Les Arcanes Vagabondes

Brûlure

Némésis avançait dans le parc illuminé qui semblait l'émerveiller, son pas léger mais assuré, comme si elle dansait. La barbe à papa tournoyait dans ses mains, scintillant sous les lampes hextech, mais elle n'y touchait qu'à peine, perdue dans ses pensées. Viktor et Jayce, eux, restaient à une certaine distance, échangeant des regards silencieux, avant que le ton ne monte doucement.

— Elle joue avec nous, finit par lâcher Jayce, les poings serrés.

Viktor soupira, la voix calme mais légèrement mordante.

— Peut-être. Mais tu devrais te demander pourquoi elle agit ainsi au lieu de réagir comme un enfant.

Jayce s'arrêta net et planta son regard dans celui de Viktor.

— Un enfant ? répéta-t-il avec un rictus. Vraiment ? Et toi alors ? Tu restes là, à analyser tout ce qu'elle fait comme si c'était une expérience de laboratoire. Ce n'est pas un casse-tête à résoudre, Viktor. C'est une personne, et elle est insupportable.

Viktor inclina légèrement la tête, son calme apparent ne faisant qu'exacerber l'impatience de Jayce.

— Et pourtant, c'est toi qui perds ton sang-froid, répondit-il doucement. Peut-être que tu es plus affecté que tu ne veux bien l'admettre.

Jayce serra les dents, ses doigts tapotant nerveusement la garde de son marteau.

— Affecté ? Tu veux savoir ce qui m'affecte ? Le fait qu'elle nous traîne ici, qu'elle se moque ouvertement de nous, et que toi, tu trouves ça... fascinant, comme si c'était une énigme à décrypter.

Viktor fronça les sourcils, mais ne répondit pas. Jayce reprit, sa voix plus dure.

— Je vais lui montrer qu'on ne joue pas avec nous comme ça.

Sans attendre de réponse, il avança d'un pas décidé vers Némésis, sa haute silhouette coupant les lumières dorées des stands environnants. Viktor hésita une seconde, mais il n'intervint pas, le suivant du regard avec une expression indéchiffrable.

Quand Jayce arriva à la hauteur de Némésis, elle ne tourna même pas la tête.

— Quoi encore? lança-t-elle, sa voix chantante et dénuée de surprise.

Jayce ne répondit pas. D'un geste brusque, il agrippa son poignet avec fermeté, ses doigts serrant la barrière fine de ses gants.

— Ça suffit, grogna-t-il.

Mais dans sa précipitation, son pouce glissa, effleurant sa peau nue, juste entre la bordure de son gant et la manche de son manteau.

Le temps sembla s'arrêter.

Le contact dura une fraction de seconde. Une infime étincelle, à peine un souffle sur sa peau. Mais pour Némésis, cette sensation se transforma en un brasier violent, brûlant au fer rouge les murs qu'elle avait si méticuleusement érigés autour d'elle.

Son visage changea instantanément. La lueur espiègle qui illuminait ses traits quelques instants plus tôt disparut, laissant place à un masque livide, presque translucide. Ses lèvres s'entrouvrirent, mais aucun son ne sortit d'abord. Ses pupilles se dilatèrent, avalant la couleur de ses yeux.

Son cœur... Il semblait vouloir à la fois exploser et cesser de battre. Un tumulte chaotique l'étouffait, chaque battement résonnant comme un coup de tonnerre dans ses oreilles. Sa respiration devint saccadée, incontrôlable, chaque inspiration semblant alimenter une panique dévorante.

La brûlure sur son poignet, à l'endroit où la peau nue avait rencontré celle de Jayce, se propagea comme un poison. Des images surgissaient dans son esprit, fulgurantes, incontrôlées : les mains de celui qui tous les soirs avait réussi à la rendre ainsi. Elle tituba en arrière, ses doigts se crispant autour de son propre poignet comme si elle essayait d'éteindre une douleur imaginaire.