Chapitre 9

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La bouche sèche, Freya guetta attentivement la réaction de l'avocat. Celui qu'ils cherchaient tous et qu'elle surnommait l'homme des ténèbres pouvait être n'importe qui. Il lui avait peut-être rendu visite hier soir en lui faisant promettre de se taire, Freya n'en demeurait pas moins désireuse de connaître sa véritable identité. Elle avait passé sept longues années avec un homme à l'identité masquée et tout comme les autres elle voulait savoir. Elle voulait comprendre ce qui l'avait poussé à l'enlever et ce qui l'avait poussé à la libérer pour mieux revenir des ténèbres quelques mois plus tard.

Gunner Azarov était persuadé qu'elle cachait quelque chose et au fond d'elle, Freya gardait effectivement un secret. 

Celui de ne pas révéler que derrière la peur écrasante de mourir chaque jour entre ses mains, il lui était arrivé d'aimer être en sa présence...une présence pourtant terrifiante. 

Était-ce mal d'avoir ressenti cela ? 

Oui sans doute et c'est pour cette raison qu'elle voulait le garder au tréfonds de son être et ne le révéler à personne. 

Cet avocat avait raison. Il ne lui avait jamais fait de mal, mais parfois s'était montré brutal dans sa manière de la saisir comme rongé par une sombre pulsion.

Alors oui, contrairement à ce que tout le monde voulait entendre d'elle, cet homme ne l'avait jamais touché, même s'il avait l'apparence d'un monstre et qu'il en était un. 

  - Ça c'est intéressant.

Freya quitta la torpeur dans laquelle elle était bloquée depuis quelques minutes et souleva le regard vers Gunner Azarov.

  - Veuillez m'excuser, bredouilla-t-elle en s'éloignant avec la fourche.

  - Non au contraire, je trouve cela très intéressant, déclara-t-il à la hâte. Ça laisse entendre que vous aussi vous êtes à sa recherche.

Freya fit volte-face si rapidement qu'elle fut prise d'un vertige.

  - Je ne suis pas à sa recherche ! Je me méfie de vous tous, rectifia-t-elle en soutenant son regard qui était devenu subitement sérieux. Avant ce procès je commençais à peine à me souvenir de ma vie ici, à Lancaster. Vous m'avez piégée avec ce procès, je n'ai rien demandé de tout cela et vous le savez. 

Il n'essaya pas de nier ses propos, au contraire il les approuva d'un hochement de tête qui lui donna la nausée.

  - Vous êtes un agneau mademoiselle Cullen, déclara-t-il en fourrant ses mains dans les poches de son blouson en cuir. Un petit agneau qui va appâter le loup, ajouta-t-il lui tournant autour une dernière fois comme s'il voulait l'intimider avec sa hauteur et son corps athlétique.

  - Et ensuite ?

  - Nous verrons, dit-il simplement en haussant les épaules.

  - Vous n'avez pas l'air de réaliser à quel point il est dangereux, le prévint-elle, des frissons dans la nuque. Je ne l'ai pas vu tuer et avant d'être libérée je ne savais pas ce qu'il avait fait. En revanche, j'ai été à ses côtés pendant plus de sept ans et croyez-moi sur parole monsieur Azarov, cet homme est dangereux.

Son avertissement ne semblait pas l'atteindre et pendant une seconde, Freya crut vraiment être l'agneau devant un loup affamé.

  - Si vous voulez que ça s'arrête mademoiselle Cullen, vous savez ce que vous avez à faire. Faites-le sortir du bois.

Freya se pinça les lèvres pour se retenir de répliquer. Un sourire coula sur les lèvres de l'homme au regard qui pouvait autant se montrer enjoué que grave et qui constituait parfois un mystère. Il darda sur elle un dernier regard sans vergogne et quitta la grange en sifflant un air de musique inconnu. Une fois seule, elle posa une main sur sa poitrine en exhalant un long soupir tremblant.

Dans les bras d'un monstreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant