Une lettre et des flingues

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Viktor se réveilla en sursaut, sa joue marquée par les plis de ses notes éparpillées sur la table. Il cligna des yeux, la fatigue encore ancrée dans ses membres, et sentit un poids léger sur ses épaules. En baissant les yeux, il reconnut la couverture.

Némésis.

Un soupir profond s'échappa de ses lèvres alors qu'il la replia avec soin. La pièce était vide, son absence presque palpable. Elle était partie. Et, avec elle, sa réponse.

Son esprit retourna immédiatement à leur discussion de la veille. Il lui avait offert un marché, et elle n'avait rien répondu. Viktor ne savait pas s'il devait interpréter son départ comme un rejet silencieux ou comme une hésitation.

Il se redressa, rangeant mécaniquement quelques outils sur son bureau. Mais son esprit restait troublé. Il passa une main dans ses cheveux, agacé par sa propre confusion.

Finalement, il se força à bouger, quittant la pièce pour retourner à son laboratoire principal. Il devait se concentrer. Si elle décidait de revenir, il aurait tout le temps d'obtenir ses réponses. Pour l'instant, il fallait avancer.

Alors qu'il entrait dans le laboratoire, Viktor remarqua une silhouette familière devant l'une des tables d'expérimentation. Jayce était là, en train de consulter une pile de notes. En entendant les pas de Viktor, il releva la tête, et son expression changea immédiatement.

Ou est-elle ? demanda Jayce, sans même dire bonjour.

Viktor s'arrêta près de l'entrée, levant légèrement un sourcil.

Partie.

Jayce posa les notes qu'il tenait et croisa les bras, son ton devenant plus accusateur.

Tu vois ? Je te l'avais dit. Laisser une inconnue dans notre laboratoire, Viktor... Franchement, à quoi tu pensais ? Et si elle avait fouillé ou pris quelque chose ? On a des années de travail ici !

Viktor pinça les lèvres, visiblement irrité.

Elle n'a rien pris, Jayce. Rien touché, sauf cette couverture.

Le menteur.

Et tu sais ça comment ? insista Jayce, haussant légèrement la voix. Tu lui fais confiance comme ça, juste parce qu'elle a un visage triste, un corps de sirène et de long cheveux roux? Tu es trop... naïf parfois, Viktor.

Viktor serra légèrement le poing, mais garda son calme.

Ce n'est pas une question de naïveté, Jayce.

Jayce fronça les sourcils, visiblement agacé par la réponse.

Peut-être. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'elle joue avec notre cul. Tu veux l'aider, mais qu'est-ce qui te garantit qu'elle ne se retournera pas contre nous ?

Viktor ne répondit pas immédiatement. À la place, il se détourna légèrement, ramassant quelques outils sur une table voisine.

Rien ne le garantit. Mais je ne laisserai pas une opportunité pareille passer parce que tu es trop nerveux. Elle a des contacts, Jayce.

Jayce secoua la tête, frustré, mais il n'insista pas davantage.

Fais comme tu veux, Viktor. Mais ne viens pas te plaindre quand elle te plantera un couteau dans le dos.

Il quitta la pièce en marmonnant, laissant Viktor seul dans un silence tendu.

Viktor resta immobile quelques instants, les mots de Jayce résonnant encore dans son esprit. Pourtant, il n'y croyait pas. Pas complètement. Il retourna à son bureau, ses doigts trouvant instinctivement un carnet et une plume.

Les Arcanes VagabondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant