Chapitre 39

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En sortant des toilettes, je cherche du regard les infirmiers qui m'ont mis dehors sans aucune pitié. Là! Ils poussent le lit de Kian à une vitesse hallucinante. Je cours derrière eux pour tenter d'apercevoir son visage. En vain. Ils passent les portes de l'ascenseur à toute allure et me claquent une nouvelle fois la porte au nez. Je reste immobile.
Reprends toi Maggie. Il va s'en sortir. Il n'est pas Kian Lawley pour rien! Il va s'en sortir, ce n'était qu'une chute dans des escaliers, rien de très grave. Il va s'en sortir si tu y crois. Il va s'en sortir.
Je me ressaisie et marche, tête baissée pour dissimuler mes larmes qui menacent de couler, pour m'asseoir dans la salle d'attente.
Aliya: Maggie!
Elle attrape mes bras et me serre contre elle.
Aliya: Tout va bien se passer, ne t'inquiète pas.
Je redresse la tête vers la salle où tous ses proches sont là. En passant par les garçons, d'autres personnes que je connais vaguement, jusqu'à de totales inconnus, qui sont tous là pour Kian. Il y a une bonne quarantaine de personnes qui s'entassent dans la petite pièce.
Je marche, Aliya à mes côtés qui me tient par les épaules et m'assieds contre un mur. Je prends une grande respiration et sèche mes larmes. Après quelques minutes de silence. Je sors mon cahier de mathématiques de mon sac et le place sur mes genoux. Aliya reste près de moi quelques temps, et en s'apercevant que je ne serai pas bavarde, s'en va vers d'autres filles de notre âge.

