Chapitre 8

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Søstjerne, troisième du nom


Nous fîmes route jusqu'à Esbjerg, où un ami de Leïla et son bateau étaient censés nous attendre.

La brise maritime qui avait réussi à s'infiltrer par les fenêtres ouvertes vint fouetter mon visage. La ville possédait le plus important port du Danemark sur la mer noire, et comptait plus de 70 000 habitants, ce qui la rendait assez importante. Malgré ça, je ne m'y étais jamais rendu. Et je n'aurais sans doute plus jamais l'occasion de la visiter...

Nous atteignîmes le port après seulement une petite heure de voyage, où plusieurs bateaux attendaient en balançant leurs amarres. Le temps magnifique que nous avions eu à Billund avait viré au gris, et les nuages noirs commençaient à apparaître au loin. Le vent soufflait si fort qu'il faisait vibrer les tuiles des toits et ses sifflements faisaient penser qu'un esprit s'était immiscé à l'intérieur du bus. Une tempête se préparait. J'espérais de tout cœur que ça n'allait pas nous tomber dessus.

Leïla posta notre véhicule près du ponton et sortit avec Nathan en me demandant de les attendre quelques instants. Ils claquèrent la porte et disparurent dans le brouillard qui s'étendait entre les chalutiers immobiles, tandis que je restais enfermé dans ma chambre.

Je m'affalai de tout mon poids dans la toile que j'avais fini de tisser une dizaine de minutes auparavant, et fermai les yeux. D'aussi loin que je me souvenais, mon dernier – et unique –voyage en bateau remontait à notre déménagement... Je me remémorais encore et avec exactitude le visage de Nathan qui n'arrêtait pas de vomir sous l'effet de la houle, me répétant en boucle que « plus jamais au grand jamais » il ne remonterait dans une embarcation de ce genre. Comme quoi,... il avait eu tort et n'était visiblement pas au bout de ses peines.

Tout à coup, le bus tout entier se mit à vibrer, accompagné par le bruit du moteur, et se mit à rouler droit vers la mer. Une sorte de claquement sourd se fit entendre alors que le véhicule stoppait sa course. Je me relevai et soulevai les draps qui recouvraient les fenêtres, espérant situer l'endroit où je me trouvais. Nous étions sur une plate-forme en béton entourée par une clôture métallique, derrière laquelle d'immenses vagues dansaient. Mais je n'apercevais ni Leïla ni Nathan.

La porte de la pièce s'entrouvrit, laissant filer un maigre rayon de lumière qui vint se heurter contre mes yeux, plus habitués à l'obscurité. En parlant du loup... c'était Nathan. Il me fit signe de venir.

Je m'aventurai donc à l'extérieur, accompagné de mon petit-ami. Notre embarcation n'avait pas encore quitté le port, mais heureusement les alentours étaient déserts et je ne risquais donc pas de me faire surprendre par une quelconque personne. J'aperçus Leïla discuter avec un homme, sans doute ce fameux ami dont elle nous avait parlé, en dessous de la vigie qui surplombait le pont. Je n'osais pas m'approcher, de peur de découvrir la réaction de cet homme étranger qui allait sûrement refuser de nous emmener en voyant mon apparence. Nathan me prit le bras, me tirant autant de mes doutes que vers sa sœur et son camarade.

Quand ces derniers nous virent débouler, ils mirent fin à leur conversation et se tournèrent vers nous. Comme je l'avais imaginé, l'homme parut surpris à mon arrivée, mais étrangement je ne percevais aucune forme de peur ou de panique émanant de lui. C'était un centaure potelé de taille moyenne dans la trentaine, habillé d'une chemise rouge à carreaux et d'un débardeur à l'effigie d'un groupe que je ne connaissais pas, avec un short bariolé dont on avait coupé le haut pour laisser passer sa queue emmêlée. Je me sentis soudain comme nu, alors que j'avais pourtant enfilé un sweat qui couvrait le haut de mon corps. J'allais devoir m'habituer à cette sensation, car mes pantalons et tout autre futile vêtement que je ne pouvais plus mettre étaient devenus inutiles. De plus, pour ne rien arranger, les excroissances qui avaient poussé de mes coudes avaient commencé à percer mes manches...

Hybrides - TomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant