La tueuse & le Guérisseur, tome 1

Chapitre 33 : Valentina

Les jours passent, et à chaque instant, Alexander s'occupe de moi avec une attention presque déconcertante. Il veille sur mes soins, me guide dans les jardins, m'aidant à retrouver l'usage de ma jambe, à me remettre sur pied. Sa présence est constante, rassurante, et même si je ne l'admets pas ouvertement, je me sens en sécurité avec lui.

Aujourd'hui, pourtant, quelque chose est différent. Lorsque j'ouvre les yeux, la lumière douce du matin filtre à travers les rideaux, et je remarque que la porte de ma chambre est légèrement entrouverte. Mon cœur bat plus vite. C'est comme si on m'autorisait enfin cette liberté que j'avais si ardemment désirée.

Je me redresse lentement, encore en pyjama, mes muscles protestants légèrement sous l'effort. Je clopine vers la porte, et avec une certaine hésitation, je l'ouvre complètement. Aucun garde en vue. L'étrange sensation de vide m'enveloppe. Je suis seule... libre ?

Mon cœur bondit alors que je fais mes premiers pas hors de la chambre, comme une exploration interdite. Les couloirs sont déserts. Aucun signe de surveillance. Je continue d'avancer, profitant pleinement de cet instant, marchant plus vite malgré la douleur encore présente dans ma jambe.

Je traverse le manoir jusqu'à ce que je le trouve. Il est assis sur un canapé dans le jardin, une tasse de café fumant à la main, les yeux perdus dans l'immensité verte qui s'étend devant lui. Je m'approche en silence, mes pas étouffés par l'herbe, et m'installe à ses côtés sans un mot.

Il sursaute violemment, renversant son café au sol dans un éclat de surprise. Cela m'arrache un rire sincère, quelque chose de rare ces derniers temps.

— Suis-je libre, demandé-je en lui jetant un regard moqueur, ou ton frère est-il en réunion loin d'ici pour me laisser sortir de ma cage dorée ?

Alexander se redresse, essuyant le café renversé avec un sourire amusé. Il secoue la tête, son regard se posant sur moi, un mélange d'affection et de surprise dans ses yeux.

— Tu as vraiment le don de te faufiler partout, hein ? dit-il en riant doucement.

Je lui rends son sourire, mais je suis toujours en attente de ma réponse. Je veux savoir si cette liberté que je ressens est réelle ou si elle est encore un mirage, un cadeau empoisonné.

Il finit par soupirer, son expression devenant plus sérieuse.

— Mon frère est bien en réunion, loin d'ici, avoue-t-il en détournant légèrement les yeux vers le jardin. Mais ce n'est pas tout. Je t'ai aussi donné un peu plus de latitude...

Je le fixe, mon cœur s'emballe légèrement. Il m'a laissé sortir ? Lui ? J'attends la suite, mes mains tremblantes de cette anticipation que je ne parviens pas à contenir.

— Je t'ai observée te battre pour retrouver tes forces, continue-t-il doucement. Tu mérites plus que d'être enfermée dans cette chambre comme une prisonnière. Alors... aujourd'hui, je voulais que tu puisses respirer, que tu puisses profiter de cette liberté, ne serait-ce que pour quelques heures.

Ses mots me touchent plus que je ne l'aurais imaginé. Je ne suis plus habituée à tant de considération. Depuis trop longtemps, tout dans ma vie a été dicté par la violence, la méfiance, la manipulation. Alexander, lui, me laisse entrevoir autre chose. Quelque chose que je croyais inaccessible.

Je me laisse aller contre le dossier du canapé, savourant ce moment inattendu, même si une partie de moi reste sur ses gardes.

— Merci, soufflé-je après un moment de silence. Mais tu sais bien que cette liberté n'est qu'éphémère, n'est-ce pas ?