La tueuse & le Guérisseur, tome 1

Chapitre 34 : Marcus

La réunion bat son plein, et l'air est lourd dans la pièce. Lola commence à exposer les dernières informations recueillies par ses filles, son ton froid et professionnel. Elle annonce qu'une de ses filles a entendu parler de l'attaque de la cargaison.

— Il s'agirait du Scorpion, dit-elle en croisant les bras. Un civil qui se promenait dans la forêt aurait tout vu. Il a même entendu une conversation entre le Scorpion et une jeune femme qui pleurait dans les bras d'une autre.

Je sens la colère bouillir en moi, mais je reste silencieux, mes poings serrés sous la table. Chaque nouvelle information me rapproche un peu plus de cette vérité.

Hector intervient à son tour, sa voix grave et posée.

— Durant la mission tout s'est bien passé, sur le retour dès que ça a dégénéré, j'ai tracé de toute façon ils se faisaient tous abattre, mais... elle... elle a survit. Ils étaient au moins quinze bagnoles. Elle n'aurait pas dû survire. Je l'ai surpris plusieurs fois à la fenêtre, l'air inquiet. Elle observe, comme si elle attendait. C'est louche.

Ma mâchoire se crispe à ces mots. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond avec cette fille, et je ne suis pas le seul à le penser. Puis, Enzo prend la parole, le visage impassible, mais ses mots lourds de sous-entendus.

— J'ai placé un mouchard dans sa chambre, déclare-t-il calmement. Elle a discuté avec quelqu'un, malgré le bruit de l'eau. C'était bref, mais suffisamment suspect pour mériter notre attention.

Je reste figé, mon regard se tournant vers Alessia, silencieuse jusqu'ici. Elle ne dit rien, mais je sais qu'elle enregistre chaque détail, chaque mot, prête à dégainer son propre jugement. Et moi, chaque information fait grandir ma rage. Mon frère, ce crétin, s'est adouci pour cette fille. Il a baissé sa garde, et ça nous met tous en danger.

Je savais que je ne pouvais pas lui faire confiance, elle n'avait pas franchi le quart de nos tests pour gravir les portes de mon putain de manoir et pourtant cette pute se retrouve sous mon toit, dans les bras de cet imbécile qu'est mon frère.

Pour enfoncer le clou, Santiago fait irruption dans la pièce. Sans un mot, il jette un sac sur la table, attirant l'attention de tout le monde. Il se redresse, l'air fier de sa trouvaille.

— J'ai trouvé ça, annonce-t-il d'une voix grave, ses yeux perçant chacun de nous. Grâce aux habitants, j'ai découvert où cette garce logeait avant de venir ici. Après quelques menaces et avoir tué le gardien du lieu, j'ai trouvé la chambre qu'elle occupait.

Je le fixe, mes nerfs à vif.

— C'est une putain de taupe, déclare-t-il avec assurance, un sourire carnassier se dessinant sur ses lèvres.

La pièce tombe dans un silence tendu. Mon regard se fait plus sombre. Cette fille n'était pas là pour des affaires. Elle jouait avec nous depuis le début. Et moi, je ne laisserai pas cette trahison impunie.

Le silence tendu qui régnait dans la salle est brisé par une question évidente, mais cruciale. Alessia pose ce que tout le monde pense sans oser le dire.

— Le problème, c'est qu'on ne sait pas de quel clan elle vient. Ça pourrait être le Scorpion, mais qui dit que le citoyen ne mentirait pas ? Il voudrait peut-être simplement ramasser un gain pour avoir dégoté la taupe.

Ses mots sont lourds de vérité. Nous ne savons rien. Rien sur ses véritables intentions ni sur ce qu'elle cherche à accomplir.

Je serre les poings, irrité par cette situation. Je n'aime pas ne pas avoir de contrôle. Et cette fille a bouleversé notre monde sans que je m'en rende compte. Hector, Enzo, Santiago, tous sont d'accord qu'elle est une menace. Mais je sens que c'est plus profond que ça.

Soudain, la porte s'ouvre à nouveau et Guerra entre, le visage fermé. Il se dirige vers moi sans préambule, sa voix grave résonnant dans la pièce.

— Je t'avais dit de te méfier, grogne-t-il, un éclat de reproche dans les yeux. Je ne la sentais pas, et tu le sais. Mais ton impulsivité a interrompu le test avant qu'on puisse vraiment savoir.

Je le regarde, mes dents serrées, incapables de contredire ses paroles. Il a raison. Mon tempérament m'a peut-être aveuglé, mais maintenant nous savons comment agir.

Elle va crever !

Lola croise les bras, son regard se faisant plus perçant.

— Et que fait-on de ton frère ? demande-t-elle calmement, mais avec une lueur d'inquiétude. Il s'est attaché à cette fille. Il n'a pas voulu tomber dans mes bras, et maintenant, il ne voit plus que par elle. Mais pourquoi s'approcher de lui, si c'est toi qui es visé ?

Ses questions me frappent de plein fouet. Pourquoi Alexander ? Pourquoi elle l'a choisi, elle, alors que je suis celui qui détient le pouvoir ici ? Est-ce qu'elle veut nous diviser, nous affaiblir de l'intérieur ?

Je m'appuie sur la table, mon regard se perdant un instant. Si elle vise Alexander, alors ça peut être encore pire que prévu. Il est devenu la cible parfaite, et moi, je n'ai pas agi comme j'aurai dû le faire.

Valeria a trop joué avec nos têtes. Il est temps de reprendre le contrôle.

Je prends une grande inspiration, cherchant à contenir cette rage qui gronde en moi. Mes mains tremblent légèrement, je sors une cigarette de ma poche, l'allumant d'un geste nerveux. La fumée envahit mes poumons, me procurant un bref moment de calme, mais ce n'est qu'une illusion. La colère monte, bouillonne, prête à exploser à tout moment.

Je me redresse, mes yeux noirs de colère se posant sur Hector et Enzo, qui attendent mes ordres.

— Prenez-la par surprise et ramenez-la au sous-sol, grogné-je en expirant un nuage de fumée. Puis fouillez sa chambre de fond en comble. Elle a profité du confort des Costa trop longtemps. Il est temps que cette pute savoure autre chose que les coups de queue de mon frère.

Le ton de ma voix ne laisse aucun doute. Je ne tolérerai aucune faiblesse, aucune pitié. Valeria a joué avec nous, et maintenant, elle va en payer le prix. Mes pensées se bousculent, mais une chose est claire : elle va craquer, et je vais m'assurer que chaque mot qui sort de sa bouche soit la vérité.

Je prends une autre bouffée de ma cigarette, mes pensées dérivant vers Alexander. Mon frère. Celui qui a toujours été trop faible, trop doux. Il s'est laissé aveugler par cette fille, et il est temps de lui remettre les idées en place.

— Quant à mon frère... murmuré j'en serrant les dents, la cigarette entre les doigts. Je vais m'occuper de lui moi-même. Il va découvrir par lui-même qui est vraiment cette Valeria.

Je me lève brusquement, écrasant la cigarette dans un cendrier, puis je jette un regard glacial autour de la salle.

— Allez, faites ce que j'ai dit. Il est temps de mettre fin à ce jeu.

La rage brûle toujours en moi, mais je la canalise, la transforme en une détermination froide. Quand je suis comme ça, je suis le plus dangereux. Et Valeria n'a aucune idée de ce qui l'attend.