La tueuse & le Guérisseur, tome 1

Chapitre 30 : Alexander

Cela fait deux jours que Valeria est partie, et je n'ai toujours pas de nouvelles. Chaque minute qui passe sans entendre sa voix me plonge un peu plus dans une angoisse silencieuse, une peur que je n'ose même pas formuler. Je suis resté fort, me répétant qu'elle reviendra. Mais une part de moi ne peut s'empêcher de penser au pire.

Je me dirige vers le bureau, cherchant à m'occuper l'esprit, à éviter de céder à cette anxiété qui me ronge de l'intérieur. En approchant de la porte légèrement entrebâillée, des voix m'arrêtent net dans mon élan. Enzo et Marcus discutent à voix basse, mais suffisamment fort pour que je capte quelques bribes de leur conversation.

— Elle bouge beaucoup trop vite, Marcus, murmure Enzo d'un ton grave. Ses déplacements ne collent pas avec l'idée d'une simple mission.

Je me fige. Ils parlent d'elle. Mon cœur se serre instantanément, et je me sens partagé entre l'envie de m'éloigner pour ne pas entendre et celle de comprendre ce qu'ils cachent. Je m'approche discrètement, tendant l'oreille.

— Continue de la suivre, ordonne Marcus. Si elle fait le moindre faux pas, je veux être le premier à le savoir.

Il marque une pause, et je sens la tension monter dans la pièce.

— Hector est déjà en train de la surveiller de près. Si elle se révèle être une traîtresse... on la neutralisera avant qu'elle n'ait le temps de faire quoi que ce soit.

Je sens mon sang se glacer dans mes veines. Neutraliser. Ils parlent de Valeria comme d'une simple menace à éliminer. Mon esprit est assailli de doutes, mais je me refuse à croire que ce soit vrai. Valeria ne peut pas être une traîtresse. Non, je ne peux pas l'accepter. Pas elle.

Je ne peux pas imaginer qu'elle soit impliquée dans quoi que ce soit qui puisse nous trahir. Pourtant, ces informations troublantes que Enzo fournit à Marcus font naître une fissure dans mes certitudes. Je me tourne vers la porte, incapable de bouger, chaque mot que j'entends augmentant mon tourment.

— Surveille-la. Prépare-toi à agir dès le moindre signe de trahison, conclut Marcus. On n'a pas de place pour l'erreur.

Je serre les poings, me battant contre cette vague de doutes qui menace de tout submerger. Je dois savoir la vérité. Mais je ne peux pas la laisser tomber, pas avant d'avoir entendu sa version. Si elle est en danger, je dois la protéger, coûte que coûte.

Je me ressaisis et frappe à la porte comme si de rien n'était, masquant les tourments qui tourbillonnent dans mon esprit. Lorsque Marcus m'ouvre, il m'accueille avec un sourire... étrange. Pas celui de l'habituelle méfiance ou du calcul froid, mais quelque chose de plus... jovial. Quelque chose qui me met immédiatement mal à l'aise.

— Hermano, lance-t-il en s'approchant de moi. Viens, on va se détendre au club ce soir. Tu as l'air tendu.

Je le fixe un instant, incapable de lire ses intentions derrière ce sourire inhabituel. Marcus n'est jamais de bonne humeur sans raison. Ce comportement n'est pas naturel, et ça ne me plaît pas. Je hoche la tête, jouant le jeu, mais au fond, tout mon être se tend.

— Ça te fera du bien, continue-t-il, son ton presque insouciant. Lola nous y rejoindra. Elle sait toujours comment faire disparaître les soucis.

Je serre les dents. Lola. Il veut m'entraîner dans son monde, utiliser ses armes habituelles : l'alcool, la manipulation, et la tentation. Il a un plan, c'est évident, mais je ne sais pas encore lequel. Peut-être a-t-il entendu quelque chose sur Valeria, ou sent-il que je suis plus attaché à elle qu'il ne le voudrait. Tout ce que je sais, c'est qu'il prépare quelque chose, et ce faux sourire ne fait que le confirmer.