Chapitre 7 : L'ombre du pouvoir

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Quelques jours s'étaient écoulés depuis la chute spectaculaire de Lydia Hastings. Les cercles de l'élite de Valmont n'étaient plus aussi sereins qu'avant. Cette cohorte, habituée aux regards admiratifs et aux conversations sans risque, se retrouvait désormais enveloppée d'une méfiance palpable. Là où régnaient autrefois des sourires fiers et des échanges légers, chaque mot s'était alourdi de prudence et chaque rire sonnait désormais faux. Les regards furtifs avaient pris la place des salutations chaleureuses ; les voix, à peine murmurées, n'osaient plus aborder certains sujets, de peur de révéler trop ou d'en dire assez pour devenir suspect aux yeux des autres. Dans l'ombre, chacun craignait de devenir le prochain sur la liste de ce mystérieux "Ghost."

Les grands rassemblements, autrefois flamboyants, n'étaient plus que l'ombre d'eux-mêmes. Dans les salons feutrés et sous les lustres éclatants, chaque conversation semblait se diluer dans l'inquiétude latente. Pourtant, malgré l'agitation qui couvait, certains conservaient une assurance obstinée, persuadés que l'attaque contre Lydia Hastings n'était qu'un événement isolé, un avertissement dirigé vers elle seule, et non une menace pour eux tous. Ceux-là, en tête des affaires, forts de leur réseau bien tissé et de leur puissance intacte, prenaient cette affaire de Ghost avec une distance calculée, comme un simple accident de parcours.

Pour eux, Lydia avait failli. Elle s'était rendue trop visible, trop vulnérable ; elle n'avait pas su protéger ses arrières. Ils savaient se montrer plus adroits, se glisser avec agilité entre les lignes de la légalité et des apparences, en veillant à ce que rien ne puisse remonter jusqu'à eux. Ils continuaient donc leurs échanges, drapés de cette assurance froide qui leur servait de carapace, convaincus que leur statut et leurs secrets étaient à l'abri de l'intrusion de Ghost.

Dans le silence des réunions privées, sous les plafonds dorés des clubs fermés, des allusions subtiles remplaçaient les déclarations franches. Ils faisaient mine de plaisanter, de ne pas prêter d'importance à ces rumeurs grandissantes ; mais derrière chaque mot, on devinait la peur dissimulée, la menace invisible qui planait désormais au-dessus de leur cercle. Les verres de champagne se levaient comme autant de boucliers symboliques, mais un sentiment diffus d'insécurité s'immisçait peu à peu entre eux.

Effie, quant à elle, observait attentivement chaque détail dans l'ombre, analysant les dynamiques subtiles de ce monde de faux-semblants. Elle savait que les sourires confiants pouvaient masquer des secrets aussi bien que des faiblesses. Et plus elle avançait dans son enquête silencieuse, plus elle comprenait que ce monde, malgré les apparences, était fragile, une façade construite sur des mensonges et des alliances éphémères.

Un après-midi, Effie décida de faire une pause dans un petit café discret de Valmont, loin de l'agitation des grands salons où l'élite s'affichait. Dans cet endroit intime, elle aimait se fondre dans la tranquillité ambiante, savourant un moment de calme tout en gardant l'esprit en éveil. Le café était simple mais élégant, les murs couverts de photographies de Valmont dans ses années d'antan, et les arômes riches du café fraîchement moulu emplissaient l'air d'une chaleur réconfortante.

Assise près de la fenêtre, vêtue simplement, elle feuilletait un livre en apparence distraitement. En réalité, elle scrutait les reflets dans la vitre, capturant du coin de l'œil chaque détail, chaque visage qui entrait et sortait du café. Elle appréciait cet instant de solitude, ce silence qui lui permettait de reprendre son souffle et de planifier les prochaines étapes de sa mission.

C'est à ce moment-là que la porte du café s'ouvrit, laissant entrer un courant d'air frais. Elle leva les yeux et croisa le regard de Jax Montgomery, vêtu d'un costume décontracté mais soigné, un léger sourire flottant sur ses lèvres.

Jax marqua un temps d'arrêt à l'entrée du café, ses yeux s'attardant sur la silhouette familière. « Elena ? » Sa voix portait une note de surprise sincère. « Je ne m'attendais pas à vous trouver dans ce coin reculé de la ville. »

Le maître des ombresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant