La tueuse & le Guérisseur, tome 1

Chapitre 10 : Valentina

La place centrale est plongée dans le chaos. Les hommes que j'ai fait tomber sont suspendus, exposés comme des pantins grotesques, un avertissement silencieux à quiconque oserait trahir les Costa. Mais cette démonstration a déclenché plus qu'une simple onde de choc. Une guerre de clans vient d'éclater dans les rues. Des hommes armés, des balles sifflant dans l'air, et une menace de tout réduire, même les citoyens qui n'ont rien demandé.

Je ne peux pas rester sans rien faire. Je sais que même si je m'abrite et tente de fuir, je ne m'en sortirai pas. Tout le monde est une cible. Et si l'un des frères meurt ce soir, ma mission échoue. La Muerta et Le Scorpion ne me pardonneront jamais. Mieux vaut affronter le danger de face que de mourir dans l'ombre.

Je sors discrètement de ma cachette, le bruit des balles résonnant comme des coups de tonnerre autour de moi. Mes yeux fouillent la place, cherchant Marcus au milieu de ce carnage. Je dois le trouver, et vite. Il est la clé de tout, et sans lui, rien ne fonctionnera.

Au milieu des cris et des tirs, j'entends une voix familière. Une voix que je reconnaîtrais parmi mille.

⸺ Où es-tu, ojo de gato ? crie Marcus, sa voix mêlée de rire et d'ivresse. Il titube au milieu de ses hommes, son arme à la main, mais c'est évident qu'il n'a aucun contrôle sur la situation.

Mon cœur s'accélère. Il est en danger. Trop saoul pour se défendre correctement, trop exposé au milieu de cette fusillade. Je me faufile entre les ombres, tirant sur les ennemis qui croisent ma route, avançant méthodiquement vers lui. Chaque coup est calculé, précis, mais je dois rester discrète. Je ne peux pas me permettre d'attirer trop d'attention.

Les hommes de Costa forment une barrière de protection autour de lui, essayant de repousser les assaillants, mais les ennemis sont nombreux. Trop nombreux. Je me rapproche, mes yeux scannent la scène, et je l'aperçois.

Alexander.

Il se débat, ses mouvements plus calmes, plus mesurés que ceux de son frère. Il est concentré, sa silhouette imposante dégage une force tranquille. Contrairement à Marcus, il n'est pas enivré par le chaos, mais il est pris dans la tourmente, obligé de défendre son frère. Cet homme que je dois séduire, manipulé pour atteindre Marcus. Et maintenant, il est ici, au milieu de ce carnage, je réalise qu'il ne contrôle pas la situation.

Je me précipite, tirant entre les hommes, me frayant un chemin jusqu'à ma cible. Je dois le protéger. Sa mort ruinerait tout, et je n'ai pas l'autorisation d'échouer. Mon souffle est court, mon cœur bat à tout rompre, mais je reste concentrée.

— ¡Ojo de gato! Se met-il à crier de nouveau, levant son arme en l'air dans un geste brusque. Là voilà, dit-il en s'esclaffant bruyamment, titubant encore plus sous l'effet de l'alcool.

De qui il parle ?

Tout se passe très vite. Une balle siffle dans l'air, dirigée droit vers lui. Sans réfléchir, je me jette en avant, mon corps se projetant entre lui et la balle. La douleur est immédiate, un choc brutal qui me coupe le souffle, mais je ne m'arrête pas. Je l'ai protégé, et c'est tout ce qui compte.

Des balles, j'en ai reçu et celle-là ne me tuera pas.

Je tombe à genoux, ma main serrant ma blessure tandis que le sang coule. Marcus titube encore, inconscient du danger qu'il vient d'éviter. Mais c'est Alexander qui réagit, se précipitant vers moi, pensant sans doute que je suis une simple villageoise prise dans le feu croisé. Il se penche à mes côtés, ses mains chaudes et fermes m'attrapant pour m'aider à me redresser.

— Vous allez bien ? murmure-t-il, son ton mêlé d'inquiétude et de concentration. Je hoche faiblement la tête, sachant que je dois jouer le jeu.

— Je vais bien, réussis-je à articuler malgré la douleur. Mais... je dois l'aider.