Chapitre 18

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Je me réveillai doucement, mes yeux s'ouvrant sur le visage endormi de Peter. Je le contemplai un instant, le calme sur ses traits contrastant avec l'intensité que nous avions vécue. Un sourire se dessina sur mes lèvres. Je me levai avec précaution pour ne pas le réveiller. Il émit un petit grognement mais resta profondément endormi. Je me dirigeai vers la salle de bain, préparant un bain chaud où je m'enfonçai avec un soupir de soulagement. La chaleur de l'eau apaisait mes muscles fatigués, et je laissai mes pensées dériver.

Après quelques minutes, je sortis de l'eau, enroulée dans une serviette, et me regardai dans le miroir. Mon regard se perdit dans mes propres yeux, un mélange de tristesse et de détermination. Je ne voulais pas blesser ceux que j'aimais... mais pouvais-je vraiment les protéger de moi-même?

Puis, une voix familière résonna dans ma tête.

Alors, laisse-les. Retourne à ta solitude, là où tu ne feras de mal à personne...

Je soupirai, sentant l'ombre de cette voix s'insinuer à nouveau. Elle ne m'apportait que des idées sombres, nourrissant mes doutes. Je vis mon reflet sourire d'un air sinistre. Je fronçai les sourcils et secouai la tête. Il fallait que je reste concentrée.

Je sortis de la salle de bain, m'habillai d'une robe blanche et mis mes bottes. Peter dormait toujours profondément. Silencieuse, je quittai la chambre pour aller me promener dans le jardin. Là, je laissai mes pouvoirs s'exprimer. Les fleurs, fanées par le froid de la nuit, renaquirent sous l'effet de ma magie. Elles s'épanouirent avec éclat, leur beauté illuminant le jardin. Je m'allongeai sur un banc, les yeux rivés vers le ciel, mes pensées errant avec les nuages.

Le temps passa sans que je le remarque. Il était presque midi, mais la faim ne me venait pas. Mes pensées restaient fixées sur mes pouvoirs, sur ce que je devais apprendre à contrôler. Me redressant, je levai les bras vers le ciel.

— Allez, maintenant, au travail !

Je me dirigeai vers un coin du jardin, isolé, où je pouvais m'entraîner en toute tranquillité. Mon collier de la Lune Bleue brilla alors que je me concentrai, sentant le vent s'enrouler autour de moi. Mais à chaque tentative, quelque chose bloquait mes pouvoirs. Une force que je ne parvenais pas à maîtriser me rejetait en arrière. Le choc m'envoyait au sol, épuisée. Je transpirais abondamment, frustrée. Le temps filait et bientôt, la nuit commençait à tomber. Essoufflée, je fis un dernier essai... encore un échec. Je criai de rage, tombant à genoux, à bout de forces.

— Pourquoi je n'y arrive pas ! hurlai-je, désespérée.

Je m'allongeai sur l'herbe froide, mon regard perdu dans les étoiles. Une chaleur douce m'envahit soudain, et lorsque je fermai les yeux, je vis ma mère.

— Maman... ? murmurais-je, surprise.

— Luna... Trouve la paix en toi, chuchota-t-elle avant de disparaître.

J'ouvris les yeux, soudainement troublée. Était-ce un rêve ? Je me relevai et tentai de m'entraîner à nouveau, mais mes pouvoirs continuaient de me résister. Garder la paix en moi ? Mais que signifiait cette paix ? Je ne comprenais pas... pourtant, je me croyais calme. Fatiguée, je m'assis, laissant la nuit m'envelopper.

C'est alors que je sentis une présence derrière moi. Je me retournai et vis Peter, se tenant dans l'obscurité, me regardant avec tendresse.

— Salut, dis-je en souriant, avant de l'embrasser.

— Salut, je ne t'ai pas vue de la journée...

— Je m'entraînais, répondis-je en haussant les épaules, un sourire fatigué sur les lèvres.

Peter sourit à son tour et me tendit la main. Je la pris et nous rentrâmes ensemble. À l'intérieur, nous rejoignîmes Mike et Kevin pour dîner, avant de tous nous retirer pour la nuit.

Le sommeil me trouva rapidement, mais cette fois, je fis un rêve étrange. Je courais à travers un paysage flou, poursuivie par une version de moi-même, souriante, presque malveillante. Je la fuyais, et dans ma course, je croisai à nouveau ma mère. Elle me regardait avec douceur, me répétant de chercher la paix en moi.

Lorsque je me réveillai, j'étais dehors, au-delà de la propriété de Peter. Comment étais-je arrivée là ? Je jetai un coup d'œil à l'entrée, fermée. Mon cœur battait à tout rompre. Devais-je vraiment écouter ma mère et partir ? Mes doigts se resserrèrent sur le collier autour de mon cou. Pourquoi ? Pourquoi devrais-je fuir ? Pourtant, je me retrouvai à courir, mes pieds nus martelant le sol mouillé sous la pluie battante. Mon haut et mon short étaient trempés, et le froid me glaçait jusqu'aux os.

Je continuai de courir jusqu'à une cabane abandonnée. J'y trouvai refuge, mais à l'intérieur, le froid était tout aussi mordant. Mes efforts pour me réchauffer restèrent vains. À travers la petite fenêtre, je regardais l'aube se lever. Il fallait que je reparte avant que quelqu'un ne me retrouve. Alors, je courus de nouveau, le cœur lourd, la pluie me cinglant le visage.

La voix revint.

Ils vont te tuer. Tu n'es qu'une sorcière, après tout.

Les paroles sombres de cette voix résonnaient en moi. Elle avait peut-être raison. Peut-être que je ne pourrais jamais contrôler cette part de moi-même. Mes pensées se perdaient alors que j'entendais des hurlements de loup au loin. La panique me submergea et je me remis à courir de toutes mes forces, entendant des pas derrière moi. Mais je fus bientôt acculée à une falaise.

Je m'arrêtai net, mon cœur battant la chamade alors que les vagues s'écrasaient violemment contre les rochers en contrebas. Je me retournai pour faire face au loup brun qui venait de me rattraper. Peter apparut, reprenant sa forme humaine. Son regard était rempli de douceur, mais aussi de tristesse.

— Luna, calme-toi, dit-il en tendant la main vers moi.

— Peter, j'ai peur... Je suis perdue...

— Peur de qui ? demanda-t-il doucement.

Il ment. La voix se fit à nouveau entendre.

— De vous ! criai-je, reculant vers le bord.

— Luna ! Attention... ! appela Peter, sa voix alarmée.

— Ne t'approche pas ! criai-je, la peur me dévorant.

Il s'arrêta, levant les mains en signe de paix, mais je tremblais de tout mon corps.

— Je ne veux pas te faire de mal... sanglotai-je en reculant encore.

Soudain, je sentis le vide sous mes pieds. Peter hurla mon nom alors que je chutais, tendant la main vers lui. Mais il était trop tard. Le vent sifflait autour de moi alors que je tombais dans le néant. Un étrange sourire se dessina sur mes lèvres.

Enfin, je serais libre.

Puis, tout devint noir.

Lune BleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant