Dans les bras d'un monstre

Chapitre 2

  - Mademoiselle Cullen ? Est-ce que vous m'entendez ? 

La voix masculine brisa le rythme infernal des battements de son cœur et elle s'arracha à ses pensées pour regagner la réalité.

Cette réalité l'obligea alors à faire face aux personnes installées dans le tribunal. Freya tortilla ses doigts, mal à l'aise de devoir affronter depuis la barre des témoins tous ces regards posés sur elle et qui attendaient avec impatience que la première audience commence enfin.

Tétanisée, elle inspira profondément en déviant ses yeux sur l'avocat impitoyable assis quelques mètres devant elle et qui brûlait de se lever pour l'interroger à son tour.

  - Oui, je vous entends, finit-elle par répondre en croisant le regard de son avocat.

  - Est-ce que vous êtes prête ? Lui demanda-t-il d'une voix basse afin que personne ne puisse l'entendre.

Elle hocha de la tête parce que sa bouche était trop sèche et la suite l'obligera bientôt à la remuer.

  - Dans ce cas, nous allons pouvoir commencer.

Un moment de silence s'ensuivit et elle pouvait entendre le grincement des bancs qui battaient au rythme de l'agitation. Certains attendaient de pouvoir noter sur des cahiers ou des petits carnets et d'autres prêts à taper sur le clavier de leur téléphone.

  - Nous sommes le 28 juin 2017, nous sommes en pleine après-midi, commença son avocat en se mettant devant elle afin d'être coupée de reste la salle. Pouvez-vous nous raconter ce jour-là ? 

Freya préféra se lancer et ne plus réfléchir à ce qu'elle devait dire ou non.

Après tout ne venait-elle pas de jurer devant Dieu de dire toute la vérité et rien que la vérité ?

  - Je venais de faire quelques courses dans une petite supérette tout près de notre village. Il faisait chaud ce jour-là, mais le ciel était assez nuageux. J'étais sur le bord du chemin, tout près de la route et je marchais quand brusquement j'ai entendu une voiture ralentir derrière moi.

Freya ne quitta pas des yeux Lazarus Varak qui s'était légèrement écarté de la barre afin que le public puisse l'entendre et surtout la voir. 

Dans ses yeux noirs se mit à naître une lueur d'encouragement.

  - Est-ce que vous vous souvenez de quelle couleur était la voiture ? 

  - Elle était noire.

  - Que s'est-il passé ensuite ? 

Freya se mit à exécuter des petits cercles dans le creux de sa main avec son index.

  - La voiture m'a dépassée et m'a barrée la route, commença-t-elle d'une voix à peine audible, mais qui grâce au micro positionné devant elle résonna dans la salle. Je me suis arrêtée de marcher, j'étais comme tétanisée et j'ai regardé la voiture dont le moteur tournait encore. La vitre du côté passager s'est abaissée légèrement et ensuite je ne me souviens de rien.

  - Vous voulez dire que vous avez eu une perte de connaissance ? 

  - Oui, dit-elle en ayant l'impression de revivre ce moment qui avait fait basculer sa vie à jamais. 

Un silence s'ensuivit. La jeune femme inspira profondément en survolant les personnes présentes dans le tribunal. Son regard s'arrêta sur l'avocat de l'accusé qui écrivait avec énergie sur une feuille blanche. Attirée par son tatouage puis ensuite sur ses mâchoires contractées, Freya fut contrainte de dévier le regard lorsqu'il lâcha le stylo.