Chapitre 5 : L'école, une épreuve de contenance!

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Je sors de mon lit, qui est cent fois plus confortable que celui de l'hôpital, le visage encore fatigué. Je vois flou, car mes paupières, collées comme de l'adhésif, sont à demi-closent. Dans un étirement grossier et un bâillement qui manque de me décrocher la mâchoire, je me dirige paresseusement vers le placard en bois de chêne ciré dont les moulures semblent être sculptées au petit ciseau tellement les détails se montrent précis. Je ne me croyais pas aussi raffinée. Lorsque je l'ouvre, je découvre un tout autre monde que je ne m'imaginais pas. Il y a énormément de... jaune et de fleur. Apparemment, dans mon passé, j'étais très, disons... ensoleillée. Un peu trop sans doute! Je n'ai pas l'intention de toucher ne serait-ce que le bout d'un ongle à ces couleurs. J'opte plutôt pour un jean bleu marin, que je trouve dans l'un des tiroirs au bas de l'armoire, ainsi qu'un t-shirt rouge-cendré à une seule bretelle. Peut-être le seul truc potable de cette garde-robe.

À regarder autour de moi, par la décoration, j'ai un peu l'impression de ne pas être véritablement à ma place. S'il s'agit de ma chambre et de ma maison, même si je ne me souviens de rien de ma vie d'avant, je devrais pourtant me sentir chez moi, en sécurité dans mon espace. Au lieu de cela, j'ai l'impression d'occuper la demeure de quelqu'un d'autre, d'occuper ses draps, ses vêtements, tel un parasite.

Je m'observe, mal-à-l'aise, dans la glace, et me donne du courage. Il y a trois jours que j'ai décidé de reprendre ce qui est supposé être ma place dans le collège de la ville. Aujourd'hui, c'est le jour –j- de mon grand retour parmi les gens normaux qui vont sans doute me poser des questions auxquelles je ne pourrai malheureusement pas répondre.

Je fini par descendre rejoindre Tomas dans la cuisine.

-Salut! Je dis alors.

-Assieds-toi, j'ai préparé des omelettes, répond-t-il.

-Pourquoi dis-tu ça ce n'est pas très gentil, d'ailleurs ils sont où?

Il se retourne vers moi un peu surpris. Ça l'étonne que je ne sache pas de quoi il est en train de me parler?

-Non! Non, ricane-t-il, des omelettes, c'est des œufs brouillés avec du fromage, de la viande, des légumes. Les miens sont les meilleurs. Tiens, goûte!

Il dépose une assiette blanche rempli d'une substance jaunâtre ainsi qu'un verre d'un liquide blanc opaque qui me semble suspect.

-À ça, qu'est-ce que c'est? Je dis en le pointant du doigt.

-Du lait de vache, excellent pour les os, répond-t-il fièrement.

Mes yeux se mettent à briller!

-Et pour la mémoire?

-Ça, je n'en sais rien, malheureusement!

Je me rebiffe et prend une boucher des omelettes. Mes yeux se mettent de nouveaux à briller, devant le regard rieur de mon frère. Ce truc est un pur délice, toutes les couleurs et les saveurs qui ce mélange pour en faire un résultat qui titille les papilles. J'appuie mon dos contre le dossier de ma chaise, aux anges.

-Ça a l'air de te plaire!

Pour toute réponse, je me mets à grogner joyeusement, puis prend une seconde bouchée aussi délicieuse que la précédente. Ensuite, j'aperçois Tomas, les sourcils haussés, en train de rire d'un éclat réconfortant qui me fait faire un sourire plus qu'étrange, j'ai l'impression.

...

-Je tiens à te rappeler que je n'aime pas ton idée de retourner à l'école. Je croyais qu'on était d'accord sur le fait qu'il valait mieux que tu fasses profil bas, le temps que tu retrouve ta mémoire et tes marques.

Des souvenirs meurtriersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant