Les Arcanes Vagabondes

Viktor sous les néons

Les rues de Zaun étaient un labyrinthe de métal rouillé et de vapeur toxique, et Viktor avançait avec une détermination froide, ignorant la puanteur omniprésente et les regards méfiants des habitants. À ses côtés, Jayce semblait moins à l'aise, tirant sur le col de son manteau pour éviter que la crasse ne s'accroche à lui.

Lorsqu'ils arrivèrent devant le club, Viktor leva les yeux vers l'enseigne aux néons tremblotants : Les Sirènes de Zaun. Une lumière violette dégoulinante coulait sur le métal comme une blessure ouverte.

— Viktor, tu.. tu es certain que c'est ici? demanda Jayce, un mélange de scepticisme et de dégoût dans la voix.

— Certain, répondit Viktor d'un ton sec.

La voix de celui-ci portait une nuance d'épuisement, mais aussi une résolution inflexible.

Leur informateur grassement payé avait été clair : s'ils cherchaient quelqu'un capable de les mettre en contact avec les figures les plus influentes – et dangereuses – de Zaun, il fallait parler à Némésis. Viktor n'avait jamais entendu ce nom auparavant, mais apparemment, cette femme connaissait tout et tout le monde dans les bas-fonds.

"Elle est la clé," se murmura-t-il intérieurement. Pas une scientifique, pas une érudite, mais quelqu'un qui pourrait leur ouvrir des portes autrement impossibles à franchir. Et dans sa situation, il ne pouvait se permettre de négliger une piste, aussi inhabituelle soit-elle.

En franchissant l'entrée du club, Viktor sentit l'atmosphère changer instantanément. Une chaleur suffocante l'enveloppa, et ses sens furent agressés par l'odeur âcre de l'alcool bon marché, du tabac, et d'un parfum capiteux presque écœurant. La musique industrielle, saturée de basses, battait comme un cœur monstrueux, résonnant jusque dans sa cage thoracique et lui donnant mal à la tête.

Les silhouettes des clients dansaient dans une pénombre trouble, éclairées par les flashs intermittents des néons. Jayce, derrière lui, se figea un instant, visiblement mal à l'aise. Viktor, lui, n'accorda aucune attention à l'environnement. Ce genre de scène faisait partie de sa jeunesse dans Zaun, bien qu'il s'en soit éloigné depuis des années.

Alors que ses yeux balayaient la salle, Viktor se sentit étranger, et pourtant étrangement familier, à cet endroit. Zaun n'avait pas changé : toujours aussi oppressant, toujours aussi désespéré. Il sentit une pointe de nostalgie en lui, mais elle fut vite étouffée par la réalité de sa condition.

"Je n'ai pas le luxe de m'attarder sur ce que j'ai laissé derrière moi," pensa-t-il en serrant sa canne plus fermement. Chaque pas dans cette chaleur suffocante lui coûtait un effort supplémentaire, rappelant à chaque instant les limites de son propre corps.

Mais ce n'était pas la souffrance physique qui pesait le plus sur ses épaules. C'était l'ombre grandissante de l'échec. L'Hexcore ne répondait pas comme il l'avait espéré. Il savait que les solutions ne viendraient pas des laboratoires de Piltover. Il devait trouver des réponses ailleurs, dans les tréfonds de Zaun, là où la science se mariait à l'impossible.

Son regard se posa sur une cage illuminée par des projecteurs rouges et dorés. À l'intérieur, une femme dansait, ondulant avec une grâce surnaturelle. Ses cheveux roux semblaient flamboyer sous les lumières, et chaque mouvement captivait la foule, les tenant prisonniers d'une transe silencieuse.

— Sacrée Némésis.. marmonna un homme ivre mort près d'eux.

"Alors c'est elle... Némésis" pensa le scientifique.