal pour faire léviter un vieux grimoire, ma main tremblante se balançant dans l'air comme une plume au gré du vent. La peur me paralyse, et chaque seconde qui passe semble rallonger l'attente des autres, leurs regards impatients pèsent sur mes épaules. Cela fait dix minutes que je tente d'imposer ma volonté à cet objet, mais rien ne vient.

— Concentre-toi ! Ça va venir, m'encourage Madame Célestine, sa voix douce mais ferme résonnent comme un phare dans ma confusion.

Je ferme les yeux, je m'efforce de chasser mes doutes. Dans ma tête, je trace la rune de lévitation, l'imaginant flotter au-dessus de moi. Un murmure d'émerveillement s'élève parmi mes camarades. Un frisson de satisfaction me parcourt, et lorsque je rouvre les yeux, je vois plusieurs livres vibrer légèrement avant de s'élever lentement dans les airs.

Mais la joie s'évanouit rapidement. Un cri strident retentit dans la salle de classe. Les livres lévitants se dirigent vers l'assemblée d'étudiants, et je vois Ethan, son visage blême, pointer du doigt la pile de livres qui menace de s'écraser sur lui.

— Eh ! Téhrani, arrête ça ! Ce n'est pas drôle ! hurle-t-il, sa voix tremblante trahit la peur qui l'envahit.

— J'essaie, mais je n'y arrive pas ! balbutie-je, cherchant désespérément le soutien de la professeur.

La panique grandit en moi, et je réalise avec horreur que tout va s'effondrer sur lui. Ethan lève les bras au-dessus de son visage, poussant un cri aigu qui vrille nos tympans. À cet instant, les livres stoppent leur course, suspendus au-dessus de sa tête, comme si une force invisible les maintenait en l'air.

Je tourne la tête vers Madame Célestine. Sa main levée, l'anneau scintillant à son majeur pulse d'une lumière vive, comme un cœur battant. Elle me regarde, une déception mêlée de compréhension dans ses yeux. D'un geste assuré, elle ramène les livres sur son bureau, les reposant doucement. Je sais que je dois encore travailler sur le contrôle de mes pouvoirs, mais mes efforts semblent vains.

— Ce sera tout ! dit-elle, sa voix résonne comme un couperet.

Je rejoins ma place, le regard des autres pesant sur moi comme une chape de plomb. Je ne veux pas leur faire de mal, mais depuis le temps, je ne suis qu'un sujet de jugement. Personne ne tente de comprendre, je ne suis qu'une anomalie, un être à mépriser.

— Tu es dangereuse ! marmonne Ethan, reprenant enfin ses esprits alors qu'il regagne sa place.

— Si c'est comme ça qu'elle compte nous sauver, autant mourir tout de suite, ajoute Cassandra avec une froideur mordante.

Ma gorge se noue, et mes yeux s'embuèrent à l'entente de ces mots. Elle ne se contente pas de blesser ; elle touche une vérité que je crains d'affronter. J'essaie de me convaincre que la prophétie qui me concerne n'est qu'un fardeau à porter. Lorsque j'en parle à la directrice, elle insiste sur le fait que les Lorialet et leurs prophéties ne se trompent jamais. Pourtant, face à la voix glaciale de Cassandra, mes doutes renaissent.

Madame Feulune, avec son calme habituel, intervient rapidement :

— Cassandra, ce genre de propos n'a pas sa place ici. Serais-tu en train de remettre en question la voie des étoiles ?

Ses mots résonnent dans la pièce, et un silence pesant s'installe. Je sens le regard de Cassandra se poser sur moi, un mélange d'haine et d'incompréhension. Pour la première fois, je n'ose pas l'affronter, je détourne le regard comme une lâche.

— Elle n'a pas tout à fait tort, murmure-je, fataliste, mais pas assez bas pour échapper à l'oreille attentive de la professeur.

— Non, ne dis pas ça ! Madame Feulune s'approche de moi, posant doucement sa main sur mon épaule. Dans son regard, une lueur de bienveillance. — Tu as déjà accompli des progrès incroyables. Ne laisse pas la frustration te submerger. La clé est de croire en toi-même et de rester concentrée. Tu es plus forte que tu ne le crois.

Ses paroles, censées m'encourager, ont l'effet inverse. La fatigue de ces encouragements répétitifs m'accable. Personne ici ne peut comprendre. Je hoche la tête en silence, tandis que ma détermination, cède la place à la peur et à l'incertitude.

Elle invite ensuite d'autres élèves à tenter leur propre lévitation. Chacun à leur tour, ils se lèvent, et la salle se transforme en un ballet de livres, d'objets et de petits ornements flottants. Chaque réussite résonne comme une petite victoire contre les limites de la gravité, tandis que, de mon côté, un sentiment de profonde tristesse m'enveloppe, m'entraînant dans ses méandres.

À suivre...

𝐓𝐡𝐞 𝐡𝐨𝐮𝐬𝐞 𝐨𝐟 𝐛𝐨𝐧𝐞𝐬| 𝐋𝐢𝐯𝐫𝐞 𝐈 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant