Chapitre 5

9.2K 560 8
                                    

e suis rentrée chez moi, jetant mon sac à terre. Je me laissai tomber lourdement sur le canapé. Une douleur sourde me transperça, comme un poids sur le cœur. Je versai une larme, mon esprit tourbillonnant dans une confusion de sentiments. C'était comme si on m'avait rejetée, comme si une partie de moi m'échappait. Cette douleur ne venait pas de moi, je le savais. Mais elle me dévastait quand même. Je serrai mon t-shirt autour de moi, sentant mon cœur se tordre. C'était comme s'il m'était arraché, déchiré sans pitié.

Je pleurais dans le noir, m'enfonçant dans un sommeil sans fin. Puis une chaleur douce m'envahit, semblable à celle de ma mère. Je la vis, si belle et lumineuse. Les larmes me montèrent aux yeux, et je courus vers elle. Mais le chemin semblait interminable, infini. Je l'appelais, tendant la main, mais chaque pas me paraissait plus lourd que le précédent. J'ai si mal.

Je me réveillai en sursaut, en sueur, le cœur battant fort. Le soleil s'était déjà levé. Je pris une douche, me changeai rapidement, et pris mon sac avant de partir pour l'école.

En arrivant à l'école, je me sentais épuisée. Je traversai la cour d'un pas traînant et vis Peter avec une autre fille. Il me jeta un regard furtif avant de partir avec elle. Mon cœur se serra. J'ignorai la douleur qui montait en moi et me dirigeai vers ma classe. La journée passa en un flou, sans que je croise Peter une seule fois. En rentrant, je n'avais pas à travailler car j'étais en congé. J'avais besoin de m'évader un peu, alors je pris un paquet de biscuits et partis au parc.

Je m'assis sur un banc et vis le chien. Je me penchai pour le caresser. Il était si maigre, il mourait de faim. Je lui donnais ce que j'avais dans mon sac. Il mangea rapidement, presque sans remercier, puis s'allongea à mes pieds. Je le caressai un moment, une étrange connexion se formant entre nous, une sensation de solitude partagée.

Après cette balade, je rentrai chez moi. Je me mis en short, il faisait une chaleur accablante. Je portais seulement un soutien-gorge sous mon t-shirt, me disant que personne ne viendrait me déranger. Je m'allongeai sur le lit, regardant un film d'action avec du pop-corn, me laissant emporter par l'adrénaline. C'était bête, mais je me sentais vivante. Puis, j'entendis le téléphone sonner. Je ne répondis pas.

Je montai à l'étage et me couchai. Je regardais ma main, en repensant à cette chaleur étrange que j'avais ressentie. Je souris malgré tout. J'avais envie de le revoir. Ce loup. Je m'endormis en pensant à lui.

Deux jours passèrent, sans que je voie Peter. Mon anniversaire approchait, et avec lui, ce sentiment croissant de solitude. Le lendemain, j'étais en cours, perdue dans mes pensées, quand je sentis à nouveau cette douleur au cœur. Elle était moins forte, mais présente. Et il faisait tellement chaud.

Je levai la main, et le professeur, d'un geste absent, me donna la permission d'aller à l'infirmerie. Je courus dans les couloirs, haletante, la chaleur m'étouffant. En ouvrant la porte de l'infirmerie, je tombai face à un homme. C'était l'infirmier.

"Monsieur, s'il vous plaît, aidez-moi."

Je tombai à genoux, l'air asphyxiée. Il m'aida à m'allonger sur un lit, prenant ma température et ma tension, qui augmentaient à une vitesse inquiétante. Il me tendit un verre d'eau, et je le bus à petites gorgées, épuisée.

"Je vais chercher quelque chose pour ça, reste ici," dit-il avant de partir.

Je me sentais suffoquer, je retirai mon haut, il faisait trop chaud. J'entendis des bruits dehors, mais je n'y prêtais pas attention, me concentrant sur la douleur qui ne cessait de grandir. Je fus à peine consciente de la porte qui s'ouvrit brusquement.

Peter entra, l'air inquiet. Il s'agenouilla près de moi, et je voulais lui crier dessus, mais la douleur me coupa la voix. Il prit doucement ma main.

"Ça va aller," murmura-t-il en me caressant les cheveux.

Ses mots me parvinrent à peine. Je m'endormis, apaisée. Quand je me réveillai, il n'y avait personne. Je remettai mon haut et décidai de rentrer chez moi. En tirant les rideaux, je vis Peter assis, regardant dehors. Il avait veillé sur moi. Je m'approchai doucement et posai une main sur son épaule. Il sursauta, se tournant vers moi.

"Tu as veillé sur moi ?," lui demandai-je d'une voix douce.

Il me prit dans ses bras sans un mot. Je rougis sous son étreinte. Qu'est-ce qui m'arrivait ? Je tirai doucement sur ses bras pour me libérer, mais je ne pouvais m'empêcher de ressentir un étrange sentiment de gratitude.

"J'ai besoin de rentrer," dis-je enfin, en prenant mon sac.

"Je t'accompagne," répondit-il en prenant son propre sac.

Nous marchâmes en silence jusqu'à chez moi. Il faisait nuit, et je regardai l'heure : 21h36. J'avais dormi tout cet après-midi. Lorsqu'on arriva, je tournai la clé dans la serrure et ouvris la porte.

"Bon, je te laisse," dit-il en souriant.

"Bonne nuit, et merci," répondis-je en souriant à mon tour.

Il partit, un sourire aux lèvres, et mon cœur se remplit d'une chaleur douce. Je sentais une joie inexplicable, une émotion que je n'avais pas ressentie depuis longtemps. Je me sentais bien, presque apaisée.

Je rentrai chez moi, pris un bain, et enfilai une robe blanche. Une chaleur douce remontait en moi, mais aussi un sentiment étrange, comme une urgence. Je me sentais poussée à partir, mais où ? Sans réfléchir, je quittai la maison et marchai. Suivant mon instinct, je traversai la ville, me dirigeant vers la forêt. Le vent soufflait, mon collier brillait sous la lumière de la lune.

Je m'arrêtai près de la mer, où la lune se reflétait dans l'eau. C'était comme un rêve. J'entendis des pas derrière moi, mais je ne me retournai pas. Je me sentais en paix. Puis je vis le loup. Il était là, devant moi. Je marchai vers la lune, la mer sous mes pieds. Je tendis ma main, le regard fixé sur la lueur argentée de l'horizon.

Lune BleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant