Dans les bras d'un monstre

Chapitre 31

Freya pencha la tête en écartant le rideau afin d'admirer la brume épaisse qui flottait en apesanteur au-dessus du ruisseau. Elle ne s'était jamais sentie aussi apaisée qu'à cet instant. Tout était silencieux, comme si plus rien n'existait à part cette maison au milieu de nulle part. Freya porta la naissance de ses doigts à ses lèvres encore gonflées par les baisers sauvages de l'homme des ténèbres. 

Tout son corps était paisible, comme s'il venait d'insuffler une nouvelle énergie qu'elle apprenait tout juste à contrôler.

Pendant des heures il lui avait fait l'amour, la soumettant à des désirs aussi sombres que la noirceur de ses yeux. Freya ne se sentait pas pour autant captive du péché, mais captive d'un sentiment inexplicable.

Elle poussa un long soupir en fermant les yeux. Un soupir d'aise, un soupir léger dans lequel aucune forme de peur n'avait sa place. 

Même les voix qui essayaient de la dissiper en lui hurlant que cet homme était dangereux ne parvenaient pas à l'arracher de ce moment unique.

Pendant longtemps elle s'était demandée comment allait se passer sa première fois et elle avait toujours eu peur que ce soit avec un homme qui n'aurait pas su l'adorer. Cette crainte avait pris des teintes d'horreurs le jour où elle avait appris les intentions malsaines du révérend. 

  - Tu n'as pas dormi de la nuit.

Freya sursauta à cette voix naturellement dangereuse qui venait de surgir de nulle part.

Il ne lui laissa pas le temps de se retourner et enroula son bras fort autour de sa taille.

  - Je ne t'ai pas assez épuisée visiblement, chuchota-t-il en se penchant à son oreille.

Freya frissonna parce qu'une partie d'elle savait qui était Lazarus Varak et ce qu'il était capable de faire et de briser.

  - Je n'arrive pas à dormir, murmura-t-elle en se concentrant sur la brume. De plus, je voulais voir le soleil se lever.

Il resserra son emprise pour la plaquer contre son torse dont la chaleur contrastait avec l'hiver redoutable.

  - Comment tu te sens ? La questionna-t-il d'une voix tourmentée.

  - Très bien, répondit-elle aussitôt. J'ai l'impression de ne plus sentir mes jambes mais je vais bien.

  - Dans ce cas...

Il la souleva dans ses bras, lui révélant son visage sur lequel dansait un sourire qui n'avait ni froideur ni machiavélisme. Freya en esquissa un en retour et se laissa transporter jusqu'au salon. 

Rien ne pouvait lui assurer que l'avenir ne resterait pas aussi sombre qu'il l'était, mais pour la première fois depuis des années elle voyait de la clarté et ne voulait pas qu'elle disparaisse.

  - Qu'allons-nous faire maintenant ? Demanda-t-elle en essayant de lui cacher sa nervosité.

Il la déposa sur la chaise en bout de table sans lui répondre.

C'est lorsqu'il s'éloigna qu'elle s'aperçut qu'il portait un tee-shirt noir et un jean de la même teinte. Un jeu de mâchoires attira l'attention de la jeune femme qui avait désormais peur de l'avoir contraint à quelque chose qu'il ne souhaitait pas révéler tout de suite. 

Freya baissa les yeux sur les couverts qui étaient encore et toujours positionnés comme dans ses souvenirs. 

  - Tu veux que j'informe le reste de la ville que je t'ai pris ta virginité ?