This is the beginning.

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En primaire, alors que j'étais toujours en Angleterre, j'avais tiré les cheveux de ma voisine de classe. Juste pour faire la petite brute, prouver aux autres gamins que le plus fort, c'était moi. Comprenez-bien, c'est comme dans la guerre des boutons. Le patron a le 'plus gros zizi'. C'était des conneries, et on jamais été baisser le pantalon des copains pour vérifier. Ca aurait paru légèrement louche et inapproprié. Alors on compensait par l'acte. C'était une bêtise, une broutille. Une ânerie enfantine. Marie Patch, qu'elle s'appelait, la gamine. La pauvre avait pas grand chose pour elle à l'époque. On avait entendu ses râles de protestation, son ras-le-bol d'être victimisée aux profits de jeux de garçon totalement stupides. La Prof avait jeté son dévolu sur moi, et la sentence avait été terrible. Ma mère m'avait collé la rouste la plus magistrale de toute ma vie. Et pour simple explication, elle m'avait dit :

" Dis-toi que ce qui t'attends sera mille fois pire, si tu manques de respect à une femme à l'avenirs. Elles te le rendront toujours au centuple. Mon garçon. Maintenant mange ta soupe. "

Est-ce que j'ai retenu la leçon tout de suite ? Non. Attendez, vous croyez que j'étais un ange ? J'ai assuré dès le départ que ce n'était pas le cas. Je suis un abruti, vous étiez prévenu. Des conneries, j'en avais fait d'autres. Des tonnes. Briser des cœurs, je l'ai fait bien souvent durant mon adolescence. L'âge ingrat, l'âge stupide. L'ère du gros con. Mais ma mère avait raison: Les femmes vous le rendent toujours au centuple. Aujourd'hui, Marie Batch est devenue Maria Zinger, femme d'un PDG et Directrice dans une boutique de Marketing. L'appareil dentaire à sauté, autant que la coupe frisette. Elle est maintenant une grande fausse blonde plantureuse refaite de partout qui doit son succès à son très cher et très vieil époux. Soit triplement plus riche qu'Antoine et moi réunis. Vous vouliez une morale ? Oubliez ça, il n'y a pas de véritable morale. La vie est ce qu'elle est. Les choses suivent leurs propres sens, et bien souvent, elles le font avec absurdité. Et dans le domaine je m'y connais. Je suis dans la chambre d'une femme croisée quelques jours plus tôt, en serviette, elle en T-Shirt. A la suite d'une soirée visiblement alcoolisée.

Et elle me demande simplement si j'ai ' Vu ses chips ?'

« - ... Tu pourrais répéter ? Je fais en grinçant les dents, toujours en tenant ma serviette.

Elle a déjà tourné les talons pour rejoindre la cuisine en buvant. Emma a l'air parfaitement calme et détendu. Elle sait forcément ce qui s'est passé.

- Hmm, j'ai faim et j'ai la flemme de me préparer maintenant. Répond la petite brindille en s'installant à la table, croissant ses jambes fines et attrapant un Journal qui n'était pas là plus tôt. Elle m'a entendu sous la douche. Elle a eu le temps de se préparer mentalement. J'en suis certain. En attendant, je suis gêné. Je fais demi-tour, allant chercher mes affaires froissées pour revenir dans le pièce. Ma chemise est foutue, mais ma chambre n'est pas loin.

- Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

Mais madame prend un malin plaisir à me faire lambiner. Sirotant sa tasse de – je le sens à l'odeur – Thé vert.

- Allô, y a quelqu'un ? Je lance d'un ton agacé en rejoignant l'autre place à la table, soudain très réveillé. Dis moi qu'on a pas .... Je commence d'un air inquiet.

J'ai arrêté ce genres de conneries, découvrir que j'aurai pu recommencer juste sous l'effet de l'alcool me donne envie de vomir. Non pas qu'elle soit repoussante, loin de là, mais c'est loin d'être dans mes principes. On s'appelle pas tous Antoine. D'ailleurs, où il est ce con ? Je porte les mains à mes poches, fouillant à la recherche de mon porte-feuille et mon portable.

- Sont pas là. Fait seulement la Française qui me fixe.

- Où alors ? Je lance au tac au tac en arquant un sourcil, persuadé qu'elle détient plus de réponses que moi.

Minute de silence. Lourd ... Pesant ... Moite.

- ... J'en sais rien, avoue-t-elle finalement en soupirant, posant tasse et journal. Papier qu'elle éloigne avec prudence tout en m'observant.

Je note aussitôt le geste qui se veut décontracté, mais en l'observant attentivement, je vois le léger tremblement de ses mains.

- Pour quelqu'un qui déteste les journalistes, tu te tiens drôlement bien informée au saut du lit. Qui plus est avec une gueule de bois, j'ajoute en scrutant ses pupilles dilatées. Qu'est-ce que c'est ?

- Rien ! Beugle la brune bien trop vite en se levant d'un bond pour se jeter sur le journal, ouvrir la fenêtre et l'expulser par cette dernière.

J'ai à peine eu le temps de me ruer sur elle pour tenter de la retenir, que sa tasse de Thé brûlant me tombe sur le torse. L'enchaînement et catastrophique.

- MAIS T'ES MALADE ! Hurle Emma en posant sa tasse pour aller chercher une serviette, alors que tout Paris doit m'entendre beugler comme un dingue par la fenêtre ouverte. Ca fait un mal de chien. Mais ce foutu journal est ma nouvelle obsession. Je n'attends même pas Emma.

Je sors de la chambre en trombe, me foutant bien de l'image de dégénéré que je dois donner. Sauter de la fenêtre m'est bien venu à l'idée, mais m'étaler sur le goudron du troisième étage après l'épisode des côtes cassées ne me réjouis pas tellement. Je m'excuse, me faufile entre des petits vieux et pique un sprint vers les couloirs. Aucun journal en vue, tout le monde a déjà récupéré le siens. Je jure entre mes dents, respirant un grand coup avant de foncer vers la sortie. Bien entendu, Ca ne correspond pas. La chambre d'Emma est derrière.

- SHIT ! Je jure dans ma langue natale, avant de voir une Emma essoufflée, vêtue toujours du même T-Shirt, d'un Jean étroit de baskets blanches.

- Pierce, t'y penses même pas ! Qu'elle s'insurge en me pointant du doigt. Reviens ici, tu vas te brûler espèce d'abruti !

- Je m'en fous, tu m'rattraperas pas ! Je proteste en tournant les talons, courant comme un malade pour contourner la rue.

C'est pathétique. Le spectacle est navrant, mais j'étais sincère. Je m'en fous. Je connais le pouvoir d'une nouvelle à grande échelle, et quelque chose me dit que celle-ci va faire mal. Si cette fille est assez folle pour jeter le papier par la fenêtre, c'est qu'un truc énorme s'est passé hier soir. Derrière le bâtiment, plusieurs feuilles volent encore pour s'échouer sur le goudron. Et à mon grand soulagement, c'est une rue piétonne rarement bondée à une heure aussi matinale. Mais à l'autre bout, Emma me fixe. Plantée entre deux bâtiments, les yeux plissés. Elle veut la guerre, elle va l'avoir. Nos yeux se posent sur les feuilles à terre, et le gros titre est visible d'ici. Pile au milieu ... Je lorgne dessus, avant de regarder Emma. Elle a fait un pas en avant, moi aussi. Un autre, je l'imite.

- Peter, sois raisonnable ! Qu'elle tente à nouveau, ses petits poings serrés le long de ses hanches.

On a l'air de deux fous aux cheveux hirsutes et aux peaux trop pales. Les conséquences de l'alcool.

- Qu'est-ce que tu me caches, Emma ?!

- C'est juste un torchon ! Contourne la jeune femme sous les regards éberlués de quelques passants. C'est rien, c'est comme l'autre truc !

... Quoi ?

- L'autre truc ? Quel autre truc ?

La brune pince les lèvres aussitôt, réalisant une probable boulette. J'en profite pour me jeter sur la feuille, imité par une naine furibonde qui s'abat sur mon épaule en tentant d'arracher les feuilles de mes mains. Je me fais griffer et je crois même qu'elle vient de me mordre le cou. Ca va vous paraître dingue, mais dans l'immense chaos de feuilles et de chairs emmêlées, j'ai trouvé le moyen de me rappeler des mots de mon ex à notre dernière rencontre. " Au fait, tu as lu la presse ce matin ?". Ma main a couper que ça a lien avec cet ' Autre torchon' dont Emma me parlait à l'instant. On a l'air de deux imbéciles se disputant un bout de pain, et c'est finalement couvert de griffures et la nuque douloureuse que je parviens à distinguer mon nom sur le papier.

PET- SRACH.
Ce n'est pas le bruit d'une déchirure cérébrale, mais bien d'ongles acérés ayant déchiré le papier en deux juste avant que j'ai le temps d'y lire quoi que ce soit.

- EMMA ! Je proteste alors que ses bras et ses jambes m'entourent, ses mains s'acharnant sur la feuille. Je vais finir par le lire ! J'suis journaliste et j'ai internet, idiote ! Je me lève aussitôt, la brune accrochée à mon dos. Mais lâche-moi !

- NON. Geint la tête de Pioche en s'accrochant, alors que je fonce vers le premier bar tabacs.

Quelque chose me bloque à l'entrée, les bras de la brune me serrant à la gorge. Ses petites jambes coincées derrière les chambranles de la porte. Les habitués du bistrot nous fixent avec surprise, tandis que nos deux voix résonnent dans un concert de grognements.

- T'as l'air d'une groupie décérébrée ! J'attaque, sachant parfaitement que je frappe au bon endroit. Celui d'un égo que j'ai rapidement su cerner à notre première 'rencontre'.

PAF, nouvelle morsure.

- AIE !

- Répète un peu ça Pierce ?! Grogne Emma alors que je parviens enfin à rentrer, la forçant à me lâcher. Elle est à bout de souffle, et j'en profite pour attraper le journal du jour sur une table. Mes yeux se précipitent sur les lignes sombres de l'article, mes mains moites de sueur tremblant avec force. Lentement, mes azures remontent jusqu'aux bordures du papier, croisant celle d'Emma. Cette fille était sûrement la plus grosse emmerde qui venait de me tomber dessus.

- ... Peter. » Qu'elle souffle, ses prunelles désolées m'observant avec angoisse. 

Et j'ignorais à quel point.

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Et voilà la suite ! Pardon pour l'attente, une fois encore. Comme vous allez le constater, à partir de maintenant commence réellement le début des emmerdes, à savoir pour qui ! 


Routes croisées. Vol.1 : ELLE ( 1er jet ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant