Mon étoile

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Némésis inspira profondément, un souffle tremblant qui semblait aspirer tout l'air autour d'elle. Ses épaules frémirent légèrement, mais elle se força à redresser son dos, sa silhouette retrouvant peu à peu une posture plus assurée, malgré l'éclat trouble qui persistait dans son regard.

Elle se releva lentement, chaque mouvement mesuré, comme si elle rassemblait chaque fragment d'elle-même pour tenir debout. Ses doigts, encore tremblants, effleurèrent distraitement le tissu de son manteau, comme pour le lisser ou se donner une contenance.

Elle jeta un dernier regard à Viktor. Pas un mot ne fut échangé, mais dans l'intensité de ce bref échange visuel, il y avait quelque chose de fragile et de sincère, un remerciement silencieux qu'elle n'aurait jamais articulé à voix haute. Puis elle tourna les yeux vers Jayce.

Son regard se transforma instantanément, devenant acéré comme une lame. Chaque trace de la vulnérabilité qu'elle avait montrée quelques instants plus tôt semblait s'être évaporée, remplacée par une froideur glaçante.

Jayce, qui avait repris contenance après la crise de Némésis, fronça les sourcils en croisant ce regard foudroyant. Il s'apprêtait à dire quelque chose, mais elle le devança d'une voix basse et tranchante :

— Ne me touche plus jamais ou je couperai tes mains.

Les mots étaient simples, mais leur ton, chargé d'un mépris presque palpable, claqua dans l'air comme un coup de fouet.

Le silence qui suivit fut lourd, presque étouffant. Même les bruits ambiants semblaient s'être effacés, comme si le monde entier retenait son souffle. Némésis n'ajouta rien, restant immobile, ses yeux brillant d'une intensité froide, comme un avertissement silencieux.

C'est Viktor qui brisa finalement le silence. Il s'avança légèrement, posant une main discrète sur le bord de sa canne, cherchant ses mots.

— Vous.. mh.. vous accepteriez de venir boire quelque chose ? proposa-t-il d'une voix calme, presque hésitante.

Némésis tourna lentement son regard vers lui, surprise par l'offre inattendue. Viktor évitait de croiser ses yeux trop directement, comme s'il craignait d'être intrusif.

— Nous travaillons non loin d'ici, à l'Académie, précisa-t-il. Rien de formel, juste.. le temps de vous remettre.

Il marqua une pause, comme pour s'assurer qu'il ne brusquait pas la jeune femme.

— Un thé, ou même un simple verre d'eau, si vous préférez.

Jayce, toujours figé dans sa frustration, lança un regard incrédule à Viktor, mais ne dit rien.

Némésis hésita. Ses mains glissèrent légèrement sur le tissu de ses gants, comme si elle cherchait un ancrage. Elle sentait encore la brûlure du contact sur sa peau, le poids de l'humiliation et de la colère, mais il y avait une sincérité dans la proposition de Viktor qui la désarma.

Elle finit par hocher la tête, un geste bref et presque imperceptible, mais suffisant pour que Viktor s'en saisisse avec douceur.

— Bien, dit-il simplement, un léger sourire étirant ses lèvres. Suivez-moi.

Le trajet jusqu'à l'Académie se fit dans un silence presque pesant. Némésis marchait à quelques pas devant les deux hommes, son regard fixé droit devant elle, ses pensées semblant bien loin de l'agitation des rues de Piltover. Viktor et Jayce restèrent en retrait, chacun absorbé dans ses propres réflexions. Le claquement rythmé des talons de Némésis sur les pavés semblait être le seul son qui les accompagnait, comme une métaphore du fossé qui s'était creusé entre eux.

Les Arcanes VagabondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant