Chapitre 20 : Valentina

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Le silence dans la pièce est étouffant, seulement brisé par le tapotement de mon portable contre ma paume. Alexander m'a ramenée au manoir, et depuis, une seule pensée me hante. Flavia. Je dois lui parler, lui dire où j'en suis. Mais surtout, je dois entendre sa voix. C'est tout ce qui me maintient dans ce chaos. Elle est mon ancre.

J'ai profité du peu de temps que j'avais avant de retrouver Alexander dans la voiture pour contacter les Rorarez et annoncer ce que j'ai découvert sur les Costa. Leurs plans, leurs mouvements, leurs failles. Chaque détail compte, et je sais que La Muerta et Le Scorpion sont déjà en pleine réflexion sur la prochaine étape, si ce n'est pas déjà fait depuis les heures qui séparent mon appel.

Le téléphone dans ma main semble lourd, presque brûlant. Je le serre un peu plus fort en traversant ma chambre jusqu'à la salle de bain. Une fois à l'intérieur, je fais couler l'eau du robinet, le bruit apaisant couvrant mes murmures. Ce n'est pas seulement pour me rassurer. Ici, chaque bruit compte. Chaque mot que je prononce pourrait être entendu si je ne fais pas attention.

Les murs ont des oreilles, c'est ce que me répéter La Muerta.

Je compose le numéro de Flavia. Mon cœur bat plus vite. Une impatience fébrile s'empare de moi à l'idée d'entendre sa voix. Cela fait bien trop longtemps que nous n'avons pas parlé directement. Depuis que je suis ici, avec les Costa, le temps semble s'étirer, et chaque seconde loin d'elle me semble plus lourde à porter.

Le téléphone sonne une fois, puis deux. Mon souffle est suspendu, je m'accroche à l'idée que tout va bien, que la connexion se fera sans encombre. Puis, enfin, sa voix traverse la ligne.

— Valentina, murmure-t-elle, sa voix basse, mais teintée de ce mélange de chaleur et de force qui lui est propre.

Mon cœur se serre. Flavia. Entendre mon nom dans sa bouche fait fondre toute la tension qui pesait sur mes épaules.

— Flavia, dis-je, mon ton presque suppliant.

Un silence s'installe, puis elle répond, son ton plus sérieux cette fois.

— Alors, parle-moi. Qu'est-ce que tu as découvert sur les Costa ?

Je jette un coup d'œil rapide à la porte, vérifiant qu'elle est bien fermée avant de m'appuyer contre le carrelage froid. Je commence à lui raconter tout ce que j'ai appris. Les failles de Marcus, son arrogance, et surtout, cette méfiance constante qu'il a envers tout le monde. C'est cette méfiance qui pourrait être sa plus grande faiblesse. Je lui parle aussi de Alexander, de ses doutes, de ses luttes internes. Il n'est pas comme les autres, et c'est peut-être là que je peux frapper.

— Alexander, dit-elle doucement. Il n'est pas une cible facile, mais tu sembles déjà avoir trouvé un angle d'attaque.

Je hoche la tête, même si elle ne peut pas me voir.

— Je sais. Il a un côté vulnérable, une sorte de... conscience. C'est étrange dans ce milieu, mais je peux l'utiliser à notre avantage.

Le bruit de l'eau continue de couler, étouffant nos voix. Mais je me sens plus exposée que jamais. C'est toujours comme ça quand je parle à ma meilleure amie. Elle me comprend mieux que personne. Elle sait ce que je ressens, même sans que je le dise.

— Fais attention, murmure-t-elle après un moment. Marcus n'est pas le seul danger... Ne te perds pas Val.

Je ferme les yeux un instant, laissant ses paroles résonner en moi. Elle a raison. Alexander n'est qu'un pion dans ce jeu, un moyen d'atteindre son frère et, par extension, de mener à bien la mission. Mais dans la voiture, j'ai senti cette ligne devenir floue, et c'est dangereux.

La tueuse & le Guérisseur, tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant