Chapitre 4

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Sa main ne tremblait plus et elle en profita pour écarter le rideau et regarder en bas. Kendrick Harks était adossé à la voiture, pianotant sur son téléphone portable. Comme s'il s'était aperçu que quelqu'un l'observait, l'officier releva la tête et accrocha son regard. Timidement, elle laissa le rideau retomber et se mit à arpenter le bureau de son avocat. Son regard s'arrêta sur la bibliothèque en acajou et tira un livre au hasard. 

  - Veuillez m'excuser pour l'attente.

Elle sursauta et le livre tomba au sol. Avec précipitation elle se pencha pour le ramasser mais une main la devança. Freya huma sans le vouloir les effluves très prononcés de l'homme à sa droite et qui avait déjà replacé le livre. Freya baissa le regard en s'écartant légèrement parce qu'elle se sentait prise de vertiges près de lui à cause de sa taille haute et imposante.

  - Je n'aurais pas dû y toucher.

  - Ce bureau ne m'appartient pas, précisa-t-il en s'éloignant. Un confrère n'hésite pas à me le prêter quand il est en déplacement. Je voulais que l'on puisse discuter dans un endroit posé et à l'abri des autres.

Il allongea son bras vers le fauteuil pour l'inviter à s'asseoir.

Freya hésita avant de s'installer en disposant son sac sur ses genoux.

  - Pourquoi avez-vous accepté de me représenter ? 

Il s'installa dans le fauteuil en dardant sur elle un regard presque hésitant.

  - John Reilly m'a contacté à cause de Gunner, expliqua-t-il de sa voix graveleuse mais calme. Il savait que j'avais déjà plaidé avec lui par le passé. Je connais ses méthodes.

La bouche fermée, perdue dans ses songes, la jeune femme baissa les yeux sur les ombres virils sur ses mâchoires volontaires puis atteignit son regard opaque.

  - Je n'aurais pas dû accepter, finit-elle par murmurer en le quittant des yeux pour se concentrer sur le mobilier boisé.

  - Ce procès ne va pas durer longtemps mademoiselle Cullen. Il n'y aucun témoin hormis vous et John Reilly le sait tout comme Azarov. 

Le ventre noué elle essaya de lire dans son regard s'il lui mentait ou non.

  - Vous croyez que Susan Carlton a dit vrai tout à l'heure ? 

Il se carra dans son fauteuil en l'étudiant avec l'air de réfléchir à la réponse prudente qu'il pouvait lui apporter.

  - Et vous ? Qu'est-ce que vous en pensez ? 

Freya tira sur les manches de sa robe, les yeux dans le vague. 

  - Je pense qu'elle a peut-être raison, finit-elle par dire en relevant la tête avec un haussement d'épaules. Cet homme enlève des enfants, et quand il m'a enlevé je venais d'avoir 17 ans, alors je me dis que peut-être que j'ai vu quelque chose qui lui a déplu.

Perdant le fil de son hypothèse qui commençait à devenir la plus probable, Freya fut victime de flashs et se rappela alors de tous ces moments où il s'était assis dans ce fauteuil au pied de son lit, l'observant derrière ce mystérieux tissu insondable. Pendant des heures il était resté là, à la regarder dans cette posture redoutable et pleine d'autorité.

  - Je n'étais pas une enfant, reprit-elle en revenant à la réalité. Je crois qu'il attendait simplement que je sois incapable de me souvenir.  

Curieusement elle éprouva une douleur dans le cœur et presque de l'humiliation.

  - Et vous ? Ajouta-t-elle en battant lentement des cils pour masquer son regard humide. Quelle est votre hypothèse maître Varak ? 

Dans les bras d'un monstreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant