Chapitre 39 : Valentina

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Les chaînes se resserrent autour de mes poignets, mais cette fois, ce n'est pas la douleur physique qui me brise. C'est bien pire. C'est l'adieu silencieux que je vois dans ses yeux. Alexander, mon guérisseur, celui qui m'a soignée tant de fois, m'attache à nouveau. Mais cette fois, quelque chose a changé. L'or dans ses yeux est revenu. Ce n'est plus l'homme brisé par l'alcool, par la rage. C'est mon Alexander.

Je ne peux pas quitter son regard. Mes poignets brûlent là où les chaînes mordent à nouveau ma peau, mais je ne ressens plus la même terreur. Pas avec lui. Son regard fait d'or plonge dans le mien, et dans cet instant, tout semble s'effacer. Le monde autour de nous n'est plus qu'un bruit de fond. Il n'y a que lui et moi.

— Je vais revenir, murmure-t-il, ses mains hésitant à lâcher mes poignets, comme s'il redoutait de me laisser seule. Je vais te soigner. Je vais t'apporter ce qu'il faut pour que tu tiennes.

Son cœur bat aussi fort que le mien. Je l'entends dans chaque mot qu'il prononce. Ses promesses sont douces, mais teintées de la douleur de la réalité. Je ne sais pas combien de temps nous avons. Mais je sais une chose : tant qu'il sera là, je tiendrai.

— Valentina... soufflée-je, la voix tremblante d'émotion. J'ai 23 ans.

Je ne sais pas pourquoi je le lui dis. Peut-être parce que je ne veux plus qu'il m'appelle Valeria, ce nom qui appartient à la mission, à la traîtresse qu'il croit que je suis. Je veux qu'il connaisse la vraie moi, même si c'est pour un court instant.

Je veux juste entendre mon n rouler entre ses lèvres juste une fois.

Il se fige. Ses doigts, toujours posés sur les chaînes, se relâchent légèrement. Puis il plante ses yeux dorés dans les miens, soufflant mon prénom, Valentina, avec une tendresse qui me coupe le souffle. C'était comme s'il venait de dire la plus belle chose qu'il n'avait jamais dite, mieux que je ne l'imaginais.

— Valentina... murmure-t-il, comme si ce prénom était une révélation, une vérité qu'il venait de découvrir.

Dans ses yeux, je vois tout ce que nous avons perdu. Tout ce que nous ne pourrons peut-être jamais avoir. Mais je vois aussi quelque chose de plus fort : l'espoir. Peut-être qu'il y a encore une chance pour lui.

Je n'arrive pas à détourner les yeux. Ce moment semble suspendu dans le temps, une trêve fragile entre la trahison et la douleur. Ses doigts effleurent les chaînes qui m'entravent, mais ce n'est plus une prison. C'est un lien. Un lien entre nous, malgré tout ce qui s'est passé.

— Valentina... répète-t-il, cette fois avec une intensité plus grande, comme s'il voulait graver ce prénom dans l'air, comme s'il réalisait enfin qui je suis vraiment.

Mon cœur bat si fort que je crains qu'il puisse l'entendre. Chaque fibre de mon corps veut lui dire la vérité, tout ce que je lui ai caché, tout ce que je ressens. Mais je ne peux pas. Ce n'est pas le moment, pas alors que Marcus pourrait revenir à tout instant.

Je sens ses doigts s'attarder une seconde de plus sur mes poignets avant qu'il ne recule. Sa respiration est lente, contrôlée, mais je vois la lutte intérieure dans ses yeux. Lui aussi se bat contre ses propres démons.

— Je reviendrai, dit-il à nouveau, mais cette fois, il y a une hésitation dans sa voix. Je ne te laisserai pas seule ici.

Je veux le croire. Je veux tant croire qu'il me sauvera, qu'il me sortira de cet enfer. Mais nous sommes piégés. Lui par son frère, moi par mes mensonges. La seule issue, c'est de jouer ce jeu encore un peu plus longtemps, de tenir jusqu'à ce que mon dernier souffle soit volé.

Je hoche la tête, incapable de parler. Les mots me manquent, coincés dans ma gorge. Alexander recule d'un pas, puis deux, ses yeux ne quittant jamais les miens. C'est comme s'il avait peur qu'en rompant le contact, tout ce qui existe entre nous disparaisse.

La tueuse & le Guérisseur, tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant