Chapitre 9 : Qui es-tu?

15 4 0
                                    

Le garçon me fait un signe de tête pour me dire de me diriger vers la porte d'entrée située sur le côté gauche de la cabane. Soumise par son regard sévère et méfiant, je me dirige donc vers la porte en question qui n'est, d'ailleurs, même pas une porte. Comme si elle avait été arrachée, il n'en reste qu'un malheureux cadre en lambeau, une ouverture à l'air libre. Lorsque je me présente à lui une nouvelle fois, « impuissante », son arme est toujours pointée sur moi.

Il me dévisage! Je le fixe! Nous nous toisons mutuellement, mais il réussit à m'intimider, moi, bête sauvage que je suis, comme si j'étais cet animal inconnu qui le fait douter. À savoir si je suis assez dangereuse pour devoir me tuer, ou trop faible ne serait-ce que pour porter attention à moi.

-Qui es-tu? Lâche-t-il finalement d'une voix grave et méfiante.

-Je m'appelle... Tara! Dis-je à la hâte avec une pointe d'hésitation.

Je sais qu'il s'agit d'un honteux mensonge, mais comment réagira-t-il s'il venait à entendre mon nom et qu'il apprenne que je suis recherché par la police par la suite, car il est improbable que je ne le sois pas et certain que je le sois. Honnêtement, je ne sais pas quelle sera sa réaction, mais je préfère ne pas en prendre le risque. Je sais que je n'ai rien à craindre de lui, parce que je suis sans doute plus rapide maintenant que la bonne majorité des êtres vivants présents sur ce territoire et je suis certaine de pouvoir éviter sa balle aussi s'il lui passait par l'esprit de me tirer dessus. Mais même malgré cela, je n'ai pas envie que mon nom évoque crainte dans les têtes. Le mensonge est donc la meilleure solution dans ce cas. Peut-être ne dis-je pas seulement cela pour lui mais peut-être un peu aussi pour moi. En plus, j'ose espérer pouvoir rester, comme je n'ai évidemment nulle part ailleurs où être. En fait, je dis tout cela, mais j'ignore même s'il ne me chassera pas immédiatement de ce territoire. Il est préférable pour moi de ne pas m'avancer et me dévoiler sur le champ, en lui faisant confiance trop tôt.

-Je ne te ferai pas de mal. Ajoutai-je, tentant de paraître inoffensive.

Cela n'a pas l'effet escompté. Il éclate d'un rire expressif et reprend sa position défensive devant le cadre de fenêtre, l'œil droit presque collé sur la garde de sa longue arme... de chasse?

-Très drôle, rit-il toujours, plus doucement. Comme si tu pouvais me faire le moindre mal, alors que c'est moi qui tiens la carabine.

Il ne sait pas à quel point il aurait tort de douter à ce point de mes capacités, mais il est préférable que, justement, il n'en sache rien. Je considère que personne d'autre que moi, n'aie le droit de me voir comme étant un monstre. Lorsqu'un lien de confiance sera établi, si je réussi à en établir un, je pourrai éventuellement lui dire toute la vérité. Mon amnésie, mes parents, mes crimes, mes dons aussi peut-être.

-Moi, c'est Axel! Déclare-t-il, se forçant à arrêter de rire.

Toujours insultée d'avoir dû le laisser sous-entendre que j'étais faible, je remballe mon honneur et m'attarde plutôt sur l'intérieur de la cabane sur quoi je n'avais pas encore porté attention jusqu'à maintenant. D'ailleurs, à l'intérieur des cadres de fenêtre, toutes les vitres sont brisées, quitte à ce qu'il reste quelques morceaux de verre sur les bords. Les murs sont faits de bois vernis brunâtres à moitié entièrement décapées et vieillis d'une dizaine d'années. Alors qu'Axel est toujours concentré sur un point inconnu derrière le vide de la fenêtre, je redirige mon regard vers le coin de la petite pièce dans le fond à droite. Il y a un matelas simple à raz le sol, deux ou trois couvertures et un oreiller jauni délabré. Il ne s'y trouve rien d'autre à part quelques vêtements, des emballages de nourriture, ainsi qu'une boite en bois et un petit couteau ressemblant à celui que j'ai gardé depuis l'épisode avec Sam, le grand frère de Luc, le garçon à qui j'ai eu le malheur de causer la mort.

Des souvenirs meurtriersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant