Dans les bras d'un monstre

Chapitre 35

Sans faire bruit Lazarus ôta sa veste de costume pour la poser sur la jeune femme endormie dans le fauteuil. Égoïstement il l'avait emmené avec lui, incapable de la laisser seule peu importe l'endroit où il se trouvait. Même s'il était impitoyable intérieurement comme extérieurement, il craignait de la perdre à chaque seconde de chaque jour. Lazarus se retint de toucher son visage pâle et rose à la fois parce qu'il se savait observé. Le regard noir, il se redressa en capturant cette image dans son esprit et se retourna pour quitter le bureau. En refermant la porte, il sentit le regard de Gunner peser sur lui avec insistance.

  - As-tu quelque chose à dire ? lança-t-il sans le regarder. 

  - Non, aucun commentaire, tu as l'air juste de beaucoup l'apprécier.

  - Qui ne pourrait pas s'attacher à cette jeune femme ? 

  - Personne en effet.

Lazarus contourna la grande table sur laquelle était disposée une quantité assez moindre d'indices sur les deux enquêtes.

  - Comment se porte Josh Warren ? 

  - Comme quelqu'un qui a perdu sa coéquipière, dit Gunner dans un soupir.

Lazarus lui jeta un coup d'œil furtif puis reporta son attention sur les dossiers.

  - Est-ce que Kendrick Harks a été interrogé ? 

  - Hier soir, apparemment il était en patrouille avec un collègue toute la nuit.

  - Est-ce que quelqu'un peut le confirmer ? 

Gunner Azarov fronça des sourcils.

  - Tu sais que tu n'es pas enquêteur mais avocat ? 

Lazarus éclata de rire en posant ses poings sur le bureau.

  - C'est toi qui me dis ça alors que tu enquêtes depuis des semaines sur le tueur des ténèbres et qui d'après mes souvenirs est ton client ? 

Sur la défensive, Gunner se leva pour aller se servir un café.

  - Un point partout, finit-il par dire en lui tournant le dos. 

  - Tu t'en sors ? Ce n'est pas trop pénible ? 

Gunner se retourna pour le dévisager l'air incrédule.

  - Je parle d'Olivia.

  - Tu sais on a couché trois fois ensemble, ce n'est pas non plus comme si elle était ma petite-amie.

Le haussement d'épaules qui venait d'accompagner ce discours lui fit dresser un sourcil.

  - Donc ça ne te fait rien du tout ? 

  - Bien sûr que si ! Mais je ne vais pas m'effondrer ! Pourquoi tu continues de m'interroger comme si j'étais le coupable ?

  - Pourquoi es-tu si agressif quand je te pose des questions ? Rétorqua Lazarus en se laissant tomber dans le fauteuil.

  - Parce que je ne peux pas tolérer d'être accusé à tort d'être un tueur. Ce n'est pas parce que je suis fasciné par les tueurs en série que j'en suis un.

  - Le tueur des vendredis noirs n'a pas l'air de te fasciner, nota Lazarus.

  - C'est différent, répliqua Gunner en venant s'asseoir. Il a tué Olivia et puis sincèrement ma priorité se trouve ici, et non là, ajouta-t-il en pointant les photos des meurtres du tueur des ténèbres.