J'enchaîne équations par équations. J'ai fini mon devoir depuis des lustres, mais je continue. Je continue de tourner les pages de mon cahier et de résoudre des équations à quarante-cinq inconnues qui devraient me paraître barbantes. Des tas de gens sont venus pour essayer de me parler. Même Nash qui a débarqué dans l'hôpital en courant. Rien.
Hayes: Elle ne dit plus rien. C'est comme si elle était en transe. À part pour ses devoirs, elle ne vit plus.
Il parle à son frère devant moi, en oubliant carrément que je suis à leurs pieds. Ils paraissent inquiets. Rien à foutre. Ils doivent comprendre que je me prépare à un éventuel deuil, ces pauvres crétins! Comment ne peuvent ils pas comprendre?
Jc a l'air de faire de même. Il s'est assis à mes côtés il y a peu de temps pour faire comme moi. Enfin, si on peut dire ça. Lui, sa seule et unique occupation en ce moment, c'est de compter le nombre de perles que contient son bracelet. Je ne sais pas si c'est comparable aux mathématiques, mais il fait comme moi en tout cas. Il n'y a aucun doute que nos façons de se ressaisir pour ne plus déprimer sont toutes deux aussi absurdes l'une que l'autre, mais bon.
Au bout de quelques heures, il va falloir que j'admette qu'il faut que je stoppe les calculs. Tout d'abord parce que mon cahier est presque rempli et aussi parce que je dois me rendre à l'évidence que c'est inutile.
Je me lève. Jc, lui reste assis à compter tandis que je marche jusqu'à l'ascenseur. Je descends chacun des étages et me retrouve au rez-de-chaussée. Je sors du bâtiment et prends une grande inspiration. C'est atroce de rester à l'intérieur d'un hôpital à snifer pendant des heures l'odeur du désinfectant pour les mains et des produits ménagers.
Je me pose sur un banc et oublie. J'essaie du moins. Comment? Aucune idée, mais je tente d'évacuer tant bien que mal le stresse.
Quelqu'un s'assoit à mes côtés, mais je ne fais pas attention à son visage.
Nash: Tout ira bien.
Ce n'est pas lui qui va m'aider. Je n'ai pas besoin de tous ses mots de réconfort que tout le monde lâche quand il ne sait quoi dire. C'est déprimant et ce devrait être interdit. Ce devrait être interdit tellement ce genre de consolation est minable et inutile car, cela a-t'il déjà éloigné la tristesse de quelqu'un? J'en doute. Encore moins si tout ne se passe pas bien.
Moi: Peux-tu partir?
Il se tourne vers moi étrangement, sans doute vexé. Il s'approche et prend mon menton entre ses doigts pour tenter de déposer un baiser sur mes lèvres, mais je le repousse.
Moi: Ça ne va pas m'aider.
Nash: Ce n'est pas sensé t'aider.
Il approche de nouveau mon visage du sien et dépose un chaste baiser sur ma bouche.
C'est à ce moment qu'Annie débarque devant nous. Que vient elle faire ici?
Annie: Je... Euh.. Aliya m'a appelé pour me prévenir de ce qui était arrivé et...
Mon regard la fixe puis dévie sur la voiture stationnée en arrière d'elle. J'aperçois le visage du conducteur. Harry.
Bizarrement, je n'éprouve pas de la colère, ni de la jalousie. Plutôt de la trahison.
Moi: Il est au septième étage, chambre sept cent cinquante-deux . Je ne pense pas qu'on puisse déjà lui rendre visite.
Je dis avant de me tourner vers Nash et de l'embrasser très rapidement à nouveau sous les yeux de Annie et bien sûr de Harry, avant de retourner à l'intérieur de l'hôpital.
Je ne voulais pas provoquer de la jalousie. Non, juste prévenir Harry que c'était bel et bien fini désormais. Je me sentais encore coupable jusqu'à maintenant. Mais lui n'a pas attendu une seconde pour m'oublier, alors je ferai de même. Étant donné que Nash et moi sommes assez proche, ça ne risque pas d'être trop compliqué.
Et ça y est, j'ai l'impression de me servir de Nash. Mais c'est faux. Évidemment, maintenant je suis en colère contre Harry.
Oublie tout ça! Ils ne sont pas ta plus grande préoccupation aujourd'hui. Ni demain, et certainement pas jusqu'à ce que Kian se rétablisse.
Je marche dans les couloirs je ne sais pour aller où. Sûrement pas à l'étage sept en tout cas. J'entends quelqu'un courir derrière moi. J'avance plus vite pour le semer et me rends finalement compte qu'il s'agissait d'un inconnu qui courrait avec un bouquet de fleurs en main vers une femme à l'air fatigué, mais comblé appuyée dans l'encadrement d'une porte. Il l'embrasse et referme la porte de la chambre derrière eux.
Je m'approche d'un panneau. Nous sommes à l'étage quatre. La maternité. Il fallait s'en douter.
Une main m'agrippe l'épaule. Je me tourne vers Annie qui me fait un demi-sourire triste. Je la fixe jusqu'à ce qu'elle dise quelque chose.
Annie: Je comprends pourquoi tu n'es pas venue chez moi tout à l'heure. Je suis désolée aussi de t'avoir demandé de venir sur papier et pas en face, je n'ai eu aucun courage, c'est vrai. J'avais peur que tu me repousses encore une fois comme je l'ai fait une centaine de fois avec toi. Je voulais tout t'expliquer. Mais vu que je n'ai pas pu, je vais le faire maintenant. Ne m'interromps pas, ou ne t'en vas pas, écoute moi juste s'il te plait. Quand j'ai rencontré Harry, je pensais qu'il n'était qu'un crétin arrogant. Pas du tout en réalité. Alors, quand j'ai appris que tu avais embrassé deux garçons sans même lui en avoir parlé, j'étais en colère contre toi car il ne méritait pas ça. Tu avais raison, je n'aurais certainement pas dû me mêler de tes affaires. Voilà où ça nous a mené et ce n'est pas les meilleurs souvenirs que j'ai eu avec toi. Enfin bref, je l'ai prévenu parce qu'il devait savoir et je pensais que tu lui cacherais et là, je me suis rendue compte que ce n'était pas normal que je me sente si impliquée dans cette histoire. Je me suis rendue compte que j'étais la pire amie du monde parce que je pense avoir éprouvé des sentiments pour lui. J'étais vraiment mal et quand il s'est renfermé, j'ai malgré tout essayé de le consoler et là... J'ai agi réellement comme une salope car on s'est embrassés. Mais je regrette tellement et je suis vraiment désolée. Je savais pas que... Enfin, si je savais, mais...
Moi: Tu peux désormais comprendre ce que je ressentais après avoir embrassé deux personnes dans la même soirée sans avoir pu réagir de façon sensée sur le coup, or que je ne voulais aucun mal à Harry.
Elle hoche la tête.
Annie: Tu m'en veux, j'imagine?
Je secoue le menton. Non.
Moi: Je me suis rendue compte qu'il n'était pas fait pour moi. Je n'aurais sans doute embrassé personne sinon. Mais je pense que je m'en moque. Que tu l'aies embrassé ou non parce que, je n'éprouve aucune jalousie. Peut être de la trahison parce qu'il est vrai que le code des meilleures amies interdit ce genre de situation. Mais... J'ai tellement de choses qui peuvent me chambouler en ce moment. Harry est le dernier de mes problèmes et tu peux te marier avec si tu le souhaites. Tu l'as bien vu, je pense aimé beaucoup plus Nash que lui, je n'aurais pas pu retenter ma chance avec Harry de toute façon. Ça restera bizarre, mais tant pis. Et le fait que tu m'aies ignorée, il est vrai, m'a fort énervé, mais ce qui est fait est fait et ou je te pardonne, ou je t'en veux toute ma vie. Je préfère sincèrement te pardonner, même si ça fait un happy end certainement nul et cucul, parce que je ne veux pas éprouver de regrets par la suite.
Elle sourit timidement.
Moi: Câlin?
Annie: Tu disais pas que le nunuche, c'était nul?
Je ris et la prends dans mes bras.
Elle à raison. C'est trop nul! Mais à quoi bon lui en vouloir?
La seule chose que je ne comprends pas, c'est pourquoi je ne lui en veux pas? Ni à elle, ni à Harry. Ne l'aimais-je pas? Je n'arrive même plus à savoir ce que je ressens pour quelqu'un. Peu importe. Du moment que j'arrive à retrouver ma meilleure amie et que Harry est passé à autre chose, c'est le principal.

