La tueuse & le Guérisseur, tome 1

Chapitre 16 : Valentina

Les jours passent et Alexander revient de plus en plus souvent. Ses questions, toujours les mêmes, tournent en rond dans mon esprit, cherchant des réponses qu'il ne pourra jamais vraiment obtenir de moi. Je sens qu'il est sur ses gardes, qu'il cherche à comprendre qui je suis réellement. Mais c'est justement là que je dois agir.

Pour le moment, il croit que je suis Valeria Santos, cette femme mystérieuse venue de nulle part, mais je sais que ses incertitudes le rongent. Il veut des réponses, et c'est là que je dois utiliser l'histoire que j'ai fabriquée de toutes pièces inspirées de mon passé avant la Muerta, alors que je n'étais qu'une gamine. Mon charme, ma capacité à manipuler les situations à mon avantage, sont mes seuls alliés dans cette mission.

Je regarde mes seins sous mon haut noir, eux aussi sont un avantage. Un homme reste un homme après tout.

Je me tiens devant la fenêtre, observant la lumière du jour se refléter sur les murs du manoir. Ce monde est un piège doré, et chaque minute que je passe ici sans reprendre contact avec les Rorarez m'éloigne un peu plus de ma mission. La Muerta et Le Scorpion comptent sur moi, et Flavia... elle doit être en train de s'inquiéter. Cela fait bien trop longtemps que je suis coupée de tout, et je dois leur montrer que je n'ai pas échoué.

Je me tourne vers la porte, sachant qu'il ne tardera pas à revenir. Ce soir, je dois accélérer les choses. Mon rôle de séductrice est la clé. Si je parviens à obtenir sa confiance, il me laissera sortir d'ici, peut-être même sans se douter de mes véritables intentions. J'ai besoin d'accéder à l'extérieur, de retourner au refuge, là où j'ai caché mes affaires. Avec ces objets en main, je pourrai enfin contacter les Rorarez, rassurer Flavia, et envoyer un message à La Muerta et Le Scorpion. Leur dire où j'en suis, et surtout, ce que j'ai réussi à obtenir jusqu'à présent.

La porte s'ouvre enfin, et il entre dans la pièce. Son regard est toujours aussi intense, mais je peux voir qu'il est troublé. Il n'a pas encore trouvé les réponses qu'il cherche, et cela le rend précaire. C'est le moment parfait pour frapper.

— Alexander, dis-je doucement en m'avançant vers lui, un léger sourire aux lèvres.

Je sais que ce sourire le déstabilise. Il tente de rester impassible, mais je sens son regard sur moi, cherchant à lire à travers mon masque. Mais je suis bien trop habituée à ces jeux. Ce n'est pas la première fois que je dois jouer ce rôle, et ce ne sera certainement pas la dernière.

Je m'approche, lentement, mes mouvements calculés. Chaque geste doit paraître naturel, presque involontaire. Il ne doit pas se rendre compte que je suis en train de tisser ma toile, qu'il n'est qu'une mouche emmêlée à l'intérieur.

— Tu sembles préoccuper, ajouté-je, ma voix douce, presque rassurante. Est-ce que quelque chose te tracasse ?

Il me fixe, cherchant encore à percer mes défenses, mais je ne lui laisse aucune prise. Je fais mine de m'inquiéter pour lui, de me rapprocher, physiquement comme émotionnellement. C'est une danse subtile, et je dois faire en sorte qu'il y croie.

— Tu sais déjà ce qui me tracasse, répond-il, son ton plus dur que d'habitude. Qui es-tu vraiment ? Valeria Santos... est-ce vraiment ton nom ?

Mon sourire se fige légèrement, mais je ne perds pas le contrôle. Je baisse les yeux, jouant la carte de la fragilité, celle qui pousse les hommes comme lui à se rapprocher, à chercher à me protéger.

Je sais différencier un homme sans âme et lui n'a rien de tout ça, son cœur bat contrairement à son frère.

— Valeria Santos est... le nom que j'utilise, dis-je enfin, ma voix teintée d'hésitation. J'ai fui mon passé. J'ai dû survivre, et pour cela, j'ai dû laisser derrière moi la personne que j'étais. Mais je ne suis pas un danger pour toi. Je suis ici simplement pour avoir un job et gagner ma croûte.