Je me suis toujours demandé ce que cela ferait de tout abandonner. Laisser derrière moi les armes, les transactions, les regards furtifs échangés dans l'ombre des deals. La violence, omniprésente, coule dans les veines de cette famille depuis des générations. Mais moi, je n'ai jamais ressenti cet appétit pour le chaos. Ce n'est pas ce que je suis.
Je passe le bandage autour du bras de l'homme allongé devant moi. Un autre soldat blessé, un autre jour dans cette vie que je n'ai jamais vraiment choisis. Mes mains savent ce qu'elles font, mécaniques, comme toujours. Je pourrais faire cela les yeux fermés. Soigner, réparer, redonner une chance à ceux qui, sans moi, finiraient comme tant d'autres dans une fosse anonyme.
Mais est-ce vraiment soigné quand tout ce que je fais, c'est leur donner une chance de retourner dans cet enfer ?
— Vas a estar bien, hermano, dis-je à l'homme en face de moi. Ce n'est qu'une éraflure, mais prends-le comme un avertissement. La prochaine fois, tu pourrais ne pas avoir autant de chance.
Il hoche la tête, mais je sais qu'il ne m'écoute pas vraiment. Aucun d'entre eux ne le fait. Ils retournent toujours au front, prêt à prendre encore plus de coups, encore plus de balles. Et moi, je serai là, à les recoudre, à les sauver de leurs propres décisions.
Je me lève, essuie mes mains sur une serviette, puis jette un coup d'œil par la fenêtre de la petite pièce que j'appelle mon « cabinet ». Il est ridiculement modeste pour quelqu'un de ma position, mais cela me convient. Je préfère ça au luxe ostentatoire que mon jumeau affiche sans retenue.
Marcus.
Rien que d'y penser, un poids se forme dans ma poitrine. Il est tout ce que je ne suis pas. Tout ce que je n'ai jamais voulu être, la fierté de notre père.
Un bruit de pas dans le couloir me fait tourner la tête. Et comme si mes pensées avaient invoqué sa présence, il entre dans la pièce, imposant comme toujours. Il porte l'un de ses costumes noirs, coupés sur mesure, parfaitement ajustés à sa carrure musclée. Son regard est dur, calculateur. Un regard qui ne laisse jamais place au doute.
— Encore en train de jouer au doctorcito, hermanito ? demande-t-il, un sourire en coin.
Je soupire. Il me taquine toujours avec ça, comme s'il ne comprenait pas pourquoi je fais ce que je fais. Mais en vérité, il comprend parfaitement. Il sait que je déteste cette vie, que chaque jour passé ici est une lutte pour ne pas partir, pour ne pas m'échapper.
— Tu sais que je ne joue pas, Marcus, je réponds calmement en repliant mes instruments. Ils ont besoin de moi.
— Ils ont besoin de toi pour rester en vie... et pour retourner se faire descendre, rétorque-t-il en haussant un sourcil. Et toi, tu continues à les sauver. C'est une boucle sans fin.
Je me retourne pour le regarder, mais il est déjà en train de marcher autour de la table, ses doigts traînant sur les étagères, curieux, comme toujours. Il n'a jamais pu se contenter d'un rôle passif. Il doit toujours être au centre de l'action, qu'il s'agisse de diriger une opération ou de manipuler ceux qui gravitent autour de lui.
— Tu devrais venir avec moi ce soir, hermano. Un deal important. On va conclure un gros contrat. Los Costa vont encore renforcer leur emprise, et tu devras être là pour voir ça.
Je secoue la tête. L'idée même de me tenir à ses côtés pendant qu'il vend des armes ou de la drogue me donne envie de vomir.
— Je n'ai rien à faire dans ces affaires. Tu sais très bien que je veux sortir de tout ça.
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La tueuse & le Guérisseur, tome 1
RomanceFormée par La Muerta, une femme impitoyable qui façonne les meilleures armes humaines au côté du Scorpion, Valentina a été préparée toute sa vie à être une tueuse parfaite. Sa nouvelle mission la mène au cœur de la famille Costa, où elle doit infilt...