Histoire en Terre du Milieu

Le sorcier blanc

Matt le reconnu aussitôt, et son cœur rata un battement. Devant lui, dans sa grande robe blanche nimbée de lumière, se tenait le chef des Istari, Saroumane.

Son bâton noir comme l'ébène, surmonté d'une orbe blanche d'une incroyable puissance, pulsait sa lumière sur tout le chemin, illuminant les pierres, les statues, et les longues pousses d'arbres qui les entourait. Il s'approcha lentement des deux personnages, les plantes semblaient lentement se propager sous ses pas, suivant la lumière qu'il propageait.

Il finit par arriver à eux, et leur demanda, d'une voix chaleureuse mais qui sonnait comme un reproche :

-Que faites-vous sur les terres des Ents ? Savez-vous qu'il n'est pas prudent de s'aventurer dans cette forêt sans guide.

-Nous sommes des marchands des terres côtières, et nous nous dirigeons vers la Comté. Nous y allons pour vendre des herbes à fumer provenant de Lorien, mentit aussitôt Aragorn. Il ne voulait probablement pas que se sorcier se doute de quelque chose, ce que Matt approuvait silencieusement, compte tenu

-Vous vous êtes fortement éloignés de la route, heureusement que je passais par-là, car les lieux ne sont pas sûr. Et les Ents ne sont pas le seul danger qui hante ses bois. De nombreuses troupes orques s'aventurent dans la forêt.

Il s'arrêta subitement, son regard fixait les cadavres derrière eux et le sang noir qui recouvrait le lieu du combat.

-Et je vois que vous en avez affronté, vous devez être un bon combattant pour avoir triomphé, car les orques se déplacent souvent par groupes assez nombreux.

-Je me débrouille, puis il demanda poliment, pressé de mettre fin à la conversation : Quelle est la direction de la ville la plus proche ? Nous sommes déjà en retard de plusieurs jours, et je ne veux pas perdre davantage de temps.

Mais Saroumane ne lui portait plus la moindre attention, il fixait maintenant Matt, comme s'il venait de remarquer sa présence. Ses mystérieux yeux noirs scrutaient son visage, comme s'il lisait son esprit.

Ce qui n'était d'ailleurs pas si stupide que ça, personne ne connaissait l'étendue de ses pouvoirs. Des rumeurs en faisaient vent, mais personne ne connaissait vraiment la vérité.

La seule chose que l'on savait à son égard, c'était qu'il était chef des Istari. Chargé de s'occuper de tout ce qui concernait les forces du mal, et principalement de Sauron et ses anneaux.

Matt savait qu'il allait passer du côté de Sauron, c'est pour cela qu'il référait garder ses distances. Surtout qu'il savait qu'il n'était pas de taille face au sorcier. Puis le silence qui s'était installé vola en éclats quand Saroumane lui demanda d'une voix toute aussi amicale, et Matt se raidit de plus belle :

-Qui es-tu ? Je sens en toi quelque chose de différent, que je n'avais jamais ressenti encore. D'où viens-tu donc ?

-Je viens du Gondor, bredouilla Matt, qui ne s'attendait pas à cette question. Peut-être que l'Istari avait senti qu'il venait d'ailleurs qu'en Terre du Milieu, et il voulait éviter à tout prix d'attirer l'attention sur ses origines. Il ne savait que dire, et Aragorn lui sauva la mise :

-C'est mon apprenti, Matt. Il vient de Minas Tirith et débute dans le métier. Je lui apprends les ficelles du métier.

L'Istari leva les yeux vers Aragorn, et après quelques instants de réflexion, il leur indiqua le chemin :

-Continuez sur cette route elfique, elle devrait vous mener en quelques jours à la lisière de la forêt. Continuez vers le nord et vous arriverez aux abords de la Comté dans quelques semaines si vous ne traînez pas. Mais faites attention, même un combattant aussi doué que vous peut succomber face à d'innombrables ennemis, et ils pullulent en Terre du Milieu ces derniers temps.

Sur ces derniers mots, il se retourna rapidement, sa cape volant sur son passage, et retourna se placer entre les deux statues. Il fixa une dernière fois Matt, les yeux pleins de suspicion, et après un rapide flash aussi lumineux que le précédent, il disparut.

Aragorn soupira de soulagement, et s'assied au bord du sentier. Il semblait réfléchir, puis d'un brusque mouvement de menton, s'adressa à Matt :

-J'ignore d'où tu viens, ni ce que tu fais ici, et je ne te poserai pas de questions. Mais il en sera de même pour toi, bien que je te soupçonne d'en savoir bien plus que tu ne le fais paraître. Nous allons nous diriger vers la Comté. Nous ferons une halte à Tharbad puis nous nous arrêterons à Bree. Je dois rencontrer un vieil ami, et nous ne devons pas le faire attendre. Il regarda Matt quelques instants, avant de rajouter :

Et pendant le voyage, j'essayerai de t'apprendre à manier l'épée, c'est un talent qui peut s'avérer utile par cette époque troublée.

Je pense que nous avons tous les deux besoins de repos, nous continuerons demain à l'aube en direction du nord, comme nous l'a conseillé le sorcier. Repose-toi bien, la zone est sensée être sûre, ou en tout cas, elle l'est maintenant.

Après avoir déplacé le camp sur le chemin elfique, Aragorn alluma un petit feu avant de s'éloigner un peu. Matt se contenta de fixer les flammes illuminer le chemin, enroulé dans la couverture qu'Aragorn lui avait donné.

Il repensait à ce qui s'était déroulé dans la journée, et n'arrêtait pas de revoir l'orque qui avait failli le tuer. Il avait déjà vu le sang couler dans des films, mais c'était autre chose que de le voir jaillir d'être-vivants.

Il ne sentait pas à l'aise avec ces visions, et il repensa à sa vie réelle. Cette expérience qu'il avait trouvée passionnante et palpitante commençait à lui faire peur. Il repensait à sa famille, qu'il ne reverrait jamais, à sa vie, les cours et les parties de jeux de stratégie.

Les larmes se mirent à monter, et couler de ses yeux, tombant sur le sol dallé où serpentait des racines. Il voulait que cela finisse, mais ne savait pas comment faire pour regagner la vraie vie. Il finit par s'arrêter, vaincu par la fatigue, avant de s'allonger et de s'endormir, éreinté par cette journée éprouvante.

La lune était haute dans le ciel, et Saroumane fixait le camp qu'il apercevait, lumineux au milieu de cette sombre forêt. Son bâton émettait une faible lueur, qui éclairait avec peine son visage. Il ne s'était pas éloigné d'eux, résolu d'en apprendre plus.

Il repensait à ce garçon étrange, et à cet homme. Il lui faisait penser à quelqu'un, mais aucun nom ne venait dans son esprit. L'Istari prit la résolution de surveiller ces deux marchants qui n'en avait pas l'allure, il trouverait la raison de leur présence dans ces lieux.

La lumière de son bâton s'éteignit lentement, permettant de distinguer pendant un faible instant un sourire sombre sur son visage.