Tes cheveux embrasent l'hiver, braise de Janvier, là-bas mon coeur brûle aussi

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Une heure ou deux s'étaient écoulées, mais Némésis n'arrivait pas à chasser les pensées qui tournaient en boucle dans son esprit. Elle se trouvait allongée sur le sol, à ruminer dans son coin, complètement perdue dans la spirale de ses regrets. Elle avait envoyé Viktor se faire voir, comme si c'était la chose la plus facile à faire. Mais, au fond d'elle-même, elle savait que ce n'était pas le cas. Elle s'en voulait d'avoir réagi de manière aussi impulsive. Elle ne savait même pas pourquoi elle avait agi ainsi. Ce n'était pas comme si elle voulait réellement le repousser, mais cette vulnérabilité qu'elle ressentait, cette manière dont il la regardait... tout ça lui échappait. Elle détestait se sentir faible.

Son estomac, pour couronner le tout, se mit à crier famine, et ce son la fit grogner d'agacement.

Elle se redressa en grognant, maudissant cette journée. Se levant avec une grimace de douleur, elle enfila rapidement le reste de son pyjama, le visage encore marqué par les souvenirs de la veille. Elle s'observa un instant dans le miroir. Elle secoua la tête, se sentant encore plus idiote. Puis, résolue à prendre un peu de réconfort dans la nourriture, elle se rendit au réfectoire, les bras tendus pour ramasser tout ce qu'elle pouvait trouver. Elle empila des boîtes et des assiettes, et, avec une agilité impressionnante, se rendit jusqu'au laboratoire, son fardeau de nourriture serré contre elle.

Arrivée devant la porte du labo, elle marqua une pause. Elle souffla un instant, hésitant, son regard se perdant dans le vide. Elle se força à prendre une grande inspiration, puis entra, essayant de faire la fière malgré tout.

À l'intérieur, Viktor et Jayce étaient concentrés sur leurs travaux. Sans doute les indices trouvés au bal. Viktor leva brièvement les yeux en entendant la porte s'ouvrir, un éclair d'émotion traversant son regard, mais il se réprima, se concentrant sur ce qu'il faisait. Jayce, de son côté, observa Némésis en silence. Son visage était visiblement tuméfié, mais il n'en dit rien. Le silence qui suivit son arrivée n'échappa à personne.

Némésis, quant à elle, fit comme si de rien n'était. Elle haussait les épaules, une attitude arrogante et désinvolte, et marcha d'un pas assuré jusqu'au canapé. Là, elle s'assit bruyamment, les jambes croisées, en commençant à grignoter avec appétit, comme pour se donner une contenance. Les petites étoiles au plafond brillaient faiblement, mais elle ne leur prêta aucune attention. Elle les ignorait, tout comme elle ignorait les regards des deux hommes.

Jayce tourna son regard vers Viktor et, d'une voix à peine audible, murmura :

- À quoi elle joue ?

Viktor ne répondit pas tout de suite, son regard fixé sur Némésis. Il ressentit une petite pointe au cœur, un mélange étrange de frustration et d'incompréhension. Il avait du mal à se défaire de ce qu'il avait ressenti en la voyant tout à l'heure. Son visage marqué, son attitude distante... Tout ça lui laissait un goût amer. Mais au fond, il savait qu'il n'avait pas le droit de lui en vouloir.

Il secoua la tête légèrement, comme pour chasser ces pensées de son esprit. Il était là pour travailler, après tout. Et Némésis, de toute évidence, n'était pas là pour lui parler. Tout ce qu'elle semblait vouloir, c'était ignorer la situation. Alors, il se concentra sur sa propre tâche, espérant que les choses s'éclairciraient d'elles-mêmes.

Le silence dans la pièce était épais, presque pesant. Les seuls bruits qui troublaient cette tranquillité étaient ceux des paquets que Némésis déchirait et des aliments qu'elle mâchait bruyamment. Installée sur le canapé, elle attaquait son repas improvisé comme une petite ogresse, piochant dans ses provisions sans aucune logique : un gâteau au chocolat, suivi d'un paquet de chips, puis un mini-sandwich déformé par le trajet, avant de plonger directement dans un pot de mousse au chocolat à l'aide d'une cuillère en plastique. Et tout cela, sans s'arrêter pour respirer.

Les Arcanes VagabondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant