Lune Bleue

Chapitre 12

Je regardais Peter qui tremblait légèrement. Dès qu'il aperçut mes yeux, il serra les dents. Il m'attira contre lui. Je savais qu'il serait toujours là pour moi. Je souris tristement. Il se détacha de moi et écrivit quelque chose dans son carnet.

Quand je repense que je n'entends plus rien...

Change-toi, je vais te mettre des gouttes pour tes oreilles, et tu te reposeras.

J'acquiesçai sans un mot. Il sortit de la pièce, et je m'habillai en enfilant un short mauve et un haut bleu. En sortant, je le vis regarder dehors. Il me lança un regard accompagné d'un sourire. Je m'allongeai sur le lit, et il s'approcha doucement. Sa chaleur m'envahit, brisant le froid qui s'était installé dans la pièce. Il posa ses mains sur mes oreilles, versant un liquide glacé. Un frisson parcourut mon corps. Lorsqu'il eut terminé, je m'endormis instantanément.

Je me réveillai en voyant Peter. Son visage angélique était paisible. Je souris, puis me levai pour prendre un bain chaud. En sortant, je portais une jupe grise et un débardeur qui découvrait mon ventre. J'enfilai mes bottes et attachai mes cheveux. En me regardant dans le miroir, une lourdeur envahit mon cœur. Mais je ne me laisserais pas faire. Je sortis et vis Peter réveillé. Il était assis sur le bord du lit, l'air préoccupé. Je m'approchai et m'assis à ses côtés.

Ça ne va pas ? demandai-je en lui frottant doucement le dos.

Il secoua la tête. Je serrai le poing, puis le pris dans mes bras. Je sentais sa douleur, une douleur que je ne pouvais ignorer. Je caressai ses cheveux soyeux, tentant de lui apporter un peu de réconfort. Il écrivit sur un papier.

J'ai fait un cauchemar, mais je pense que c'était plus une vision...

Je fronçai les sourcils, serrant Peter encore plus fort contre moi.

Qu'est-ce qui s'est passé ? demandai-je, en m'attendant au pire.

Il prit une grande inspiration avant de répondre :

Tu allais me tuer, et tu étais devenue une sorcière avec des yeux écarlates.

Je savais que cela finirait par arriver. Mais je ne permettrai pas que cela se produise, jamais. Je relevai son visage et posai mon front contre le sien. Il fut surpris.

Il ne t'arrivera rien, je te le promets, dis-je en souriant.

Il sourit à son tour.

C'est moi qui devrais te dire ça.

Je rigolai doucement. Nous partîmes après que Peter se soit habillé. Nous nous mîmes en route. Je regardais les arbres défiler par la fenêtre, perdu dans mes pensées. Ce soir, c'est la Lune Rouge. Il ne fallait pas tarder. Je sombrai dans le silence, le trajet s'étirant lentement. La nuit était tombée lorsque nous arrivâmes à destination. Mais il nous fallait encore marcher. Je sortis de la voiture, et Peter et moi pénétrâmes dans la forêt. Nous marchâmes pendant un moment avant d'arriver sur un terrain plat. Les arbres se balançaient au gré du vent. Je continuai à marcher, mais Peter m'arrêta. Il semblait sur ses gardes.

Te voilà...

La voix résonnait dans ma tête. Je levai les yeux et vis une sorcière, vêtue d'une robe noire et rouge, les yeux écarlates fixés sur moi. Je fronçai les sourcils, agacée.

Et bien... La dernière des Sorcières Lunaires avec un loup, c'est surprenant...

Je serrai les dents.

Tu sembles si seule et fragile...

La ferme ! criai-je.

Elle éclata de rire, bien que je n'entendais pas son rire. Je serrai les poings. Elle continua, d'un ton moqueur.

Si fragile... Rejoins-moi.

Elle tendit la main vers moi.

Je ne t'abandonnerai pas !

Je pleurai en me tenant les oreilles.

Viens...

Un choc me traversa. Je ne pouvais plus respirer. Je tombai à genoux. Peter, paniqué, cherchait un moyen de me sauver. J'essayai d'ouvrir la bouche pour respirer, mais aucun son ne sortit. Je sentis mon cœur changer. Un cri de désespoir s'échappa de mes lèvres, et une onde de pouvoir secoua l'air, projetant Peter loin de moi. Je me levai, essoufflée, une force nouvelle envahissant mon corps. Je pouvais entendre des sons, tout autour de moi. Je vis Peter m'appeler, mais je souris, un sourire sauvage.

Je me sens mieux, dis-je en regardant mes mains. Je suis libre !

Je riais, folle de joie.

La sorcière sourit.

Bien ! Mon enfant, tue cet homme, ordonna-t-elle en désignant Peter.

Elle m'avait donné un ordre ! Mais je n'étais pas son enfant. J'étais libre, maintenant, libre de tout ! Je riais encore plus fort. La sorcière semblait surprise.

Qu'est-ce qui te fait rire ? demanda-t-elle, irritée.

Je ne suis pas ton enfant, criai-je en faisant apparaître autour de moi une magie écarlate. Je n'ai pas d'ordre à recevoir de toi !

Elle fronça les sourcils et fit un geste. Une bulle d'eau mêlée de sang m'enferma. Peter courut vers moi, mais je ne bougeais pas, immobile, comme en apesanteur. Je ne respirais pas. La sorcière souriait, et une arme d'énergie blanche transperça mon corps. La douleur m'envahit. Je baissai la tête, le sang se mélangeant à l'eau autour de moi. La sorcière rigolait. Je sentais mon propre sang m'entourer. La douleur était intense, mais ma magie bouillonnait en moi. L'eau disparut, et je tombai au sol. Peter me rattrapa dans ses bras.

Tiens bon, ma belle, dit-il en caressant ma joue.

Je souris faiblement. La sorcière éclata de rire.

Comme c'est pathétique, un loup de pacotille qui tient à toi, dit-elle, un sourire cruel sur les lèvres.

La ferme ! cria Peter.

La femme perdit son sourire, et son regard devint plus menaçant.

Comment oses-tu ? hurla-t-elle.

Elle tendit la main vers Peter, qui se souleva dans les airs, étranglé par sa magie. Je devais l'aider. Je regardai ma blessure encore ouverte, une vague de terreur m'envahissant.