Chapitre 11 : Alexander

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Le bruit assourdissant des balles, les cris de douleur, et le chaos qui règne autour de nous s'effacent enfin lorsque je la vois s'effondrer devant moi. Son corps se plie lentement, comme une marionnette dont les fils viennent de se rompre, et mes instincts prennent le dessus.

— Valeria ! crié-je, ma voix tranchant à travers le tumulte.

Je me précipite vers elle avant que son menton ne touche le sol, la rattrapant de justesse. Mon cœur bat à tout rompre, et chaque seconde qui passe me semble une éternité. Le sang s'échappe de sa blessure, imbibant son haut et mes mains. La plaie est bien plus grave que je ne l'avais évoqué.

— Merde, murmuré j'entre mes dents, alors que je tente de comprimer la plaie pour arrêter le saignement.

Tout s'efface autour de moi. Les balles, le chaos, même Marcus. Il n'y a que cette femme, inconsciente, que je tiens entre mes bras. Son visage est pâle, ses lèvres tremblent légèrement, et je peux sentir la vie lui échapper. C'est une course contre la montre, et je ne peux pas la laisser mourir.

Pas comme ça.

Je cherche des yeux un endroit où nous pourrions nous abriter. Mes pensées sont confuses, mais une seule idée me traverse l'esprit : la sauver. Ce n'est plus une question de mission ou de ce que Marcus attend de moi. C'est devenu personnel. Cette femme s'est jetée au milieu de la bataille pour nous protéger, pour protéger mon frère, je ne peux pas la laisser tomber.

— Tiens bon, dis-je à voix basse, presque pour me rassurer. Tu ne vas pas crever ici.

Je la soulève avec précaution, serrant les dents sous l'effort, et me dirige vers un bâtiment à moitié détruit, un abri de fortune dans cette ville déchirée par la guerre. Je ne sais pas encore pourquoi cette femme se bat avec une telle férocité, mais je comprends qu'il y a quelque chose de plus grand derrière tout ça.

Marcus, saoul et riant toujours comme un dément, est à l'opposé. Il titube dans les décombres, inconscient du danger qui continue de rôder. Mes hommes l'entourent, essayant tant bien que mal de le protéger, mais je ne peux pas me concentrer sur lui.

Je la pose délicatement sur une plaque en bois à l'intérieur du bâtiment, à l'abri des regards. Son souffle est faible, presque imperceptible, et son corps devient froid sous mes mains. J'arrache un morceau de tissu de ma chemise, l'utilisant pour tenter de stopper l'hémorragie.

— Putain... murmurée-je encore, ma frustration grandissant alors que le sang continue de couler.

Son visage pâlit encore plus, et je serre les dents.

Une main faible attrape la mienne. Je baisse les yeux, surpris de la voir ouvrir les yeux, ne serait-ce que faiblement.

— Ne... t'inquiète pas, murmure-t-elle, sa voix rauque. J'ai survécu à pire...

Son courage me frappe de plein fouet. Même blessée, même à deux doigts de la mort, elle refuse de céder. Qui est-elle vraiment ? Pourquoi est-elle ici, au milieu de ce carnage, alors que tout cela n'aurait jamais dû la concerner ?

— Tu ne devrais pas parler, dis-je en essayant de garder mon calme, mais ma voix tremble légèrement. Tu dois économiser tes forces.

Elle esquisse un sourire, faible, mais présent, avant de fermer de nouveau les yeux, son corps s'affaissant. Je sais que ce n'est qu'une question de temps. Elle est en train de sombrer.

Je ne réfléchis plus. Je me mets à genoux à côté d'elle, prenant mon petit sac à dos où je garde toujours un minimum de matériel médical. Rien d'assez sophistiqué pour cette situation. Quand on a un frère comme Marcus, on ne sort jamais les mains vides.

La tueuse & le Guérisseur, tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant