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Je voulais oublier juste pour un instant

Juliette

J'espère que tu m'as pardonné !

Je ne t'ai pas entendue rentrer à la maison. 

Tu devrais porter plus de jupes. J'ai adoré celle que tu portais hier. Tellement elle étais sage, que la voir m'a donné de ses idées, bouclettes... si tu savais !

Ta queue de cheval n'a besoin que ma poigne pour être parfaite. Très belle coiffure, aujourd'hui. Tu es parfaite p'tit flamme.

J'ai pensé que p'tit flamme🔥 , ça change de p'tit coeur et ça te correspond plus. T'en penses quoi.

Pourquoi, tu ne réponds jamais à mes textos, Juliette.

Tu faisais moins la maligne quand t'imbriquais sur mes doigts 🥵

Putain, Juliette plus jamais tu ne portes ce jeans. Il y a trop de porcs là dehors.

Assise sur le bord de mon lit, je fixais mon écran comme chaque jour, depuis une semaine. Retenant un soupir, mes yeux fixent un point invisible sur le mur blanc immaculé de ma chambre. Une semaine. Sept jours à revivre encore et encore cette nuit volée avec Roméo.

Je passai une main dans mes cheveux décoiffés, encore humides de la douche froide que je venais de prendre. Une tentative futile, complètement inutile puisqu'elle n'a pas pu apaiser le feu qui continuait de me consumer à l'intérieur. Ses lèvres, son baiser, chaud, ardent, vorace, avide. Ses mains, ses doigts ! Et moi, complètement délurée.

 C'était mal. je le sais. Alors, comment pouvais-je même penser à recommencer ? Et pourtant, c'était tout ce à quoi je pensais, depuis cet instant. Si je devrais être totalement honnête avec moi-même, je dois reconnaître que je penses à ça bien avant mon agression. 

Je me levai brusquement, agacée par mes propres pensées. Mon regard tombe sur mon téléphone que j'ai fini par poser sur la commode pour m'empêcher de penser. Ben avait envoyé trois messages ce matin. 

« On peut parler, s'il te plaît ? » 

« Juliette, je t'aime. Je suis prêt à me battre pour nous. » 

« Même si tu est attiré par lui. Je m'en accommoderais. »

Chaque mot était un coup de poignard dans mon âme. Ben est un homme bien. Patient. Aimant. Mais, ça, je ne peux pas l'accepter. Il ne mérite pas cette ambiguïté que je trimballe comme une valise trop lourde. Mais comment pouvais-je lui répondre alors que chaque fibre de mon corps me criait de laisser Roméo  me faire découvrir tout ce qu'il veut?

Le King. Rien que ce surnom faisait naître un sourire coupable sur mes lèvres. Lui, si brusque a pris soin de ma grand-mère sans rien demander en échange. Il m'a défendu au point de finir à l'hôpital. Il a d'énormes cicatrices émotionnelles, j'en suis certaine mais cela n'empêche pas tout mon être de vibrer quand il s'agit de lui. Oui, je suis du genre coincée, mais n'est-ce pas moi, qui dans cette salle l'a laissé me faire ses choses déplacées ? Je me souviens de son souffle chaud contre ma peau, de la manière dont il avait murmuré mon nom comme une promesse interdite. C'est fou. Totalement insensé.

Et pourtant, ce moment était le plus réel que j'avais ressenti depuis des années. 

Je prends une grande inspiration et attrapes mon téléphone, tapotant nerveusement l'écran. Devais-je répondre à Ben ? Devais-je répondre à Roméo ? Mon pouce hésite sur le contact de ce dernier. Une énième douche froide ne suffirait pas à calmer cet ouragan intérieur.

Roméo n'est pas un héroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant