Chapitre 3

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Après cette courte suspension d'audience, Freya se retrouva à nouveau à la barre. Elle avait juste eu le temps de boire un peu d'eau pour humidifier sa gorge sèche et avait mangé une pomme pour tromper les petits vertiges qui n'avaient de cesse de la saisir depuis le début de l'audience.

À nouveau, elle se retrouva en face de cet avocat qui attendait patiemment de pouvoir reprendre là où il s'était arrêté.

  - Une fois les enfants partis, vous vous êtes retrouvée seule avec lui ? Il n'y a pas eu d'autres enfants ? 

  - Non, j'étais seule avec lui.

  - Pendant sept ans ? 

  - Oui, répondit-elle posément en posant ses mains sur ses genoux.

Jusqu'ici il s'était contenté de rester derrière la table, mais très vite il la contourna pour s'avancer légèrement vers elle.

  - Où avez-vous dormi pendant sept ans ?

  - J'avais une chambre, juste à côté du salon.

Il plissa légèrement son front sans la regarder.

  - Pouvez-vous nous raconter votre quotidien durant ces sept ans de captivité ? 

  - Rien d'exceptionnel, j'avais un lit pour dormir, j'avais quelques livres à disposition et c'est tout.

  - En sept ans, il ne vous a pas adressé un seul mot ? S'enquit-il en faisant mine d'être étonné. Vous ne l'avez jamais vu ? 

Freya inspira profondément en essayant de réprimer l'accès d'angoisse qui montait progressivement. À cette barre, elle avait l'impression d'être piégée, dépossédée de son âme. 

  - Au début il venait rarement puis ensuite, au fil du temps il venait plus souvent, mais il ne m'a jamais adressé un mot et il n'en avait pas besoin.

  - Que voulez-vous dire par-là ? 

À nouveau, son esprit le fit émerger dans l'allée où le public était installé.

  - Je veux dire qu'il n'a pas besoin de parler pour se faire comprendre et qu'on se soumette à ce qu'il exige, lâcha-t-elle sans jamais quitter la haute silhouette massive entre les bancs, mais qui était le fruit de son imagination.

Avec un petit raclement de gorge, elle se concentra sur Azarov.

  - Un seul geste de la main ou de la tête était suffisant pour que je le comprenne, reprit-elle après s'être éclaircie la voix. Au début je l'ai supplié désespérément de me laisser partir, et il restait impassible à mes supplications. Ensuite j'ai eu peur d'insister. Plus tard dans le temps, j'ai essayé d'avoir une conversation avec lui et il me répondait seulement avec des gestes de la tête. Par la suite, c'est comme ça que nous avons communiqué.

  - Est-ce qu'il lui est déjà arrivé de se mettre en colère ? 

  - Oui, quelques fois mais j'entendais seulement des bruits de fracas au loin.

Il s'avança jusqu'à la barre en l'étudiant avec insistance comme s'il cherchait à savoir si elle mentait. 

  - Pensez-vous que votre anniversaire a une signification pour lui ?

  - No...non je ne pense pas.

  - Et pourtant il vous a enlevé le jour de votre anniversaire et vous a relâché le jour de votre anniversaire, c'est troublant.

Dans les bras d'un monstreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant