Les Arcanes Vagabondes

Une chaleur nouvelle

Après la scène chaotique dans le manoir, Viktor et Jayce avaient agi rapidement. Ils avaient fouillé le bureau d'Esmée avec une urgence palpable, sachant que le moindre retard pouvait leur coûter des informations précieuses. Malgré la présence du cadavre, la situation avait pris une tournure étrange. Leurs esprits étaient focalisés sur l'objectif, cherchant des indices qui pourraient les rapprocher de Kael, sans vraiment prêter attention aux corps qui jonchaient le sol.

Les papiers étaient éparpillés sur le bureau d'Esmée, des dossiers secrets et des correspondances privées qui parlaient de Kael et d'une nouvelle alliance. Tout ce qu'ils trouvaient semblait s'imbriquer parfaitement avec leurs recherches, mais le temps leur était compté. Une fois qu'ils eurent mis la main sur les informations cruciales, ils quittèrent les lieux, laissant derrière eux les cadavres dans le couloir, inconscients des autres dangers qui s'y cachaient.

Ils s'étaient empressés de retourner à l'académie, effaçant toute trace de leur présence dans le manoir avant que qui que ce soit ne fasse la découverte macabre.

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Il était cinq heures du matin. L'académie était plongée dans une obscurité silencieuse, seul le faible bourdonnement des équipements scientifiques de Viktor résonnait dans son laboratoire. La lumière froide de l'aube commençait à filtrer à travers les fenêtres, mais Viktor, adossé contre son bureau, semblait être dans un autre monde.

Le reflet de son visage dans la vitre face à lui le fixait. Sa blessure, causée par Némésis, était encore douloureuse, le sang séché s'étant mélangé à sa peau en une croûte sombre. Il n'arrivait pas à oublier la façon dont elle l'avait frappé. La brutalité de ce moment le hantait, le surprenant à chaque instant où ses pensées dérivaient vers elle.

L'adrénaline avait fait place à l'angoisse. Qu'était-elle devenue après la scène dans le manoir ? Avait-elle trouvé un moyen de s'échapper sans qu'ils ne le sachent ?

Il se redressa, analysant sa blessure, effleurant la peau avec ses doigts. Il se remémora ses yeux, cet éclat sauvage dans son regard, sa peau chaude contre la sienne, le goût amer du poison et de la violence dans l'air.

Il n'avait jamais ressenti une telle intensité, et même maintenant, la question qui revenait sans cesse dans son esprit était la suivante : où était-elle ?

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Après avoir quitté précipitamment le manoir, Némésis avait traversé la nuit comme un spectre, les pensées en tourmente, l'adrénaline et la rage encore présentes dans chaque fibre de son corps. La ville était silencieuse, figée dans l'obscurité de l'aube qui approchait à peine. Elle rentra à l'académie sans dire un mot à personne.

Lorsqu'elle entra dans sa chambre, elle se précipita sous la douche, laissant l'eau chaude couler sur sa peau. La sensation du sang qui séchait, de la violence qu'elle avait laissée derrière elle, était encore palpable. Ses mains tremblaient légèrement, non seulement à cause de la rage qui bouillonnait en elle, mais aussi de l'empreinte laissée par les contacts physiques brutaux de la soirée. Elle se lava soigneusement, mais la chaleur des gestes violents, des corps plaqués, des mains qui se sont effleurées dans la violence et la haine, restait incrustée dans sa mémoire. Un simple contact qui l'avait déstabilisée, lui avait fait perdre un peu de son contrôle.

Une fois propre et changée, elle se regarda dans le miroir. L'image qui lui renvoya son reflet ne lui disait rien. Ses yeux étaient fous, presque déconnectés, et l'épuisement mental se lisait sur son visage tuméfié et marqué par les événements de la soirée. Mais ce n'était pas assez. Rien ne suffirait à la calmer, à éteindre la fièvre qui l'habitait.