Chapitre 11: Le carnet!

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La lumière du soleil vient s'immiscer dans la cache par l'entremise du carreau de fenêtre défoncé et balaye la surface de ma peau en même temps que le vent qui vient m'attaquer de sa douce et légère brise. Mes yeux ne sont pas tout à fait réveillés et j'ai du mal à les ouvrir correctement. J'ose espérer que tout ce qui s'est passé dernièrement, n'était qu'un vulgaire rêve. Mon regard s'habitue tranquillement à l'aveuglante lumière et je constate que le plafond ne ressemble en rien à celui de l'hôpital ni à celui de ma chambre. Il est d'un gris, sale, craquelé et j'en ai que très peu confiance, car il n'est pas réconfortant du tout. Alors tout est vrai, l'accident, l'hôpital, ma force incontrôlable, ma vitesse, mon invisibilité, la mort de Luc et celle de mes parents, la blessure de ma meilleure amie et le rejet que j'ai fait vivre à mon frère. Ma fuite est réel aussi, j'ai conscience que je suis partie pour protéger du mieux que j'ai pu tous ces gens, que j'ai fait cela pour limiter les dégâts le plus possible, et arrêter de faire du mal, mais je me sens vide, tellement vide. Je n'ai que très peu de souvenirs en mémoire et ça me pèse plus que jamais.

J'aimerais retourner en arrière, empêcher tous ces drames de ce produire, mais c'est impossible. Je les ai abandonné et j'espère qu'ils ne me pardonneront pas, comme ça, ce sera plus facile d'accepter ma conduite. J'ai blessé tant de gens en n'ayant plus de souvenirs, ceci ayant créé des pulsions que je ne comprends pas encore.

Je me retourne vers la gauche et aperçois le dos de quelqu'un. Bien sûr, Axel est réel également, et la preuve que tout ça n'est pas qu'un grotesque cauchemar. Je m'assois de peine et de misère sur le sol dure même recouvert de la demie d'une couverture qui gratte. Il faut que je sorte, mais je ne veux pas faire de bruit, donc la discrétion est de mise. Instinctivement, je regarde les paumes de mes mains qui commencent à disparaître de l'intérieur vers l'extérieur et cette fois, je ne tente pas de freiner l'effet de ma pensée. Lorsque je ne vois plus aucune parcelle de peaux ni de tissu sur moi, je rejette la couverture du côté gauche de mon corps, replis mes jambe et presse mes bras sur le plancher froid pour m'aider à me dresser sur mes pieds et sort de la cache à pas de chat. Lorsque je franchis le cadre de l'entrée, j'entends Axel bouger et, paniquée de ne pas vouloir le réveiller, j'accélère la cadence.

Une demi-seconde plus tard, mes pieds se trempent dans l'eau d'un ruisseau. J'ai encore beaucoup de difficulté à comprendre comment j'arrive à faire tout cela. Selon les souvenirs, en fait, le peu de souvenirs que j'ai récupéré, je n'ai jamais eu aucune capacité de la sorte. Ils viennent de nulle part et je n'arrive toujours pas à les contrôler. La preuve est faite, je n'y arriverai sans doute jamais.

J'écoute le bruit de l'eau, les vagues poussés contre mes jambes, le son est apaisant. Je prends une grande respiration et ferme les yeux pour profiter de cette sensation de calme et de sérénité, ce moment de bonheur après toutes ses émotions depuis les derniers jours. En une seule journée, je tue un garçon, me fait menacer par son frère, apprend la mort de mes parents, retrouve mes souvenirs sur ma meilleure amie, blesse cette meilleure amie par non-attention, me fait tirer dessus par un homme en costume qui dit s'appeler la police, je fais voler mon frère dans les airs et m'enfuit en courant à une vitesse qui pourrait presque dépasser celle du son. Il y a de quoi devenir fou à mon avis.

Je n'ai pas vécu ne serait-ce qu'une journée normale depuis que je suis rentrée de l'hôpital il y a quelques mois. Je savais que je n'aurais pas dû sortir aussi vite, c'était trop tôt, mon corps n'a pas supporté le changement. Je sais que je faisais de la peine aux gens que je suis sensé me rappeler, mais au moins, j'étais en sécurité de toutes ces surcharges émotives, au moins ils étaient en sécurité de moi. Je suis une menace pour ma famille et les amis que je semblais avoir, même si Thomas doit penser le contraire, mon départ était la meilleure solution pour tout le monde.

Des souvenirs meurtriersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant