Chapitre 38

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Finalement, les ténèbres n'étaient pas si mal. Ainsi fut la première pensée qui traversa Freya alors qu'une douleur lancinante lui vrillait dans la tempe gauche. 

  - Trésor, chantonna-t-il tout près de son visage. Il faut se réveiller maintenant.

Freya grimaça en remuant les lèvres et sentit une douleur sur ces dernières. La douleur était si intense qu'elle ne parvenait pas à soulever les paupières.

Le voulait-elle vraiment ? 

Freya aurait voulu ne jamais se réveiller, rester à jamais dans les ténèbres. Une main ferme lui agrippa les mâchoires de façon à manipuler sa tête à sa guise.

  - Ouvre les yeux trésor.

Il s'agissait d'un ordre auquel Freya refusait de se plier. Elle ne voulait pas ouvrir les yeux et affronter cette terrible réalité. Elle avait l'impression d'être lacérée de l'intérieur et que son cœur lui avait été arraché. Son âme était vide, son esprit bloqué, et son corps immobilisé par la douleur dans ses chairs.

Au prix d'un effort surhumain, Freya souleva les paupières et une profonde terreur l'empêcha de respirer. Elle cligna plusieurs fois des yeux, humant involontairement les effluves qui se mêlaient à l'odeur du sang et de terre qu'elle avait partout sur elle. 

La pièce était sombre, uniquement éclairée par une cheminée et les lampes suspendues au-dessus du plan de travail.

  - Enfin...

Freya releva lentement les yeux, jugeant en même temps sa position dans la chaise sur laquelle elle était assise et sans doute depuis des heures. 

Il relâcha son menton et s'écarta légèrement.

Le cœur battant à tout rompre, Freya lutta pour ne pas lui montrer la peur qui lui broyait déjà les entrailles.

  - Je préfère vous prévenir, commença-t-elle d'une voix altérée par la peur. Je ne sais pas cuisiner.

Il se mit à ricaner en se penchant afin que son visage soit proche du sien.

  - Petite menteuse, chuchota-t-il en crochetant à nouveau ses mâchoires pour déposer un baiser de force sur sa bouche blessée.

Freya essaya de reculer sa tête en vain jusqu'à ce qu'il lâche ses mâchoires. La respiration saccadée, elle tenta de visualiser l'endroit mais le coup qu'elle avait reçu au visage l'empêchait de se concentrer pleinement.

  - Alors c'est vous n'est-ce pas ? Parvint-elle à dire dans l'espoir de gagner du temps.

La mort n'avait jamais été aussi proche qu'à cet instant. Freya avait le pressentiment qu'elle vivait ses derniers instants.

  - J'ai toujours eu l'instinct que c'était vous, ajouta-t-elle dans un souffle épuisé.

  - Effectivement, commença-t-il en plaçant son visage en face du sien. Tu ne m'as jamais vraiment aimé, mais tu sais ce qu'on dit chérie. Entre l'amour et la haine il n'y a qu'un pas.

Freya s'efforça de le regarder dans les yeux puis elle se souvint d'un détail presque ironique.

  - Le fameux tueur des vendredis noirs est en réalité un avocat du barreau de New York, résuma-t-elle dans un murmure.

Deux avocats, deux tueurs.

À cette pensée, Freya ne put s'empêcher de rire en portant une main à sa bouche avant que celui-ci se dissipe progressivement, car la réalité était bien plus sombre que l'ironie du dénouement.

Dans les bras d'un monstreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant