Chapitre 4 : Surprise!

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Tomas repose le collier de perle dans la boîte.

-C'est sans doute pour toi, tu te sens prête à rencontrer quelqu'un? Me demande-t-il, les doigts entrecroisés devant son torse.

-Je n'étais pas prête à l'hôpital, je ne le suis pas plus maintenant, je réponds un peu paniqué, les mains en défense devant moi.

Je ne me sens pas prête à rencontrer quelqu'un qui m'était proche et d'être forcée de lui avouer que je ne me souviens pas de lui, ou elle, va savoir. Même les souvenirs concernant Tomas, ne se bousculent pas tellement dans ma tête pour refaire surface. Ni ce visiteur, ni moi ne serions à l'aise avec ce fait. Je ne me rappelle de rien. Et même si je dois souffrir dans mon coin de n'avoir aucun stimuli nerveux me permettant de récupérer quelques morceaux de ma mémoire, je préfère vivre seule, avec Tomas, dans ce néant cérébrale, plutôt que de faire souffrir ces personnes que je suis sensé reconnaitre. Ils ne le méritent pas! Je ne les connais pas, mais je suis convaincu qu'ils ne le méritent pas.

Je reste donc plantée là, au centre de ma chambre, à regarder Tomas s'éloigner, puis entamer la descente de l'escalier et à espérer que cette personne, attendant de l'autre côté de la porte d'entrée, n'insiste pas auprès de mon frère pour me rejoindre. Ensuite, je referme la porte de ma chambre, colle mon dos sur sa surface peinte d'un orangé, disons... original, et me laisse glisser jusqu'à atteindre un planché en bois vernis et dépose la boîte sur sa tablette. Je tourne finalement la tête et plaque mon oreille à quelques centimètres sous la poignée afin de pouvoir écouter.

« -Tiens, salut Eli!

-Salut, je viens voir Sorah. Elle est revenue de l'hôpital?

-Oui, mais... »

Tomas n'a pas pu finir sa phrase que des pas se laissent déjà entendre dans l'escalier. En entendant ce son, prise d'une panique soudaine, je m'éloigne de la porte en me poussant à l'aide de mes pieds, me glissant les fesses sur le planché, frappant la porte du bout des pieds au passage. Puis, une seconde série de pas, plus rapides et lourds, gravissent les marches à grande vitesse, et, plus personne ne bouge.

« -Attends, Eli, Sorah ne veut voir personne, pas encore!

-Mais je ne suis pas n'importe qui, laisse moi passer Tomas!

-Je suis désolé, ça vaut pour tout le monde.

-Il y a un truc qui cloche. Qu'est-ce que tu ne me dis pas? C'est à propos d'elle? Je suis sa meilleure amie, parle moi!

-Je n'ai rien à te dire de plus, je suis désolé. Tu devrais repartir.

-Oui, mais...

-S'il-te-plait! »

Je n'entends pas sa réaction, mais je remarque bien le son de ses pas dévalé les escaliers avec une déception qui me fait mal au cœur. À ce moment précis, j'aimerais disparaître. Je regrette d'avoir oublié. Je regrette de lui faire subir ça. C'est horrible de ma part et je le sais. Malheureusement, je ne peux pas faire les choses autrement. Au fond, je comprends sa détresse. Ta meilleure amie est portée disparue pendant deux semaines et à son retour, alors que tu t'étais inquiétée mortellement, on t'interdit de la voir. De la prendre dans tes bras. J'ignore pourquoi Tomas n'a rien dit à Élizabeth à propos de mon amnésie, mais peut-être est-ce mieux ainsi. Cela aurait sans doute été, pour elle, comme une seconde perte.

Je vois la poignée tourner devant moi et Tomas apparait dans l'embrasure. Une sensation étrange me prend alors. Je regarde mon frère observer lui-même la pièce d'un air confus.

-Tomas, que fais-tu?

Il sursaute, me faisant faire de même.

-Sorah, pourquoi t'es tu caché?

-Je ne suis pas cachée, je suis assise par terre juste devant toi, je dis en me levant d'un bon, m'appuyant sur le sol avec ma main pour m'aider.

Je scrute son visage à la recherche d'un quelconque signe de plaisanterie. Je ne vois rien, tout comme Tomas, qui ne semble vraiment pas me voir. Il tourne enfin la tête vers moi, mais son regard me transperce, comme s'il voyait à travers mon corps. La peur s'empare de mon être et instinctivement, je pose mes mains sur ses joues dans le but éventuel de le secouer et lui faire voir ma présence. Il redirige son regard vers le mien d'un coup sec et ses yeux me semblent tellement effrayés que je me détache de lui aussitôt.

-Comment as-tu fait ça? Me demande-t-il.

-Fait quoi? Je réponds, encore sous le choc.

-Il y a trois secondes tu n'étais pas là, et d'un seul coup, tu es apparue, comme ça, de nulle part.

Les yeux paniqués de Tomas me font angoisser dangereusement. Je ne sais pas. Comment est-ce même possible? À l'hôpital, je me suis réveillée avec une force accrue incontrôlable, et maintenant, je disparais? Que m'arrive-t-il? Avais-je ces dons avant ma disparition? Si non, comment me sont-ils venus? Qu'ai-je bien pu subir dans l'entrepôt pour les faire apparaître. En fait, je ne comprends plus rien. En plus d'être amnésique pour une raison mystérieuse, maintenant je serais dotée de pouvoir? Cela n'a aucun sens logique, mais ce qui est sûr, c'est que maintenant je ne tiens pas à ce que toute la ville sache ce fait. Il vaut peut-être mieux jouer la carte de la transparence et pour cela, je devrais reprendre une vie normale et retourner à l'école. Je ne dis pas que ce sera facile, mais me mélanger aux autres me fera peut-être oublier et faire passer sous le tapis mon amnésie et ma monstruosité acquise. Être une fille aussi normale que possible.

-Peut-être vaudrait mieux ne raconter cet incident à personne, déclare-t-il comme s'il avait lu dans mes pensées.


Des souvenirs meurtriersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant