Chapitre 17: Mensonge!

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Cela fait une semaine que je me morfonds dans la chambre qu'ils m'ont donnés. Je suis couché sur le lit et je ne sais pas quoi faire de mon corps. J'aimerais rentrer chez moi, revoir Tomas, Élizabeth, mes grands-parents, ma famille au grand complet, revoir l'école et mes professeurs, reprendre ma vie telle que je l'avais laissé avant l'accident. Je sais que je pourrais repartir, mais voilà, une semaine s'est écoulé et je ne peux pas me résoudre à m'en aller, c'est bizarre, je sais qu'il n'y plus rien à savoir ici, je croyais pouvoir trouver des réponses sur le mystère de l'accident en entrant dans cet entrepôt. J'y ai découvert Eden, ma dimension natale. Dimension natale! Quels étranges mots à dire. Presque irréels. J'ai vu les miroirs de mes souvenirs et je n'ai rien appris de plus. Ce monde ne peut rien m'apporter d'autre. Malgré tout, j'ai la vague impression, qu'il a encore des choses à me montrer.

Cette nuit, la lune est pleine, une lune surnaturel, digne des pires films fantastiques d'horreur. Et je m'assoupis, lentement, mes yeux ne résisteront plus bien longtemps au sommeil. J'ai envie de pleurer, cette histoire est tellement énorme, mon abandon, cet ombre, mes parents, Eden, cela ne peut être que vrai. Par contre, je ne sais toujours pas ce qui m'est arrivé pendant ces deux semaines de disparition.

...

J'entends un bruit, il me fait peur, il est partout et il n'est nulle part. On dirait des grosses caisses de batterie, les coups sont réguliers, je n'entends rien d'autre. Je m'avance, passe le cadre de porte qui débouche à mon dressing. Je passe mon point sur mes yeux pour les décoller. Je ne suis pas chez moi, je suis à Eden, à Alpha. Pourquoi est-ce que je rêve d'Alpha. On dit que les rêves sont les reflets du passé.

Au centre de la pièce, il y a une fille, aussi grande que moi, ses cheveux sont noirs, comme l'ébène. Elle porte une grande robe, une chemise de nuit, de la même couleur que sa chevelure. Je dépose ma main sur son épaule et elle se retourne. Elle me ressemble comme deux gouttes d'eau. Mêmes yeux, mêmes pommettes, mon portrait, ou mon visage dans un miroir.

-Sorah, me dit-elle.

-Qui es-tu? Réponds-je.

-Je suis Malyka, ta sœur, tu m'as oublié?

-Je ne t'ai pas oublié, je ne t'ai jamais rencontré!

-Ça te plais de te mentir? Lance-t-elle.

-Qu'est-ce que tu veux dire?

Soudain, son expression de reproches se change en grimace de douleur. Les yeux ronds, la tête vers le plafond et le dos cambré, elle laisse échapper une larme avant de s'écrouler comme une enclume. Catastrophée, je mets mes mains devant ma bouche béate et m'écarte. Le corps tombant de ma sœur révèle une personne dans un long manteau à capuche blanche. Cette dernière recouvrant l'entièreté de son visage je ne peux pas discerner l'identité de cet individu, mais ses habits sont recouverts de sang et dans sa main, il y a un... un cœur. Un cœur ensanglanté, mais brillant dans la noirceur de la pièce. Je baisse les yeux sur le corps inerte de Malyka et un énorme trou trône en plein milieu de son dos. Je me mets alors à pleurer, encore des morts autour de moi, je ne sais pas ce qui se passe en ce moment, mais il y a toujours des morts ou des blessés autour de moi. Puis, j'entends une voix caverneuse, toute proche.

-Tu me déçois, Sorah! Dit-elle.

-Vous êtes... l'Omb... l'Ombre?

-Tu te crois sans doute courageuse, tu crois sans doute que tu peux tout faire, parce que tu as des pouvoirs puissants. Tu as peur de ce que tu es, alors que tu dois embrasser la personne que tu es. Au lieu de ça, tu passes ton temps à fuir, à nier ce qui est en train de te passer sous le nez. Tu ne vois donc rien? Tu n'es pas courageuse, ce n'est pas du courage, c'est une illusion, tu es pathétique. Ta peur de toi-même est une faiblesse et tu vas mourir!

Des souvenirs meurtriersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant