Dans les bras d'un monstre

Chapitre 39

Un son crépita dans ses oreilles quand elle reprit peu à peu connaissance. Le seul souvenir présent dans son esprit était sa course désespérée pour le fuir avant de se sentir partir dans un brouillard avec comme souvenir l'odeur de sang. Freya était  tétanisée à la simple pensée d'ouvrir les yeux. 

Elle n'était pas morte, mais son corps lui, qui avait été immobilisé à deux reprises semblait l'être.

Une douleur lancinante dans les tempes, elle serra les poings et remarqua que ses mains étaient bloquées et qu'une matière assez rêche les retenait immobile. 

Son cœur qui jusqu'à présent était endormi se mit à s'accélérer, la forçant à ouvrir les yeux. Un voile assez flou l'empêcha de déceler ce qui l'entourait et ce fut que lorsqu'elle redressa sa tête lourde qu'elle reconnut la cheminée à sa gauche.

Elle essaya de déglutir tout en clignant des yeux afin que le voile disparaisse et lui permette de voir plus nettement les flammes vaciller dangereusement.

Le cœur tambourinant contre sa poitrine, elle prit une inspiration douloureuse en baissant les yeux sur ses poignets liés au fauteuil sur lequel il l'avait déposé.

À plusieurs reprises elle cligna des paupières pour se ressaisir et redressa lentement la tête pour plonger son regard apeuré dans le vide. Tout en cessant de respirer, elle fut troublée de ne pas le voir dans la pièce, rendant l'instant encore plus angoissant.

Elle le chercha des yeux en essayant de bouger les jambes mais se rendit compte que ses pieds étaient également attachés.

Prise de panique elle essaya de tourner ses poignets autour des cordes pour les faire glisser à l'extérieur mais fut rapidement arrêtée par des bruits de pas.

Ils étaient vifs, rapides, ne lui laissant aucune chance de tenter l'impossible et fuir ce qu'il lui avait préparé.

Sa haute silhouette massive émergea alors dans ce salon qu'elle connaissait si bien.

Il avait promis de la ramener dans ce manoir et il avait tenu parole, mais jamais elle n'aurait imaginé revenir dans cet endroit dans de telles circonstances.

Le pouls de plus en plus rapide, Freya ne put quitter des yeux cet homme au regard désormais mort et diabolique.

Il avait ôté ce qui lui servait pour masquer son visage mais elle aurait voulu qu'il le garde. 

Combien d'heures étaient passées ? 

Peu si elle en jugeait les vêtements de l'homme des ténèbres qu'il portait encore.

Dans un souffle tremblant, elle le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il s'installe dans le fauteuil en face du sien. Si proche d'elle, l'homme des ténèbres lui présentait un visage qu'elle n'avait jamais vu auparavant et son cœur en fut lacéré.

  - Regarde-toi ! Lâcha-t-il d'une voix résonnant de colère. 

  - Qu'est-ce...Qu'est-ce que tu vas faire ? 

Sa voix avait tremblé si fort qu'elle n'était même pas sûre qu'il avait compris sa question.

D'un mouvement brusque il crocheta son menton en avançant son imposant visage face au sien. 

  - Si ta sœur ne m'avait pas prévenu ! Siffla-t-il entre ses dents serrées. Si je n'avais pas cinq longueurs d'avance sur tout et tout le monde ! Si je n'étais pas un maniaque du contrôle comme tu aimes tant me le rappeler !