***

Cela fait trois jours que l'accident à eu lieu. Je ne vais même plus en cours et ne vis presque plus à la maison, mais principalement dans le fauteuil de la chambre de Kian. Sa famille est arrivée hier. Elle passe la majorité de son temps à l'hôpital, tout comme moi et Jc et quelques autres personnes.
Les infirmiers sont positifs. Ils disent qu'il sait désormais respirer sans l'aide d'aucune machine et que s'il ne rechute pas, il devrait ressortir très vite de son coma qui n'est que de bas niveau. C'est tout ce que je demande, qu'il sorte du coma. Mais il a décidé de prendre son temps, ce con!
Je vais beaucoup mieux depuis que les médecins ont affirmé qu'il s'en sortirait probablement bien. Il y a toujours une chance que non, mais elle est tellement minime.
L'avantage, c'est que presque tout c'est arrangé quand il est arrivé à l'hôpital. Plus de dispute avec Annie, je pense qu'elle va bientôt sortir avec Harry. Elle se sent encore coupable, mais j'essaie en vain de lui faire comprendre qu'elle est pardonnée. Kian va s'en sortir. Jc à arrêté de compter les perles de ses bracelets. La vie et belle! Pour une fois que je n'utilise pas cette phrase sarcastiquement.
Moi: Kian? T'as pas envie de bouger ton cul et de te réveiller? Parce que franchement, j'en ai marre de t'attendre dans ce fauteuil. Je ne dis pas que je ne l'aime pas, c'est juste que j'ai plus d'affinité avec mon lit.
Je ne m'attends à aucune réponse évidemment, mais ça me réconforte de savoir que même si je parle dans le vide, il est là et finira pas me répondre un jour ou l'autre. Bien que j'ai l'air vraiment conne de parler à un type qui dort.
On toque à la porte.
Moi: Entrez!
Nash ouvre la porte.
Nash: Tu parles seule?
Je lui souris.
Nash: Kian est réveillé?!
Je fais une grimace.
Moi: Ta première supposition était correcte, désolée.
Il sourit et vient prendre place à mes côtés.
Moi: Il doit se faire chier à dormir depuis des jours.
Nash: Je ne pense pas qu'il soit conscient.
Moi: Qui sait? Peut être.
Je me lève et m'approche de son lit pour lui chuchoter quelque chose à l'oreille.
Moi: Si tu m'entends, sache que j'ai envie que tu grouilles ton petit cul de pédé parce que je suis désolée qu'on en soit arrivés là et que j'aimerais que tu réagisses à mes excuses. Et que tu me manques aussi.
Je dépose un baiser sur son front et retourne m'asseoir près de Nash.
Nash: Et moi?
Moi: Quoi, toi?
Il met sa bouche en cul de poule et s'avance vers moi. Je prends le premier bouclier en vue et dépose un magazine devant ma tête pour l'empêcher de m'embrasser.
Nash: Ce magazine est tellement plus sexy que toi de toute façon.
Il continue de l'embrasser en exagérant sans doute de trop ce qui me fait sourire.
Oui, j'ai bien souri! Je sais de nouveau le faire. Un miracle, non?

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